Rédigé en 1974, "Confessions d'un fumeur de tabac français" est le journal tenu par l'écrivain français Roland Dubillard alors qu'il tentait de se débarrasser de son addiction à la cigarette.
Contrairement à Fabrice Valantine, héros du désormais célèbre "Fume et tue", le narrateur ne tue ici rien d'autre que le temps, notion qui, comme chaque fumeur repenti ou non le sait, s'avère des plus cruelles en période de sevrage.
Le narrateur n'en est pas à son premier coup d'essai mais cette fois-ci c'est certain, dresser la chronique de son combat quotidien le fera parvenir à ses fins !
En une petite centaine de pages, il nous dispense dès lors ses pensées présentées en vrac au fil de 14 journées qui verront se succéder la peur de faillir, la difficulté à changer ses habitudes et à se concentrer sur autre chose que sur l'abstinence, le caractère irremplaçable de cet objet pourtant si futile qu'est la cigarette, la mauvaise foi et la solitude dans laquelle le plonge cette démarche d'autant plus pénible qu'elle se doit d'être définitive pour être considérée comme réussie.
Continuer à arrêter, jour après jour, est devenu son obsession et une source d'angoisse permanente. Fumeur, il ne se posait pas de questions sur sa condition.
Mais voilà qu'il porte un regard neuf sur le monde maintenant qu'il se trouve de l'autre côté de la barrière. De nouvelles sensations olfactives apparaissent. A moins qu'il ne s'agisse en fait d'odeurs oubliées par des années de tabagisme?
" La cigarette creuse, avec son bout allumé, un terrier dans lequel il est possible d'oublier l'urgence du monde.
Il y a de la magie dans cette petite chose dont on ne parle pas. Ce soir, dans le métro, à la pensée que je n'allais pas fumer, il m'a soudain paru qu'il fallait un grand courage pour accepter le monde comme ça tout de suite. Tant qu'on accomplit cet acte futile, on se sent dispensé de vivre sérieusement, c'est-à-dire comme si on existait, comme si on était né.
Non par ses effets, mais par sa combustion même, le tabac est l'oubli, comme l'alcool." p.36
Il ne faut pas voir en ce petit opus une méthode miraculeuse pour arrêter de fumer mais le récit d'une expérience singulière.
Le narrateur s'intéresse ici au rapport étroit, intime même, qui unit le fumeur à la cigarette, objet qu'il met volontiers en parallèle avec Béatrice, cette femme tentatrice qu'il observe avec convoitise et qui représente pour lui une seconde source de frustration.
" La pipe est un objet. C'est l'adjectif possessif du tabac. Elle demeure, alors que du tabac rien ne séjourne. Elle vieillit.
Cette cigarette, l'essentiel est qu'elle soit fumée, peu importe par qui. Mais ma pipe, je la garde dans un tiroir. On prête une femme, on ne prête pas le désir qu'on a pu avoir d'elle, ni l'organe de ce désir." p.91
" Ce n'est pas d'un vêtement qu'on manque quand on est tout nu; c'est d'un regard; qu'on le craigne ou qu'on le souhaite; qu'il soit seulement possible ou qu'il soit réel, incarné dans un oeil; ou qu'il soit rêvé.
Ainsi, ce que j'appelle ma faim cessait de se promener décemment, presque invisible, dans sa robe de fumée. Elle était nue." p.106
Sur base de principes philosophiques - que je n'arrivais pas toujours à suivre je l'avoue - déclinés dans une forme avant tout poétique, le propos se veut dénué de tout jugement critique et illustre parfaitement la contradiction rejet/désir qui opère en chacun de nous lorsqu'il est question de plaisir et d'addiction.
Et pour ceux qui voudraient s'essayer aux bonnes résolutions pour l'année à venir ;)
Volonté et motivations ... 2011 j'arrête ( encore!)... et cette fois, j'espère que ce sera la bonne!
RépondreSupprimerRésolution pour 2011 :
RépondreSupprimerNe pas commencer (facile)
(autre résolution : manger moins de chocolat... Aie)
@Clara : Bon courage alors miss ! Le plus difficile n'est pas d'arrêter mais de continuer à arrêter...
RépondreSupprimer@Noann : le chocolat nuit moins à la santé ;)