24 juillet 2012
L'île des oubliés - Victoria Hislop
Disponible en librairie depuis le 10 mai, "L'île des oubliés" est le premier roman de l'écrivaine britannique Victoria Hislop.
A son arrivée à Plaka, Alexis rencontre Fotini, une vieille amie de sa mère Sophia qui lui raconte leur enfance et l'histoire de sa famille étroitement liée à Spinalonga.
Située au large de la côte nord de la Crète, la presqu'île fit office de léproserie (colonie de lépreux) entre 1903 et 1957.
Eleni, arrière grand-mère d'Alexis, dut rejoindre "le village des morts-vivants" alors que ses filles Anna et Maria étaient à peine âgées de 12 et 10 ans, les laissant seules avec leur père Giorgis, pêcheur et passeur chargé d'acheminer régulièrement de nouveaux malades à Spinalonga.
Le départ de sa femme fut un déchirement pour ce brave homme loin de soupçonner que d'autres malheurs arriveraient par la suite...
Je me méfie toujours des lectures estampillées "estivales" au ton généralement (trop)léger. Pourquoi en cette saison de l'année voudrait-on absolument se faire griller les neurones au soleil ?
Bref je ne m'attarderai pas sur ce point, d'autant plus que "L'île des oubliés" s'est avéré être davantage qu'un roman transat.
J'ignore ce qu'il en est pour vous mais pour ma part, je lis toujours un roman avec plus d'intérêt lorsque je sais qu'il prend place dans un contexte historique avéré.
Bien que le contenu de cette saga familiale soit purement fictionnel, la presqu'île de Spinalonga a quant à elle bel et bien existé de la façon dont il en est question dans le roman.
D'abord présentée comme un mouroir replié sur lui-même où les lépreux vivaient dans des conditions inhumaines, celle-ci évolua au fil des ans de par les efforts et les aménagements fournis par chacun de ses habitants.
Durant la seconde guerre mondiale, celle-ci fut largement épargnée par les Allemands qui craignaient trop que la lèpre ne contamine le continent.
Avant d'être désertée en 1957 à la suite de la découverte d'un traitement contre la maladie, elle était devenue une cité autonome, développant sa propre économie. Un village où il faisait même bon vivre et qui m'a en quelque sorte rappelé l'île de Guernesey et ses éplucheurs de patates.
J'ignore si la vision de l'auteure au sujet de cette île ne pêche pas un peu trop par excès d'angélisme mais je sais que, comme on s'abandonne à un conte, j'ai aimé croire à cette solidarité entre tous et à cette faculté d'aller de l'avant même dans l'adversité.
Mais ceci ne vaut que pour Spinalonga car sur le continent règne une ambiance propice à la peur et à la suspicion. N'importe qui présentant les symptômes de la lèpre passe instantanément du statut de personnage respectable à celui de pestiféré, forcé de rejoindre la presqu'île au plus vite.
Divisé en 4 parties, le roman se déroule entre Plaka et Spinalonga et est principalement centré autour des figures d'Eleni et de son mari Giorgis ainsi que de leurs deux filles, Anna et Maria, dont le lecteur suivra les destins sur plusieurs années.
Suite au départ de leur mère pour Spinalonga, Maria, sage et droite comme ses parents, se dévoue corps et âme pour se rendre utile auprès de son père là où Anna refuse catégoriquement de mettre la main à la pâte et se répand en plaintes à longueur de temps.
Deux personnalités contraires qui ne font que s'accentuer au fil du temps et contribuent à renforcer l'allure de conte de ce roman. Les personnages, bien croqués, restent fidèles à leur nature quoiqu'il arrive, peu importe ce que le "fatum" a décidé pour eux.
Contrairement à Anna qui n'aura pas volé ce qui lui arrive, j'ai ressenti une profonde tendresse pour Maria et son père et jusqu'au bout, j'ai espéré que la vie leur offre enfin un peu de répit.
"L'île des oubliés" dresse le portrait sur 3 générations d'une famille sans cesse exposée au drame, à l'opprobre et au secret et, en marge, celui d'une époque peu ouverte à la tolérance.
Seul point négatif : dans la mesure où Fotini raconte à Alexis l'histoire de ses ancêtres, je m'attendais à des interactions entre elles durant tout le récit. Or, à partir de leur rencontre, c'est comme si un narrateur extérieur prenait le relais jusqu'à ce que l'on retrouve ensuite les deux femmes dans les dernières pages.
Qu'à cela ne tienne, j'ai tout de même passé un agréable moment de lecture, ponctué par la prose pas exceptionnelle mais toujours juste de Victoria Hislop dont je suivrai les prochaines parutions.
MERCI aux éditions et à l'agence LP Conseils de m'avoir offert ce livre !
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Tiens, on m'a proposé ce livre, et j'ai laissé passer comme souvent. Cette ile se visite maintenant (j'y suis allée)
RépondreSupprimerVu les descriptions qui en sont faites dans le roman, je serais très curieuse de la visiter à mon tour, même si l'on n'y trouve plus que des ruines.
SupprimerTitre et auteur à retenir alors puisque tu les as si bien appréciés.
RépondreSupprimerOui, même si je n'ai pas mis d'extraits (ce qui veut généralement dire que je n'ai rien relevé de marquant dans l'écriture), j'ai été prise par l'histoire et ses personnages
SupprimerBien tentée par ce livre, moi qui en plus, suis allée visiter cette ile qui se trouve dans un cadre magnifique, le golfe d'Elounda.
RépondreSupprimerJe pense que tu l'aimerais pour l'évasion, le cadre historique et les destins tourmentés des personnages ;)
SupprimerCe livre pourrait m'intéresser je pense, d'autant que je me rends compte d'après le commentaire de Géraldine que j'ai visité cette région de la Crète. Les noms de lieux me semblaient quelque peu familiers, mais cela date d'une quinzaine d'années...
RépondreSupprimerUne occasion de revisiter la Crète et ce fameux îlot ;) Je te le recommande !
SupprimerCela semble pas mal et ton avis me donne envie. J'adore ton petit coup de gueule contre les lectures estivales et les envies de, je te cite, se faire griller les neurones au soleil !
RépondreSupprimerOui ça m'énerve de voir partout en librairie des romans chick litt et des romances gnangnan mis en avant "parce que c'est l'été" et qu'il faut mettre ses neurones en pause.
SupprimerJe ne vois pas en quoi la météo est censée influer sur nos goûts littéraires. Enfin disons que pour moi, ça ne change strictement rien :)
Rien que pour la thématique, je note ce livre. Et en plus la couverture m'attirait. ;)
RépondreSupprimerTu me donnes envie de découvrir ce premier roman, malgré quelques défauts.
RépondreSupprimerOh des ruines encore debout pour certaines!
RépondreSupprimerOh super, merci pour cette chronique ! Je viens de découvrir ce livre en librairie tu vois, presque un an après sa sortie apparemment ? Bref : le thème ancré dans l'Histoire me disais bien, mais je me demandais si ce n'étais ni trop historique, ni trop romancé (sachant que de toute façon dans le même temps je cherchais une romance pour changer de mes lectures actuelles) : Ta chronique me confirme que demain je vais acheter ce livre, même si je ne l'ai pas encore vu en poche...
RépondreSupprimerPS : j'ai vu ton bouton "visitez hellocoton" : tu y as une page ou...?
RépondreSupprimerMais qui a tue anna je ne me rappelles plus?
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