Publié en 1986, "Cet extrême amour" est le second roman de l'écrivain français Régis Jauffret, notamment auteur de "Microfictions", "Lacrimosa", "Sévère" et récemment de "Claustria".
Une jeune éditrice rencontre par hasard sur un plateau télé Loïc, un homme divorcé et père de 2 enfants. Entre eux, le coup de foudre est immédiat et bien qu'elle ne s'amourache pas facilement d'ordinaire, elle emménage rapidement chez Loïc, abandonne son travail et s'éloigne de ses amis et de sa famille pour se consacrer entièrement à lui.
Bien sûr, elle trouve le temps long en attendant son homme, il y a les petites jalousies mais cette relation exclusive semble finalement leur convenir à tous les deux.
Rien ne saurait les séparer si ce n'est peut-être un drame...
" J'ai vu ton corps massacré glisser dans le cercueil." C'est sur cette charmante première phrase que s'ouvre ce court roman dédié à une relation aussi intense que brève puisque le lecteur sait dès le départ que celle-ci ne durera que 40 mois.
Narratrice de sa propre histoire, une femme revient sur sa rencontre et son quotidien avec Loïc, cet homme qu'elle aime au point d'en oublier sa propre vie.
" Je ne vivais plus que pour Loïc. J'avais besoin de le voir partir chaque matin, en retard. J'avais besoin de l'imaginer quand il n'était pas là. Le soir, je comptais les minutes qui me séparaient encore de lui, j'écoutais l'ascenseur, je scrutais le palier par l'oeilleton jusqu'à ce qu'il apparaisse enfin." p.22
Ce seul passage suffit à résumer le contenu de ses journées. Pas grand chose en somme à part flâner, dormir, pester sur la présence de la femme de ménage, s'occuper comme elle peut en guettant le retour de Loïc, imaginer ce qu'il fait à toute heure du jour et comment se profilera leur soirée.
Je ne ressens pas le besoin particulier de devoir absolument m'identifier à un personnage pour pouvoir apprécier ma lecture mais dans ce cas-ci, j'ai vraiment eu beaucoup de mal avec cette femme, son oisiveté, cette faculté qu'elle a à réduire le sens de sa vie à son amour "pathologique" pour un homme.
Je ne comprends pas comment il est possible de se contenter de ça, de ne pas vouloir vivre un peu pour soi, d'être heureuse uniquement à travers et grâce à l'autre.
Et je ne comprends pas non plus comment l'autre peut supporter cette dépendance malsaine, se savoir attendu et épié devant la porte.
Mais du point de vue de Loïc, on ne saura rien. Le récit est ainsi fait : elle aime pour deux, elle raconte pour deux, revivant en accéléré leur histoire qu'elle décrit tout en la sachant condamnée.
C'est à peine si j'ai eu le temps de voir défiler ces 100 pages tant le style épuré et le rythme soutenu de la narration m'ont menée vers la fin en un éclair.
"Les histoires d'amour finissent mal en général" comme le chantaient les Rita Mitsuko et ce refrain est apparemment d'autant plus vrai s'agissant des romans torturés de Régis Jauffret.
Je ne suis pas certaine d'avoir commencé par le bon roman pour découvrir cet auteur car, à part de l'agacement vis-à-vis de la narratrice, je n'ai pas eu le temps de ressentir grand chose d'autre.
Bon et bien je vais m'abstenir :)
RépondreSupprimerJe dois aller à la biblio aujourd'hui...soupirs de joie!
RépondreSupprimerLa narratrice m'aurait agacée aussi. Ne rien faire!Elle bouquinait, j'espère (elle n'avait même pas le ménage à faire!). Elle ne sortait jamais?
RépondreSupprimerBien, je sens aussi que cette narratrice, bien éloignée de moi, aura du mal à me convaincre et que j'aurais encore plus de mal à la comprendre.
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