30 janvier 2010

La Confusion des sentiments - Stefan Zweig


"La Confusion des sentiments" est une nouvelle rédigée par l'écrivain autrichien Stefan Zweig et parue en 1927.
Roland, le narrateur, est un professeur en fin de carrière auquel ses élèves ont décidé de rendre hommage. Constatant que le récit de sa vie demeure incomplet, il choisit d'ajouter la pièce manquante du puzzle. Une pièce majeure en ce qu'elle nous dévoile les origines de son amour pour la littérature ainsi que pour celui qui en fut l'instigateur...

A peine remise de ma déception passée, j'entamais cette nouvelle, écrite par un auteur que j'aime de plus en plus.
Bien qu'ayant eu un peu de mal à apprivoiser ce style très ampoulé en comparaison au langage djeuns de "L'attrape-coeurs", je suis rapidement retombée sous le charme de la plume de Zweig.
Même si j'ai moins accroché à l'histoire de "La Confusion des sentiments" qu'à celle du "Joueur d'échecs" ou de "Lettre d'une inconnue", j'ai trouvé que celle-ci était de loin la mieux écrite des trois.

Roland revient sur sa jeunesse, sur la façon dont il est "tombé dans la littérature", sur cette rencontre fatidique avec un homme certes âgé mais dont le visage se trouvait empreint d'une nouvelle jeunesse dès lors qu'il passait le seuil d'un auditoire pour y dispenser son cours aux étudiants.

" Etant elle-même beauté, la jeunesse n'a pas besoin de sérénité : dans l'excès de ses forces vives, elle aspire au tragique, et dans sa naïveté, elle se laisse volontiers vampiriser par la mélancolie. De là vient aussi que la jeunesse est éternellement prête pour le danger et qu'elle tend, en esprit, une main fraternelle à chaque souffrance.
C'était la première fois de ma vie que je rencontrais le visage de quelqu'un qui souffrait véritablement." p.55

Roland a 19 ans à l'époque. Alors même qu'il se trouve à un carrefour de sa vie, il se conduit encore tel un adolescent en proie à la fougue et à l'incertitude.
Instantanément, la rencontre avec le professeur lui fait l'effet d'une révélation, au point que son comportement en vienne à changer du tout au tout. Il semble devenir raisonnable, se surprend même à donner dans l'excès de zèle, se fascine de plus en plus pour le pédagogue...et pour l'homme, au point de s'installer chez lui et son épouse, une femme beaucoup plus jeune que son mari et qui envers le jeune homme manifeste des signes de jalousie comme de compassion.

Thème cher à Zweig, la passion se veut encore ici le moteur du récit. Illustrée par les échecs dans "Le Joueur d'échecs" ou par l'obsession d'une femme dans " Lettre d'une inconnue", elle prend ici les traits du professeur, un homme énigmatique et d'humeur changeante.
Tout au long de mes études, une telle chose ne m'est jamais arrivée, ou du moins, pas de la façon dont elle est décrite dans cette nouvelle.
Il m'est bien arrivé de temps à autre de me sentir conquise par les propos et l'enthousiasme d'un enseignant mais les choses s'arrêtaient là.
Voilà sans doute la raison pour laquelle je me suis davantage attachée à l'obsédante fascination du narrateur qu'à son objet.
Durant quelques heures, j'ai partagé la confusion de Roland jusqu'aux tressaillements de son corps, ressenti son attente, captivée par cette passion si vive qui souffre de la pesante ambiguïté des 3 personnages.
" Subitement ce fut comme une explosion : de sanglots, de gémissements convulsifs et furieux ; je n'étais plus qu'une masse hagarde de désespoir, de douleur éperdue, d'où jaillissait un déluge de mots et de cris enchevêtrés ; je pleurais, ou plutôt ma bouche frémissante déchargeait toute la souffrance accumulée en moi et je la noyais dans des sanglots hystériques.
Mes points frappaient sur la table avec égarement et, comme un enfant irritable et hors de lui, la figure ruisselante de larmes, je laissais éclater avec rage ce qui, depuis des semaines, couvait en moi comme un orage." p.91

Je ne le dirai jamais assez ici mais j'éprouve une réelle admiration pour Zweig et sa façon si ingénieuse et sensiblement juste de décrire l'obsession dont est capable un être humain, dans ses manifestations spirituelles comme dans les dérèglements physiques qui en découlent.

"La Confusion des sentiments" était une lecture commune avec Calypso qui, je l'espère, aura apprécié cette lecture autant que moi.
Elle est aussi ma 6ème découverte pour le Challenge J'aime les classiques de Marie-L et ma première lecture pour le Challenge Europe Centrale et Orientale lancé par La plume et la page.









Quelques avis chez BOB!

Je profite de ce billet pour annoncer officiellement ma participation au (Baby) Zweig Challenge (qui, je le précise, ne consiste en rien à décrypter les premiers scraboutchas du défunt auteur...).
Ce challenge est organisé par Karine:) et Caro(line). Tous les détails en cliquant sur le logo ci-dessous.

28 janvier 2010

L'attrape-coeurs - J.D Salinger


EDIT de 20h14 : Mon dieu, je viens d'apprendre la mort de Salinger, décédé aujourd'hui même...
J'espère qu'il n'a inscrit nulle part "Le billet de Cynthia m'a tuer"...

"L'attrape-coeurs" est un roman de l'écrivain américain J.D Salinger publié en 1951.
Ce roman est rapidement devenu un best-seller aux USA et dans le reste du monde.
Malgré une vie de réclusion et le refus de voir son roman adapté au cinéma, Salinger continue à faire parler de lui.
Le personnage joué par Sean Connery dans "Finding Forrester" s'est largement inspiré de la vie de l'auteur.
Salinger fut l'objet d'un livre, "L'attrape-rêves", écrit par sa fille Mary Ann Salinger, laquelle dévoile des détails peu reluisants de la vie de son père (autant dire que papa n'a pas trop apprécié que sa fille révèle son goût pour sa propre urine...).
Un reportage lui a également été consacré et fut signé Frédéric Beigbeder, grand fan de l'écrivain ( et qui dans ce trailer m'a bien fait rire avec sa chemise rose et son accent frenchy ^^) :



Mais que raconte le livre?

Holden Caulfied est un ado paumé de 17 ans qui, après s'être fait renvoyer pour la quatrième fois du collège 3 jours avant Noël, choisit de passer quelques jours à New-York avant de rentrer à la maison.
Durant ces 3 jours, Holden vivote, se promène là où le vent le mène. Hôtels, bars, taxis, rebondissant d'un endroit à un autre, il rencontre une jeune prostituée, des touristes, des religieuses, des connaissances à qui il propose d'aller boire un verre ou d'entamer une discussion.
Quel enseignement le jeune homme tirera-t-il de son escapade?

" Si vous voulez vraiment que je vous dise, alors sûrement la première chose que vous allez demander c'est où je suis né, et à quoi ça a ressemblé, ma saloperie d'enfance, et ce que faisaient mes parents avant de m'avoir, et toutes ces conneries à la David Copperfield, mais j'ai pas envie de raconter ça et tout.
Primo, ce genre de trucs ça me rase et secundo mes parents ils auraient chacun une attaque, ou même deux chacun, si je me mettais à baratiner sur leur compte quelque chose d'un peu personnel." p.9

C'est sur ces premières paroles que le lecteur découvre Holden, un narrateur à la fois sensible, rêveur, pas bête mais qui ne sait absolument pas où il en est.
Holden erre dans New-York pendant 3 jours mais son parcours n'est pas vraiment celui d'"Un indien dans la ville" puisque le jeune homme connaît bien la ville et dispose d'une coquette somme pour alimenter son voyage.
Non Holden joue les touristes et... les grands princes. Il se rend dans les endroits qu'il connaît, accoste des gens au hasard et leur paie des verres sans raison (durant toute ma lecture j'ai oscillé entre le qualificatif de "gentil" et de "boulet").
Le jeune homme est plutôt maladroit pour ce qui est d'aborder les gens, les touchant la plupart du temps là où ça fait mal. C'est sans doute la raison pour laquelle je n'ai pas tellement perçu le côté "monde hostile et corrompu" dont se défend le résumé du roman.
Bien sûr, Holden rencontre des gens pas très recommandables comme l'un de ses anciens professeurs dont on ne sait au juste si il est pédophile ou non ou encore une prostituée de son âge qui l'arnaquera de 5 dollars. Mais on est bien loin du "Lolita" de Nabokov sorti 4 ans plus tard.
D'ailleurs Holden ne s'entend pas avec les gens de son âge non plus, ce qui excluait d'emblée de mon côté l'excuse de la "rencontre choc avec le monde adulte".
Holden est un rêveur ou disons plutôt qu'il a des lubies qui, une fois mises à mal par l'extérieur, le contrarient et le font critiquer tout et tout le monde.
" Si vous voulez savoir, je sais même pas pourquoi j'ai commencé à lui raconter tout ce bla-bla.
Je veux dire qu'on s'en irait dans le Massachusetts et le Vermont et tout.
Si elle avait voulu venir je l'aurais sans doute pas emmenée. C'est pas le genre de fille qu'on voudrait emmener. Le plus terrible c'est qu'au moment où je lui ai demandé j'en avais bien l'intention. Voilà le plus terrible. Bon Dieu, je vous jure, je suis complètement barjot." p.164

Durant tout le roman, je n'ai pas réussi à suivre ce personnage tant les digressions fusaient.
Cette avalanche d'anecdotes m'a rapidement agacée car, bien qu'elles en disent long sur la personnalité fourre-tout d'Holden, toutes n'avaient selon moi pas lieu d'être.
J'avais l'impression que ce personnage essayait de se donner une contenance comme pour convaincre les autres et le lecteur qu'il était déjà un adulte.
Or, il n'y a aucun doute possible, vu le vocabulaire utilisé (et que j'ai trouvé plutôt has-been), le lecteur est bien confronté aux humeurs d'un adolescent.
Attendez-vous à croiser à la fin d'une phrase sur deux des "et tout" ou des "ou quoi", des "bigophones", des "bicause", des "beautifoul" ou encore des "ce que je veux dire" (équivalent français du récurrent "you know what I mean" qui m'insupporte chez les Ricains).
J'ai lu plusieurs fois que ce roman se voulait initiatique. Je n'ai quant à moi rien perçu de cela.
A aucun moment Holden ne s'exprime sur les enseignements retirés de son voyage et, même en filigrane, je n'ai pas senti que cette expérience l'avait fait grandir.
Je ne parlerai même pas de cette fin ô combien décevante.
Rien à dire d'autre, je me suis ennuyée. Peut-être était-ce une lecture que j'aurais du découvrir à l'adolescence...Il est trop tard pour le savoir.

L'avis de Clara et d'autres avis chez BOB!

En plus d'être une lecture commune avec Clara, "L'attrape-coeurs" est le premier livre lu pour le Challenge Coups de coeur de la blogosphère organisé par Theoma. Il s'agissait du coup de coeur de Cjeanney et d'Anneso.
Il est également le quatrième roman lu dans le cadre du Challenge 100 ans de littérature américaine initié par Bouh et ma 5ème découverte pour le Challenge J'aime les classiques de Marie-L.



26 janvier 2010

Code-Barre - Mouloud Akkouche


"Code-Barre" est une nouvelle de l'écrivain français Mouloud Akkouche parue en septembre 2009 aux éditions Atelier in8.

Imaginez-vous au boulot. Une journée en apparence comme les autres. Vous passez à côté des écrans de surveillance d'un supermarché auxquels vous ne prêtez pas attention d'habitude.
Mais cette fois c'est différent. Vous y distinguez quelque chose de familier.
Ou plutôt quelqu'un. Un homme que vous avez connu il y a 22 ans. Votre premier amour qui s'en est allé sans laisser de mot.
Votre sang ne fait qu'un tour. Que faire? Les images défilent dans votre tête, les questions aussi.
Vous l'avez reconnu immédiatement et pourtant il semble changé.
Pendant ce temps, il fait ses courses, ne se doutant absolument pas que vous le regardez.
Plus rien ne compte plus en cet instant que l'envie de vous rendre au supermarché.

C'est en lisant ce genre de textes que je comprends mieux pourquoi j'apprécie autant le genre de la nouvelle.
La nouvelle est la littérature de l'instant. Elle permet d'aller à l'essentiel, de figer un seul moment en s'affranchissant d'une mise en contexte ou de longs détails quant aux personnages.
Elle est un exercice difficile tant elle se doit de raconter une histoire en peu de mots tout en réussissant le pari de ne pas frustrer le lecteur par un récit incomplet.
"Code-Barre" est un polaroïd. La photo d'un seul instant qui bouleversera le quotidien d'une femme. Les minutes s'écoulent à une vitesse folle. Le lecteur suit les interrogations et hésitations de cette femme et se demande jusqu'au bout comment l'histoire finira.
Une lecture éclair, très bien écrite et dont j'ai beaucoup aimé la construction divisée entre les deux personnages!

Une mise en bouche :

" Elle le fouille du regard. Comme elle, excellent produit des grandes écoles, il est devenu un bon petit soldat d'en haut. Comme elle, il écoute Mozart et les Beatles, a collé sa progéniture dans des boîtes privées, lit des hebdos et des romans conseillés par les mêmes hebdos, s'apitoie sur la misère du monde et des banlieues, pèse chaque mot avant de parler.
Comme elle, foutre trois mille personnes sur le carreau ne l'empêchera pas de dormir. Ni de se réveiller.
Et comme elle : se sent-il vide?
"Pas de temps à perdre, lâche-t-elle pour couper court à ses interrogations. C'est à vous."
S'appuyant sur des courbes et statistiques, il décline le projet de plan social. Une démonstration très brillante, imparable.
Mais elle ne l'écoute pas, son regard sans cesse aimanté par l'écran." p.18

Merci à Clara de m'avoir envoyé ce livre! Vous trouverez son avis ici ainsi que celui de Lili Galipette.
Clara m'a d'ailleurs fait parvenir deux exemplaires de cette nouvelle afin que celle-ci puisse voyager un maximum.
Laissez-vous tenter par ces 25 pages intriguantes, votre PAL n'en saura même rien!
Inscriptions en commentaire pour les intéressé(e) s :)

25 janvier 2010

Deux nouveaux challenges sur la blogosphère

Au cas où certain(e) s d'entre vous ne sauraient plus quoi ajouter à leur colonne "Challenges" (Ys et Choco si vous me lisez^^) ...
Voici deux défis ô combien audacieux et originaux puisqu'ils nous proposent de :

1) Découvrir et partager un premier roman : merci à Saphoo (cliquez sur le logo pour les détails)


2) Découvrir la littérature de l'Europe Centrale et Orientale : merci à La plume et la page (cliquez sur le logo pour les détails)


Inutile de dire que ma challengite aigüe n'a pas pu résister...

La Dame pâle - Alexandre Dumas


"La Dame pâle" est un conte fantastique écrit par Alexandre Dumas en 1849.
Ce conte nous plonge dans le récit mystérieux d'Hedwige, une Polonaise ayant fuit son château durant la guerre de 1825 opposant la Russie et la Pologne pour rejoindre les monts Carpathes, situés dans une région infestée de brigands.
Suite à une bataille, elle est recueillie par Grégoriska, héritier de la famille Brocovan, qui la conduit dans son château où vivent également sa mère Smérande et son demi-frère Kostaki.
Rapidement, les deux frères tomberont amoureux de la jeune femme. Le triangle amoureux ne prendra fin qu'une fois que le sang aura été versé...

Vous l'aurez sans doute remarqué, une vague vampirique s'est progressivement répandue dans les librairies et la blogosphère depuis quelques mois.
N'étant pas spécialement une fan de bit-litt, je ne rechigne toutefois pas à découvrir une petite histoire de vampires de temps en temps (preuve en est, j'ai quand même vu les 2 adaptations de "Twilight" ^^).
Bien qu' "Edward" sonne plus joliment à mon oreille que "Grégoriska", je dois reconnaître avoir passé un bon moment de lecture avec ce conte fantastique.
Les éléments attribués au genre du conte sont bien présents ( distinction entre le bien et le mal et personnages manichéens, princesse, château, histoire d'amour).
Même si le romantisme se dénote dès le début du récit, celui-ci se voit obscurci par les mystères entourant la famille Brancovan ainsi que par les événements tragiques qui toucheront à différents niveaux tous les personnages du conte.
Je ne suis pas encore motivée à découvrir "La reine Margot" ou "Les quatre mousquetaires" mais je dois reconnaître que Dumas a pour lui un indéniable talent de conteur, particulièrement illustré dans les descriptions des Carpathes, et a, en ce sens, réussi à me surprendre positivement avec ce récit!


" Nos monts Carpathes ne ressemblent point aux montagnes civilisées de votre Occident.
Tout ce que la nature a d'étrange et de grandiose s'y présente aux regards dans sa plus complète majesté. Leurs cimes orageuses se perdent dans les nues, couvertes de neiges éternelles ; leurs immenses forêts de sapins se penchent sur le miroir poli de lacs pareils à des mers; et ces lacs, jamais une nacelle ne les a sillonnés, jamais le filet d'un pêcheur n'a troublé leur cristal, profond comme l'azur du ciel; la voix humaine y retentit à peine de temps en temps, faisant entendre un chant moldave auquel répondent les cris des animaux sauvages : chant et cris vont éveiller quelque écho solitaire, tout étonné qu'une rumeur quelconque lui ait appris sa propre existence." p.15

Je compte par ailleurs découvrir un roman de sa descendance prochainement!


D'autres avis : George - Pimprenelle - La Liseuse - Thalia - Soukee

"La Dame pâle" était une lecture commune avec George dont j'ai hâte de découvrir le billet!


23 janvier 2010

Les cousines - Aurora Venturini


"Les cousines" est le dernier roman de l'écrivain argentin Aurora Venturini, amie d'Eva Perron mais aussi de Sartre, Ionesco, Camus et Simone de Beauvoir.
Ce roman fut publié en 2007 en Argentine et est paru la semaine passée aux Editions Robert Laffont.
Il s'agit du premier roman de l'auteure à être traduit en langue française.

"Les cousines" est le récit d'une famille argentine laquelle, en apparence étriquée et soucieuse du qu'en dira-t-on, abrite une belle brochette de "simples d'esprits"...
Au milieu du jeu de quilles se trouve Yuna, la narratrice, une jeune femme souffrant également de retard mental mais qui a pour elle un indéniable talent pour la peinture qui la préserve de la folie ambiante.
Alors que Yuna perce rapidement dans le milieu artistique avec l'aide d'un professeur qui lui promet une brillante carrière, le reste de la famille dégénère...
Avortements, prostitution, décès, Yuna raconte de ses 12 à ses 19 ans le quotidien d'une famille pas comme les autres.

La narratrice, bien que d'un niveau intellectuel nettement supérieur à celui de toute sa famille réunie, souffre d'un certain retard, chose qu'elle ne manque d'ailleurs pas de rappeler au lecteur tout au long du roman.

"Je suis si fatiguée par la ponctuation les virgules indispensables pour respirer sinon on étoufferait et je ne veux pas disparaître avant d'avoir présenté un nombre important de tableaux au Salon des Beaux-Arts, le professeur a expliqué que ce serait une exposition uni-personnelle c'est-à-dire d'une seule personne, qui donnera des écrits et documents sur sa vie que quelqu'un lira et admirera non pour l'écriture qui manque de style mais pour les tableaux présentés et dont on parlera dans les journaux et les revues et je suis fière de mon oeuvre et que le professeur m'appelle la petite à la cravate à cause de ma ressemblance avec la jeune fille mélancolique de Modigliani." p.65

Des virgules omises volontairement, des justifications quant à l'emploi du dictionnaire, des retours en arrière sur certains événements, des répétitions quant aux liens familiaux unissant les personnages (qui de temps à autre n'étaient d'ailleurs pas superflues, tant j'ai du mal à me repérer dans les (pré)noms à consonance étrangère...).
Au fil de ma lecture, l'impression de devoir m'adapter constamment au niveau de la narratrice ne m'a pas quittée.
C'est une sensation à la fois dérangeante (frustrante même) mais laquelle provoque un effet "plus vrai que nature" assez bien réussi puisque j'ai vraiment eu le sentiment de partager la vie de cette narratrice un brin...particulière.

Quand j'ai commencé à lire ce roman, j'ai de prime abord trouvé Yuna détestable.
Le dégoût qu'elle manifestait envers sa famille, son ton supérieur additionné de mots très durs employés à l'encontre de sa soeur me révulsaient (à cet effet, j'ai souvent pensé à des extraits lus de "Où on va papa?" de Fournier).
Mais c'était sans compter la centaine de pages qui m'attendait encore et dont la lecture m'a ouvert les yeux quant à toutes les injustices commises à l'égard de la jeune fille.
Car si elle déteste sa famille, ce n'est pas sans raison, cette même famille le lui rend bien.
Or, si la différence est bien une affaire de naissance, l'indifférence n'a, elle, rien de génétique.
Ce n'est que lorsque Yuna commence à rapporter de l'argent à la maison que sa famille la laisse un peu plus tranquille, mais on est bien loin des démonstrations de fierté ou de tendresse.
C'est sans doute cet aspect qui m'a le plus secouée dans ce roman, cette absence totale d'affection qui m'avait déjà frappé, certes de façon moins extrême, dans "Mal de pierres".

Pour pouvoir canaliser ses émotions, Yuna transpose ses souvenirs sur la toile, la peinture lui évitant ainsi de sombrer dans la folie ou du moins réussit-elle à la maintenir suffisamment lucide que pour pouvoir différencier le bien du mal.
La peinture est son refuge (comme ce fut le cas pour Séraphine de Senlis ou Frida Kahlo) comme le sont les mots, piochés dans le dictionnaire pour pallier toutes les explications que Yuna ne peut recevoir de sa famille.

"Je crois que le dictionnaire me fait du bien, je crois que je vais surmonter des difficultés qui me semblaient auparavant insurmontables et je ne parle pas de ce que j'ai en tête : si je surmonte vraiment mon handicap, j'irai vivre seule parce que tous ces gens sont fatigants je vois en profondeur tout autant que je parle en surface ce que je vois en profondeur ne me plaît pas et de loin ça me fera moins mal ou ça ne me dérangera pas parce que je m'éloigne chaque minute davantage de ce qu'on appelle famille et je m'occupe de plus en plus de moi." p.96

Bien que j'ai souri à quelques démonstrations d'"innocence"( je pense notamment à l'explication sur le "secsoral"), j'ai rapidement réalisé à quel point cette naïveté pouvait être dangereuse et que celle-ci était incontestablement à l'origine de ce prisme de malheur entourant la famille.
La question du sexe est assez présente dans ce récit campé en majorité par des femmes. C'est même à elle seule qu'elle détermine leur rapport au sexe opposé.
Ici encore, les sentiments sont absents.
Certains faits peuvent choquer, sans compter la façon "rustre" dont ils sont évoqués.
Cette ambiance sombre et crue ne m'a pas semblé dissonante dans la mesure où les personnages sont tous "tarés" et que, partie de cet état de fait, je ne m'attendais pas à un langage très élaboré ni à des actes bien glorieux.
Non pas que j'attribue la méchanceté et le vice à toutes les personnes handicapées, loin de là.
Mais disons que comme le lecteur est très rapidement mis en situation, cela ne présage rien de "normal" pour la suite.

Bien que j'ai trouvé le regard extérieur de Yuna froid, impitoyable (mais souvent juste), maladroitement exprimé dans un style qui peut fatiguer à la lecture (j'ai tout de même mis quelques jours pour lire ce roman qui fait moins de 200 pages) et malgré que l'absence de tous sentiments dans le roman m'ait glacé le sang, j'ai trouvé ce récit parfaitement bien mené du début à la fin.
Les personnages sont bien cernés et fidèles dans leurs faits et gestes (l'auteure est psy, ce n'est pas un hasard). Tandis que bon nombre d'entre eux périclitent, Yuna évolue au fil des années, ce qui se ressent dans le style qui devient plus phrasé que parlé.
Enfin, j'ai aimé la force et le courage de la narratrice à lutter seule face à son handicap par la peinture et l'apprentissage des mots.

Bref une lecture peu commune que je ne recommanderais pas à tout le monde.
Je conseillerais ce roman aux lecteurs avertis qui ne craignent pas d'être "dérangés dans leur normalité", aux personnes que le handicap mental intéresse et qui se sentent prêtes à le voir secoué par un regard extérieur.
J'ajouterais également que comme il est de mise concernant les sujets délicats, il est préférable de choisir un bon moment pour lire ce roman.

Sur ce, je viens de réaliser que mes trois dernières lectures atteignaient un niveau de joyeuseté frisant le néant. Après la folie, les familles psychorigides, le handicap et la solitude, je crois que je vais aller pleurer dans les jupes de maman et réfléchir à la direction de ma prochaine lecture afin de, pour reprendre une expression que j'ai aimée dans ce roman, "sourire comme une portion de pastèque".

Les billets de Clara, Canel et Nina qui ont été plus sévères que moi, chose qui ne m'étonne pas tellement vu le côté "ça passe ou ça casse" du sujet et la façon dont il est traité.


Un grand MERCI à et aux de m'avoir offert ce livre!

20 janvier 2010

Tu n'es pas seul(e) à être seul(e) - Stéphanie Janicot


"Tu n'es pas seul(e) à être seul(e)" est un recueil de nouvelles de Stéphanie Janicot publié en 2005.
Les 16 nouvelles présentes dans ce recueil évoquent des instants du quotidien au sein duquel la solitude semble davantage un poids qu'une délivrance.
Des époux qui ne s'aiment plus mais restent ensemble par crainte de finir seuls, une mère de famille qui a hâte de prendre du temps pour elle et le regrette l'instant d'après, un séducteur en fin de carrière qui songe à se caser, un bébé qui aimerait passer plus de temps avec sa mère, une vieille dame à qui une panne de télévision révèle le vide de sa vie,...
Tous les personnages de ce recueil habitent le même immeuble, se croisent presque chaque matin sans se connaître, s'imaginent que la vie des autres doit être plus belle que la leur.
Alors qu'en réalité ils sont tous seuls à être seuls...

Je ne me souviens plus exactement de la raison qui m'avait poussée à acquérir ce livre. Peut-être était-ce ce titre pour le moins évocateur ou encore cette jaquette qui me fit de l'oeil ce jour-là.
Stéphanie Janicot nous livre quelques instantanés, extraits du quotidien de ces hommes et de ces femmes, jeunes et moins jeunes, dont elle dresse les portraits isolés ou du moins est-ce le cas au début.
Au fil des nouvelles, le lecteur se rend compte que ces personnages ne sont pas si étrangers les uns aux autres.
Non seulement ils sont tous voisins, mais ils ont également pour point commun d'être tous des êtres humains, avec leurs caractères, leurs métiers, leurs souvenirs, leurs faiblesses mais aussi leurs angoisses face à la solitude, ressentie telle une épée de Damoclès à des âges et à des degrés différents.

" Elle pense qu'elle devrait sûrement le tromper (si elle était sage), mais l'idée la fatigue, et la dégoûte un peu aussi. Cette familiarité qu'il lui faudrait recréer de toutes pièces.
Alors que c'est si simple d'attendre la mort tranquillement, avec bonne conscience.
Tout le monde ne peut pas réussir sa vie. Au moins n'a-t-elle pas de soucis d'argent, c'est déjà ça; ni de craintes pour son intégrité physique, ah non, Gilbert Sampieri n'est pas un nerveux, et c'est appréciable.
Certes, cette vie est un peu ennuyeuse, à chacun sa pierre." p.34

Bien que j'ai apprécié le procédé utilisé par l'auteur et consistant à partir de l'individualité pour ensuite glisser vers le groupe, j'ai globalement trouvé ces portraits assez fades.
Une impression de "déjà lu" dans un Pancol ou un Gavalda avec les "boulchite" en moins et les parenthèses en plus. Peut-être même un Barbery (?)
Une ou deux lourdeurs aussi :

" Bertrand n'avait pas tellement crié Aline pour qu'elle revienne si bien que la jeune maman était passée de trop d'hommes (compliqué à gérer) à pas assez." p.103

Bref, un de ces recueils qui se lisent vite et s'oublient aussi rapidement. Une lecture qui ne m'a pas foncièrement déplue mais que j'imaginais autrement, plus originale sans doute.


Un autre avis : Lael

"Tu n'es pas seul(e) à être seul(e)" était une lecture commune avec Emilie et Manu avec qui j'ai entamé un petit régime PALesque ^^ et dont j'attends impatiemment les avis!

15 janvier 2010

Mal de pierres - Milena Agus


"Mal de pierres" est un roman de l'auteure italienne Milena Agus paru en 2006.
La narratrice nous détaille la vie de ses grands-parents, un couple atypique uni par un mariage de convenance.
En 1943, sa grand-mère a 30 ans et souffre de graves calculs aux reins ("le mal de pierres") qui l'empêcheront plus tard de mener à terme bien des grossesses.
Bien qu'étant une belle femme, elle est toujours célibataire et accusée d'écrire en secret des lettres coquines à des hommes.
Ses parents décident donc de la marier à un veuf de 40 ans, de passage chez eux pour quelques temps.
Tous deux ne s'aiment pas et s'accordent à vivre comme frère et soeur tandis que le grand-père continue à fréquenter les maisons closes.
Le couple traverse la guerre en toute amitié, veillant l'un sur l'autre, s'adonnant à des "prestations" pour économiser des frais de maison close mais sans que leur union ne devienne un mariage d'amour.
En 1950, la grand-mère part en cure thermale et y fait la connaissance d'un rescapé, un homme qui lui apprendra à aimer...

Pour commencer, je dirais que j'ai été étonnée de cette lecture. La chose est de plus en plus rare depuis que je consulte fréquemment les blogs de lecture mais il m'arrive encore parfois d'acheter un livre sur simple base de son titre et/ou de son résumé.
Bien souvent, au moment de succomber à l'achat, je suis déjà en train de me représenter l'histoire du roman à partir du peu d'éléments dont je dispose.
Ce fut le cas pour ce livre dont le titre, "Mal de pierres", m'avait fait imaginer une héroïne en prise avec des problèmes de santé qu'elle détaillerait durant tout le roman.
Or il n'en fut rien ou presque car l'aspect maladie est finalement très peu traité dans ce récit.
En revanche, les conséquences de la maladie à savoir le séjour de la grand-mère en cure thermale tiendront une place majeure dans le récit puisque c'est de cet épisode que naîtra la rencontre entre la grand-mère et le rescapé, un élément déterminant dans tout le roman.
Bref, cette méprise m'a fait sourire.
Je pourrais vous donner 1000 raisons pour lesquelles j'ai adoré ce roman mais je me contenterai des raisons littéraires.

Tout d'abord, j'ai beaucoup aimé le schéma narratif du roman. L'auteur a choisi de commencer en douceur, en nous distillant des détails sur sa famille mais sans toutefois mener les descriptions jusqu'au bout.
Le récit prenant place en Sardaigne (de nombreux mots italiens parsèment d'ailleurs l'histoire), j'y ai trouvé une ambiance à la fois chaleureuse dans les détails des réunions de famille et de la solidarité entre ses membres et rigide pour ce qui est des jugements de ces mêmes membres à l'égard de la grand-mère.

J'ai beaucoup aimé le personnage de la grand-mère qui vis-à-vis de l'extérieur semble toujours dérangée, perdue dans son monde, pas méchante mais insensible aux petites joies des uns et des autres alors qu'elle est capable des plus vives émotions dans certaines situations.

" Grand-mère n'est pas sur les photos. Elle s'était réfugiée dans sa chambre pour pleurer d'émotion quand ils avaient entonné Joyeux anniversaire. Ils étaient tous allés la tirer de là et elle répétait inlassablement qu'elle n'arrivait pas à croire que son corps avait fabriqué un enfant, et pas seulement des pierres. " p.106

Je trouve que l'auteure a parfaitement réussi à décrire la solitude et les conflits intérieurs de cette femme au point que j'ai eu l'impression qu'elle vivait en moi durant tout le roman (chose qui ne m'arrive pas si souvent que cela malheureusement).
J'ai tout autant apprécié le point de vue de la narratrice, la petite-fille, dont on sent bien toute la tolérance, la compréhension et l'amour pour cette femme qui lui fit office de mère.
Bien que je n'adhère absolument pas à ce schéma de couple, j'ai également souri en découvrant le quotidien des grands-parents et plus particulièrement le récit de leurs "prestations" quand ils "jouaient à la maison close".
Même si ceux-ci n'étaient pas amoureux, ils étaient tous deux consentants et s'amusaient beaucoup de ces jeux, aussi bizarres soient-ils.
Je me suis surprise à rêver à la lecture des échanges entre la grand-mère et le rescapé, la seule personne qui semble réellement la connaître avec sa petite-fille.

" Le Rescapé dit qu'à son avis grand-père était un heureux homme, vraiment, et pas, comme elle le prétendait, un malchanceux qui aurait écopé d'une pauvre folle, elle n'était pas folle, simplement elle était une créature que Dieu avait faite à un moment où Il n'avait pas envie des femmes habituelles en série, Il avait eu une inspiration poétique et Il l'avait créée, grand-mère riait de bon-coeur, disait qu'il était fou lui aussi et que c'était pour ça qu'il ne voyait pas la folie des autres." p.68

Les personnages secondaires s'ajoutent au fur et à mesure, de façon très naturelle, et ce n'est qu'à la fin, alors que la grand-mère vient de mourir, que le lecteur découvre le fin mot de l'histoire grâce aux détails qui lui manquaient au début.
Enfin, j'ai beaucoup apprécié la fin de ce roman qui, bien qu'elle puisse se deviner, a réussi à me flanquer les larmes aux yeux.
A noter que le roman est suivi d'une note de l'auteure nous expliquant son rapport à l'écriture (et auquel j'adhère à 200%) ainsi que les conditions de publication de son premier roman.

Bref, un sacré coup de coeur que je recommande à tous ceux et celles qui ne l'ont pas encore lu ( mais j'ai quand même l'impression que ce roman a déjà bien fait le tour des blogs et à juste titre!).


"Mal de pierres" était une lecture commune avec George, Clara et Lili Galipette dont j'ai hâte de connaître les impressions de lecture!

D'autres avis encore chez BOB

13 janvier 2010

L'économie du ciel - Jacques Chessex


"L'économie du ciel" est un court roman autobiographique de l'écrivain suisse Jacques Chessex (auteur notamment du "Vampire de Ropraz" dont j'avais parlé ici) et paru en 2003.
Sur une route déserte de campagne, un petit garçon de 8 ans rentre chez lui et tombe nez à nez sur son père, professeur et directeur d'école, qui n'est pas censé se trouver là à cette heure de la journée.
Le père qui semble vouloir se cacher fait promettre à son fils de ne jamais révéler l'avoir aperçu en ces lieux.
Le lendemain, une vieille dame est retrouvée morte chez elle, cette même dame qui hébergeait une jeune réfugiée à qui son père donnait cours à domicile 3 fois par semaine.
Le jeune garçon se demande si ce décès n'aurait pas un quelconque rapport avec les bizarreries de son père la veille...
Ce petit garçon, c'est Jacques Chessex.

Chessex rumine, déterre la mémoire de son père et ces souvenirs qui lui sont associés, enfouis depuis si longtemps dans sa mémoire d'enfant.

" Combien de fois me suis-je efforcé de réécouter ces mots, ces phrases qui résonnent sourdement sur le fond de l'automne.
Ces mots, ces phrases qui se forment et qui résonnent, définitives, pourtant sans fin, sur le fond cotonneux de l'automne où ces phrases ont été dites, par moi affreusement écoutées, refusées, oubliées, enfouies, depuis quelque temps retrouvées dans leur précision intacte.
J'ai huit ans, c'est la guerre, mon père dirige les écoles et le collège, il fait beaucoup de bien autour de lui." p.18

Il se rappelle aussi ce policier qui le harcèlera tout au long de sa vie, comme pour lui faire endosser le crime de son père et lui faire avouer ce secret bien trop lourd à porter pour un petit garçon.
Alors que le style de Chessex dans "Le Vampire de Ropraz" se voulait très "médico-légal", froid, neutre, l'écriture prend ici un tournant diamétralement opposé. Une narration vive et chargée en émotions. Normal vu le sujet me direz-vous.
La répétition de certains détails qui l'ont accompagné durant toute son enfance et qu'il n'avait jusque là confiés à personne.

Mais mais mais... la seconde partie du roman prend un tournant inattendu...Voilà que l'auteur se passionne pour les oiseaux puis, suite à la découverte d'un oiseau rare, fait la rencontre d'une femme journaliste à " Oiseaux d'Europe" qui lui fera une demande assez particulière...

" On ne devrait pas trop s'occuper des oiseaux qui eux ne s'occupent ni de nous, ni du ciel que nous voyons, ni du ciel que nous ne voyons pas et que nous disons celui de Dieu. Les oiseaux nous pillent et ravagent nos rêves. S'il y avait une justice théologique, Alfred Hitchcock serait canonisé depuis belle lurette d'avoir montré de quelles horreurs les oiseaux peuvent menacer les habitants de la terre." p.62

C'est à ce moment-là que le roman part un peu en sucette. L'auteur semble vouloir se distancier, il ne parle quasiment plus de son père et l'histoire se termine sur le destin de cette femme.
Le lecteur ne saura jamais quelle était la teneur de ses relations avec son père suite à leur rencontre sur cette petite route.
Bien que les deux parties soient intimement liées, j'ai trouvé l'arrivée de cette femme trop rapide.
Quant à la chute de l'histoire, elle m'est tombée dessus comme un couperet (exactement comme pour "Le Vampire de Ropraz" d'ailleurs).
"L'économie du ciel" est donc un roman qui se lit comme une nouvelle.
Aucune introduction, il faut raconter, se décharger du poids, rapidement, parce que ça fait trop longtemps et que le secret se fait plus lourd de jour en jour.
Ce court roman aurait pu porter le titre du roman autobiographique de Michel Sardou : " Et qu'on en parle plus".
J'ai vraiment eu l'impression que l'auteur ressentait le besoin urgent de se confesser avant de clore ce chapitre de sa vie.
J'ai ressenti comme un goût de trop peu. Ce livre est passé comme un éclair et c'est bien dommage :/

11 janvier 2010

Swing mineur - José-Louis Bocquet


"Swing mineur" est le 14 ème roman du français José-Louis Bocquet, écrivain et scénariste de bandes-dessinées, notamment connu pour ses bd's "Kiki de Montparnasse" ou encore "Les aventures d'Hergé".
"Swing mineur" est l'histoire de K., le dernier producteur musical indépendant, vue par 3 hommes qui l'ont connu à différents moments de sa vie, tantôt au sommet de la gloire, tantôt au bord du dépôt de bilan.
Le premier "témoin" est un apprenti journaliste qui tente de faire connaître un rappeur de banlieue prénommé Rachid (ou plutôt Ra-Sheed).
Le succès sera au rendez-vous pour K. comme pour les deux jeunes hommes mais les choses dérapent...
1er mouvement.
K. prend sous son aile un jeune qui a arrêté ses études après le bac. Il lui apprend le métier sur le tas et ensemble ils prennent le risque de signer "Les Chapeaux Ronds", un groupe breton qui fait de la chanson populaire.
Malheureusement, l'affaire tourne mal.
2ème mouvement.
Le fils de K. lui demande son aide, son père accepte de l'héberger à condition qu'il travaille à ses côtés.
Le label de K. tourne mal, il faut trouver une solution rapidement. Un groupe de rock les sauvera de la faillite mais certaines affaires du passé ressurgissent...
3ème mouvement.

Ce roman dresse donc le portrait de Mr K., un homme sans diplômes ayant réussi à partir de rien, un malin qui semble bien connaître son métier mais souffre en même temps de revers de médaille, dans ce monde particulier qu'est le show-business.
Les trois versions données par les différents témoins décrivent une sorte d'irréductible gaulois, capable de dénicher des talents totalement insoupçonnés, souvent peu aimable et difficile à suivre mais qui reste celui qui, en devenant leur mentor, leur a donné une chance que les autres leur auraient refusée.
Tous les 3 connaîtront tour à tour avec K. la gloire et les affres de l'industrie musicale, un monde où il faut pouvoir parier gros et juste, tout en risquant de perdre sa mise. Une vraie roulette russe.
La première partie nous plonge dans le monde du rap et de son vocabulaire des cités.
Bien que je n'ai pas du tout accroché à cette partie en raison des multiples " boules", "zyva", "skeuds", "niker le système" et j'en passe (ça me fait penser que j'ai encore "Kiffe kiffe demain" dans ma PAL...), je dois bien reconnaître qu'elle est criante de réalisme ( c'est mon heure quotidienne passée dans le métro qui me l'a dit).
La narration se fait plus fluide dans les deux autres parties et le personnage de K. y est plus développé.
Ce qui m'a le plus frappée dans ce roman c'est la fadeur des 3 personnages secondaires, tous plus paumés les uns que les autres, agissant selon le bon vouloir de Mr K. et complètement incapables de prendre une décision voire de donner un sens à leur vie.

" Dans les quartiers, autour de moi, tout le monde rappait, scratchait, breakait, graffait. Je vivais dans un monde d'artistes. Mais l'art, c'est comme le foot, ils sont plus nombreux dans les tribunes que sur le terrain. Une minorité exécute les rêves d'une majorité, c'est une question d'équilibre, de yin, de yang et de balance commerciale. Ne survivent que les meilleurs.
C'est pour ça, moi, je n'ai jamais pratiqué la compétition.
Ou alors tout seul, dans ma propre catégorie. Le lancer de cacahuètes. Soixante-quatre cacahuètes de suite, sans en faire tomber une parterre. Direct dans la bouche." p.19

Mr K. est bel et bien la vraie star de ce roman. Même au pied du mur, alors que tout semble fini pour lui, il parvient toujours, tel un sauveur, à sortir une dernière carte de sa manche et à entraîner les autres avec lui.
Toute l'ambiance du roman baigne ainsi dans les retournements de situation, les coups de la dernière chance, les dettes et les règlements de compte façon Scarface.

" "Le show-biz est une valse à trois temps. On lèche, on lâche, on lynche." disait K.
Je l'écoutais, il parlait d'expérience, j'étais un novice. Il m'appelait "l'innocent", je rigolais.
"T'as raison, rigole bien, mais fais attention, parce que toi aussi un jour tu auras les mains couvertes de sang."
Parfois, il parlait aussi comme un vieux con. " p.77

Bien que j'ai aimé la structure de ce récit en ce qu'il nous présente un portrait vu sous différents angles ainsi que la description faite de ce milieu pourri que semble être l'industrie musicale, je n'ai pas vraiment réussi à rentrer dans cette histoire et suis restée complètement hermétique vis-à vis de ces personnages secondaires complètement mous.

Un roman que je n'irais pas jusqu'à déconseiller mais qui pour moi fut une lecture divertissante plutôt qu'absolument nécessaire.


D'autres avis : Diane - Aily - Thalia - Fée Bourbonnaise


Un grand MERCI à et aux Editions de m'avoir offert ce livre!

10 janvier 2010

Neige - Maxence Fermine


"Neige" est le premier roman de l'écrivain français Maxence Fermine, paru en 1999.
L'auteur nous emmène dans le Japon du 19ème siècle, à la rencontre de Yuko Akita, un jeune homme de 17 ans qui décide, contre la volonté de son père prêtre, de préférer la poésie à l'armée ou à la religion.
Deux mots gouvernent alors le quotidien de Yuko : haikus (courts poèmes de 3 vers et de 17 syllabes) et neige.
Au printemps, alors que Yuko achève son 77ème haiku consacré à la neige, le poète officiel de la cour lui rend visite et découvre avec émerveillement les écrits de Yoko.
Seule ombre au tableau : ses poèmes manquent de couleur.
Yoko reste inflexible. Fermement décidé à faire lire à l'empereur 10 000 syllabes exclusivement dédiées à la neige, le jeune homme se donne 7 ans avant de franchir le seuil du palais impérial.
Le poète de la cour revient au printemps suivant et réussit à le convaincre de rendre visite à Soseki, celui qui fut son maître et sera celui de Yoko...
A son contact, Yoko prend conscience que ce vieillard aveugle a beaucoup plus de choses à lui apprendre qu'il ne le croyait et que lui aussi a un jour aimé une femme. Une funambule prénommée... Neige.

Un roman de circonstance vu les conditions climatiques actuelles... Moi qui d'ordinaire ai toujours aimé la neige et sa façon si singulière d'embellir les paysages même les plus sinistres, j'avoue avoir passé toute la semaine à pester contre cette même mélasse, cause de pieds paralysés, de robi-nez et de pètage de tronche à répétition (répétition signifiant bien entendu ici "plusieurs fois", je n'ai pas l'ambition de figurer dans le prochain "Holiday on ice" ni même dans le bêtisier de "Videogag" d'ailleurs...).
Bref. C'est donc confortablement assise contre le radiateur, loin de tout danger, que j'ai découvert avec plaisir ce court roman de Maxence Fermine.
Si vous n'aimez pas la neige ( je veux dire même au chaud chez vous), passez directement votre chemin car ce récit est bel et bien une ode à la poudreuse (évidemment, l'auteur s'abstient de mentionner les aspects décrits par ma catastrophique personne...).
Il est également question d'une belle histoire d'amour ou plutôt de deux histoires d'amour croisées mais je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher votre bon plaisir.
Mais plus que cela, "Neige"est également un petit conte philosophique qui invite le lecteur à prendre son temps, à se regarder vivre, à contempler la nature et ce qu'elle a à lui offrir, à réfléchir à l'art qui ne se trouve pas seulement dans les musées mais tout autour de lui ou mieux, en lui.
J'y ai trouvé un magnifique passage sur l'écriture :
" En vérité, le poète, le vrai poète, possède l'art du funambule. Ecrire, c'est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d'un poème, d'une oeuvre, d'une histoire couchée sur un papier de soie.
Ecrire, c'est avancer pas à pas, page après page, sur le chemin du livre.
Le plus difficile, ce n'est pas de s'élever du sol et de tenir en équilibre, aidé du balancier de sa plume, sur le fil du langage. Ce n'est pas non plus d'aller tout droit, en une ligne continue parfois entrecoupée de vertiges aussi furtifs que la chute d'une virgule, ou que l'obstacle d'un point.
Non, le plus difficile, pour le poète, c'est de rester continuellement sur ce fil qu'est l'écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu'un instant, de la corde de son imaginaire.
En vérité, le plus difficile, c'est de devenir un funambule du verbe." p.80

A l'image des haikus dont il est question dans tout le roman, l'auteur nous offre ici un court roman aux phrases concises et aux chapitres espacés, une tentative de saisir cette neige si éphémère et l'occasion de laisser au lecteur le temps de la réflexion tandis que la magie opère.
J'ai retrouvé dans "Neige" cette même poésie qui m'avait tant plue dans "Soie" d'Alessandro Baricco.
Si vous n'avez encore lu ni l'un ni l'autre, n'attendez plus! Voilà deux lectures assurément magnifiques!


Un autre avis : Gio

6 janvier 2010

Dojoji et autres nouvelles - Yukio Mishima


"Dojoji et autres nouvelles" est un recueil de 4 nouvelles rédigées par l'écrivain japonais Yukio Mishima.
"Dojoji" est la première nouvelle mais il s'agit surtout d'une pièce de théâtre mettant en scène 3 hommes et 2 femmes de riche condition venus assister à une vente aux enchères sur invitation.
Alors que l'antiquaire leur vante les mérites d'une grande armoire en acajou, Kiyoko, une danseuse, entre en scène et leur explique l'histoire de cette fameuse armoire...
"Les sept ponts" nous conte l'histoire de 3 geishas accompagnées de leur servante parties franchir 7 ponts dans le but d'exaucer leurs voeux.
Seul l'une d'entre elles atteindra la fin du parcours...
"Patriotisme" décrit le suicide du lieutenant Shinji et de son épouse Reiko.
"La perle" évoque l'anniversaire de Mme Sasaki. Durant le goûter, Mme Sasaki égare la perle logée dans sa bague, une perte qui deviendra à elle seule un événement sujet à de multiples querelles entre les convives.

Ce qui m'a sautée aux yeux dans "Dojoji" et dans "Patriotisme", c'est la façon dont l'auteur progresse de la description d'une beauté présentée comme idéale à la destruction de celle-ci sous le couvert du sacrifice.
Dans "Dojoji", Kiyoko se montre prête à se défigurer le visage à l'acide pour retrouver son amant tandis que dans "Patriotisme", Reiko accepte volontiers de se trancher la gorge pour suivre son mari dans l'au-delà.
" Elle n'avait pas du tout peur de la mort qui bougeait dans sa tête. Seule chez elle, à attendre, Reiko était convaincue que tout ce que son mari pouvait éprouver ou penser la conduisait - aussi sûrement que le pouvoir sur elle de sa chair - vers une mort qui serait la bienvenue. Elle avait le sentiment qu'à la moindre pensée de son mari son corps saurait aisément se transformer et se dissoudre." p.75

Dans les deux cas, comme il s'agit de nouvelles (et donc de récits courts), la rupture est assez nette, ce qui renforce le caractère extrême des actes auxquels consentent ces deux femmes.

Dans "Les 7 ponts" et "La perle", il est question d'un groupe de femmes guidées par la bienséance au point de s'en rendre ridicules.
"Koyumi s'arrêta sous un lampadaire et, se retournant vers les autres, joignit à nouveau les mains. Les trois femmes l'imitèrent. D'après les calculs de Koyumi, traverser deux des trois parties du pont compterait comme de traverser deux ponts séparés. Ce qui impliquait qu'il leur faudrait prier quatre fois sur le pont Miyoshi, une fois avant et une fois après le parcours de chacun des deux bras." p.53

J'aurais pu croire que les ambitions de l'auteur en écrivant ces nouvelles étaient de dénoncer l'extrêmité des traditions d'un pays et d'une époque si je n'avais pas lu sa biographie...
Yukio Mishima était en effet un fervent défenseur du Japon traditionnel, incluant donc tous les aspects décrits dans ce recueil ainsi que dans le reste de son oeuvre, au point de demander et d'obtenir la mort par seppuku, un rituel consistant à être décapité par un tiers...

Difficile pour moi de dire si j'ai ou non aimé ce recueil. Bien que j'ai été sensible à la prose poétique de l'auteur, je n'ai pas réussi à m'identifier voire à éprouver de la compassion pour les différents personnages dont les préoccupations et les agissements m'ont semblé si éloignés de ma culture, de mon époque et de ma personnalité.


D'autres avis : Gio - Mina - Praline

4 janvier 2010

SWAPÔCONTES


Emmyne organise un swap dédié aux contes. Vu le titre de ce blog, je ne pouvais que participer :)
Ce SwapÔContes sera donc mon tout premier swap!

Pour tous les détails, cliquez sur le logo ci-dessus.

L'enfer est pavé de bonnes intentions - Gilbert Hernandez


"L'enfer est pavé de bonnes intentions" est un roman graphique de Gilbert Hernandez appartenant à la série "Love and rockets" et paru cette année aux Editions Delcourt ( déjà publié en 2007 aux Editions Fantagraphics Books sous le titre "Chance in Hell").
Plusieurs adolescents et une petite fille, Empress, vivent dans une décharge aux abords de la ville. Empress a déjà été violée plusieurs fois et les garçons la protègent des autres hommes qu'elle s'entête à appeler "papa".
Un jour, un poète venu de la ville la sauve d'une fusillade et la recueille chez lui afin de prendre soin d'elle et de veiller à son éducation.
En dépit de ses moeurs douteuses, l'homme se montre prévenant à l'égard de cette petite fille dont l'avenir pourrait enfin être plus clément.
Mais la petite fille grandit et fait la rencontre d'un jeune maquereau...

Si il n'y avait pas ce titre pour le moins évocateur, on pourrait presque croire à une version bd de "Sex and the city".
Mais il n'en est rien...Car si il y a bien une ville et du sexe dans cette histoire, nous sommes bien loin de Manhattan et de ses Cosmo.
Pourtant il est ici bien question d'un cocktail...Prenez un grand shaker, mettez-y toutes les pulsions/perversions humaines qu'elles soient sexuelles ou criminelles.
N'ajoutez aucun soft, ce cocktail se boit tel quel, sans morale ni repentir.
Secouez bien le tout et vous obtiendrez l'enfer...
Hernandez signe ici un roman graphique sans concessions, glauque à souhait, dont vous ne sortirez certainement pas indemne tant la sensation de malaise se ressent à chaque planche.
L'auteur y décrit la vie d'une petite fille devenue femme, évoluant dans une société chaotique, contaminée par les vices de ses habitants. Un enfer qui semble interminable.
Difficile de dire si j'ai aimé ou non ce roman...Mais ce qui est certain c'est que cette ambiance post-apocalyptique est loin de m'avoir laissée de marbre.
A conseiller aux adeptes d'illustrations sombres et aux coeurs bien accrochés!

3 janvier 2010

THE tarte au flan à la fleur d'oranger

Hier, je vous avais parlé de l'un des gâteaux préparés pour un anniversaire.
Voici donc le second, qui est en fait une tarte (au flan et à la fleur d'oranger comme l'indique le titre).

Ingrédients (pour 6 personnes) :

- 1 pâte feuilletée
- 1L de lait entier
- 180g de sucre semoule
- 120g de maïzena
- 2 oeufs entiers + 1 jaune
- 1 cuillère à café d'extrait de vanille
- 1 à 2 cuillères à soupe de fleur d'oranger (selon vos affinités)

Préparation :

Placez la pâte feuilletée dans un moule à manqué (20cm de diamètre) que vous piquerez de trous à l'aide d'une fourchette.
Gardez un verre de lait à part et faites bouillir le reste dans une casserole avec le sucre.
Dans un bol, mélangez le verre de lait avec la maïzena, les deux oeufs et demi, l'extrait de vanille et la fleur d'oranger.
Lorsque la préparation lait-sucre est bouillante, intégrez-la au mélange contenu dans votre bol tout en fouettant.
Remettez ensuite le tout dans une casserole et laissez cuire jusqu'à ce que la préparation revête l'aspect d'une crème (pas avant hein!)
Lorsque la crème est prête, versez la sur la pâte et faites cuire le tout au four préchauffé à 180° durant 35-40min (jetez-y un oeil de temps en temps quand même, surtout en fin de cuisson).

Résultat :


Bon, la pâte n'a pas l'air assez cuite sur l'image mais pourtant je vous assure que cette tarte était succulente!
La fleur d'oranger donne ce petit plus savoureux à la tarte au flan traditionnelle!
Là aussi, je conseillerais de la préparer la veille et de la laisser reposer une nuit au frigo afin de laisser le flan se durcir.
Pour faire briller la tarte, j'ai réchauffé au micro-ondes 2 cuillères à soupe de confiture d'abricots que j'ai ensuite étalées sur le dessus et les bords de la tarte.
A tester pour faire plaisir aux papilles!

2 janvier 2010

THE gâteau chocolat blanc - speculoos

Il y a deux semaines, je me suis désignée volontaire pour réaliser des gâteaux d'anniversaire pour 16 personnes (allez savoir pourquoi je me propose toujours de faire les desserts ^^).
Comme j'ai relativement peu l'occasion de tester de nouveaux gâteaux (parce que ça veut dire en manger toute la semaine en risquant la crise de foie...), j'ai saisi cette opportunité pour tester de nouvelles recettes qui, je dois bien le reconnaître en toute modestie, étaient toutes deux fort bien réussies.
Voici donc la première : THE gâteau chocolat blanc-speculoos ( la seconde, la tarte au flan à la fleur d'oranger, sera publiée demain).

Ingrédients (pour 6 à 8 personnes) :

- 200g de chocolat blanc ( + 200g supplémentaires si vous comptez faire un nappage)
- 150g de speculoos écrasés
- 4 oeufs
- 80g de sucre
- 3 cuillères à soupe de farine
- 1 cuillère à soupe de fécule de pommes de terre
- 150g de crème fraîche épaisse
- 50g de beurre

Préparation :

Mettez le chocolat, la crème fraîche et le beurre dans une casserole et faites fondre à feu doux.
Pendant ce temps, écrasez les speculoos. Si comme moi vous n'avez pas de mortier ou d'ustensile utilisé à cet effet, placez ceux-ci dans un sac plastique posé au sol et exécutez une danse au choix...
Séparez les blancs d'oeufs des jaunes (pas obligatoire mais je trouve le gâteau plus moelleux ainsi).
Mélangez les jaunes d'oeufs dans un bol avec le sucre, la farine et la fécule de pommes de terre.
Ajoutez-y la préparation au chocolat blanc légèrement refroidie et mélangez le tout.
Battez vos blancs d'oeufs en neige et intégrez les délicatement au reste de la préparation.
Ajoutez enfin les speculoos écrabouillés en mélangeant.
Optez pour un moule pas trop large et assez haut. Pour ma part, j'ai choisi un moule à manqué (idéal pour le démoulage) d'un diamètre d'environ 20cm.
Versez la préparation dans le moule que vous placerez au four préchauffé à 180° durant 25min.

Premier résultat :


Un gâteau moelleux qui tient ses promesses car le speculoos et le chocolat blanc ont gardé toute leur saveur!
Vous pouvez le réaliser le jour-même mais je conseillerais toutefois de le réaliser la veille et de le placer une nuit au frigo, il n'en sera que meilleur!

Si la motivation est toujours là, vous pouvez également réaliser un nappage au chocolat blanc.
Pour cela, il vous suffit de faire fondre 200g de chocolat blanc supplémentaires au bain-marie et d'en recouvrir le gâteau.
Cela dit, comme le gâteau n'est pas tout à fait lisse, attendez-vous à ce que le nappage présente un certain relief...
Pour masquer les irrégularités, j'ai donc placé un gros ruban rouge autour du gâteau, saupoudré le dessus de cacao et placé stratégiquement une grosse lettre en chocolat (achetée toute faite) en son centre.
Dans ce cas-ci, il s'agissait d'un M. Inutile de préciser que le choix de la lettre vous revient...

Résultat final :


Avec le nappage en plus, cela donne un dessert très sucré que je déconseillerais aux adeptes des régimes à points (pour ne pas citer de marques...) mais que je recommande vivement aux gastronomes décomplexés ;)

1 janvier 2010

Bilan des challenges

2 livres lus/ 14 - date limite : aucune

- Matilda de Roald Dahl
- Nicholas Nickleby de Charles Dickens
- Oliver Twist de Charles Dickens
- Jane Eyre de Charlotte Brontë
- Orgueil et préjugés de Jane Austen
- Tess d'Urberville de Thomas Hardy
- Kim de Rudyard Kipling
- L'Homme invisible de H.G Wells
- Le vieil homme et la mer d'Ernest Hemingway
- Le Bruit et la Fureur de William Faulkner
- Les raisins de la colère de John Steinbeck
- Les bons compagnons de J.B Priestley (apparemment difficile à trouver)
- Le rocher de Brighton de Graham Greene
- La ferme des animaux de George Orwell

En mauve, les 7 livres déjà dans ma PAL. Je n'ai presque aucune excuse pour ne pas progresser dans ce challenge...

3 livres lus/20 - date limite : aucune

- Richard Millet : Petit éloge d'un solitaire
- Oscar Wilde : Le portrait de Mr W.H
- Hans Christian Andersen : L'elfe de la rose et autres contes du jardin
- Junichiro Tanizaki : Le meurtre d'O-Tsuya
- James Crumley : Tout le monde peut écrire une chanson triste
- Susan Minot : Une vie passionnante et autres nouvelles
- Madame de Genlis : La Femme auteur
- Yukio Mishima : Dojoji et autres nouvelles
- Boileau-Narcejac : Au bois dormant
- Jane Austen : Lady Susan
- Edith Wharton : Les lettres
- Casanova : Madame Henriette
- Henry James : Le menteur
- Alexandre Dumas : La dame pâle
- Junichiro Tanizaki : Le coupeur de roseaux
- John Updike : Publicité
- Régis Jauffret : Ce que c'est que l'amour
+ une promenade gastronomique : " Des mots à la bouche - Festins littéraires"
+ une promenade romantique : "Leurs yeux se rencontrèrent...Les plus belles premières rencontres de la littérature"
+ reprise d'un abandon : "Lettre au père" de Kafka

Hum... challenge créé par moi et pour lequel plusieurs blogueuses ont déjà lu davantage d'ouvrages que je ne l'ai fait...Heureusement que j'ai eu la présence d'esprit de ne pas indiquer de date limite...
Allez, soyons fous, je les lirai tous cette année! ^^

3 livres lus/2 - date limite : 31/12/2010

- Charlotte Brontë : Jane Eyre
- Charles Dickens : Un chant de Noël
- Jane Austen : Lady Susan

D'autres viendront s'ajouter à la liste ( j'ai encore une dizaine d'ouvrages en réserve dans ma PAL...).

1 livre lu/13 - date limite : 31/12/2010 ( soit un classique par mois pendant un an)

Par anticipation :
- Charlotte Brontë : Jane Eyre
- Charles Dickens : Un chant de Noël

- Jane Austen : Lady Susan


0 livres lus/7 - date limite : 30/6/2011

Pas de panique j'ai le temps (d'ailleurs je le commence ce mois-ci!).

- J.D Salinger : L'attrape-coeurs
- Jane Austen : Orgueil et préjugés
- Boris Vian : L'écume des jours
- Frédérique Deghelt : La grand-mère de Jade
- Antoine de Saint-Exupéry : Le Petit Prince
- Michael Cunningham : Les heures
- Louis Calaferte : La mécanique des femmes

3 livres lus/6 - date limite : 31/12/2010

- John Crowley : Le Parlement des fées, tome 1
- John Crowley : Le Parlement des fées, tome 2
- Daniel Keyes : Les Mille et Une Vies de Billy Milligan

Je n'avais pas vraiment prévu ces titres-là au départ mais qu'importe^^

O livre lu/1 - date limite : 31/12/2010

Lecture commune de "Guerre et paix" de Léon Tolstoï prévue avec Keisha et A girl from earth pour le 28/6/2010.

O livres lus/5 - date limite : 31/12/2010

Normal, le challenge ne débute qu'aujourd'hui :)

- Markus Zusak : La Voleuse de livres
- Jane Austen : Orgueil et préjugés
- Jean Teulé : Le magasin des suicides
- Carlos Ruiz Zafon : L'ombre du vent
- Emily Brontë : Les Hauts de Hurle-Vent

Pour ce challenge-ci, je pourrais également en choisir 10 de plus ( on ne sait jamais, au cas où je ne saurais pas quoi lire, mouarf!).

Pour ceux/celles qui ne l'auraient pas remarqué et souhaitent progresser d'un énorme bond dans leurs challenges, "Orgueil et préjugés" est THE livre gagnant puisqu'il rentre dans pas moins de 5 challenges^^

Sur ces bonnes paroles, je vous souhaite à tous et toutes une magnifique année à venir, pleine de lectures toutes plus enrichissantes les unes que les autres, beaucoup d'amour sans oublier une santé de fer et des p'tits sous pour nourrir vos PAL évidemment!!!