En librairie depuis le 26 mars dernier, "Souviens-toi de demain" est un thriller écrit par la romancière française Vanessa Caffin, également auteure de "J'aime pas l'amour...ou trop peut-être", "Mémoire vive" ou encore "Rossmore Avenue".
Charlie Longe, 35 ans, est victime d'une agression qui la plonge dans le coma durant un mois.
A son réveil, non seulement elle n'a conservé aucun souvenir de son passé, mais elle n'est désormais plus capable d'enregistrer de nouvelles informations.
Chaque nouvelle journée s'annonce comme un éternel recommencement, même si le journal dans lequel elle consigne ses souvenirs lui fait gagner un peu de temps chaque matin.
Qui est-elle ? Où vit-elle ? Pourquoi a-t-elle été agressée ? Autant de questions auxquelles Charlie tentera désespérément de répondre, se heurtant au mutisme de certains collègues et à un proche qui n'en a pas fini avec leur histoire...
" Voilà ce qui la déstabilisait aujourd'hui, elle ne fonctionnait pas à l'affect. Elle avait l'impression d'un parcours d'obstacles.
La solitude est meurtrière, pensa-t-elle, parce qu'on finit par oublier qu'on est vivant.
Elle tenta de se remémorer la demeure de ses parents, mais aucune image ne lui vint, si ce n'est un décor fantasmé.
Elle ne se souvenait pas de s'être fâchée avec son père, ni ne ressentait la cicatrice de son absence.
Orpheline sans trauma. Et si cet accident était une bénédiction, l'occasion de se racheter, d'effacer l'ancienne Charlie Longe ?
Elle en vint à craindre de retrouver un jour la mémoire et la personnalité qui va avec.
Elle en vint même à prier que ce jour soit une nouvelle naissance. On gomme tout et on recommence, l'apprentissage des sentiments, les règles de socialisation.
On réapprend à aimer, tolérer, comprendre, pardonner. Mais avec qui ? Elle avait apparemment fait le vide autour d'elle.
Elle n'avait plus personne à aimer, plus rien à pardonner. Mauvaise idée. Remonter le fil, creuser profond, chercher et chercher encore." p.79
Tout le monde se souvient probablement de l'excellent "Un jour sans fin" (l'auteure y fait d'ailleurs allusion) qui mettait en scène un Bill Murray condamné à revivre la même journée à l'identique. Ou presque car il conservait néanmoins la mémoire des jours précédents, ayant ainsi la possibilité d'influencer le cours des journées suivantes.
Charlie, elle, ne peut compter que sur son journal, bien que celui-ci lui joue parfois de mauvais tours.
"Souviens-toi de demain" étant un thriller psychologique, vous vous doutez bien que tout le monde ne souhaite pas venir en aide à Charlie.
En parallèle à sa quête personnelle, nous suivons donc le quotidien d'un homme sans scrupules qui met tout en oeuvre pour exploiter son amnésie (ce qui est quand même bien crapuleux).
Charlie, du fait de sa perte de mémoire et de son manque de repères, s'avère être une proie facile et manipulable à souhait.
A-t-elle encore une place dans le monde ? A qui peut-elle faire confiance ?
Perdue, elle ne sait pas vraiment vers qui se tourner d'autant qu'elle ne peut même pas compter sur elle-même.
J'ai sincèrement eu pitié de cette femme qui nage en pleine confusion et je l'ai trouvée assez crédible dans ses réactions.
A quelques exceptions près. J'aurais notamment pris beaucoup plus de notes ou essayé, à l'aide d'une carafe de Redbull, de passer une nuit sans sommeil histoire de tester ma mémoire (il me semble que le personnage joué par Bill Murray tentait le coup).
La problématique de ce qu'on appelle la mémoire antérograde (amnésie à court terme) aurait pu selon moi être un peu plus approfondie.
Les circonstances de l'agression de Charlie sont connues dès les premières pages ce qui, loin de nous gâcher le suspense, installe d'emblée une tension qui ne retombera pas.
"Souviens-toi de demain" fait l'effet d'un long cauchemar éveillé. Un rendu accentué par des chapitres courts qui incitent à ne pas lâcher le livre, un rythme soutenu (sans être infernal) et un style simple mais efficace.
Bien que le sujet de la perte de mémoire soit un thème over-exploité dans ce type de thriller, j'ai trouvé cette lecture assez prenante, machiavélique et énervante comme j'aime, et qui se conclut par une fin qui aurait toutefois pu se passer de l'épilogue.
Un thriller parfait pour l'été qui m'a fait penser à du Pierre Lemaître (en moins tarabiscoté que "Robe de marié").
Je remercie les éditions Calmann-Lévy de m'avoir envoyé ce roman.
Le résumé me rappelle étrangement un autre roman anglo-saxon.
RépondreSupprimerPour ma part, plutôt déçue, il m'a trop fait penser à d'autres sur le même sujet, mais en moins bien...
RépondreSupprimerUne déception pour moi aussi... à part pour l'épilogue que j'ai au contraire trouvé plutôt bien foutu. Comme quoi...
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