12 mars 2014

Violette Nozière Vilaine Chérie - Camille Benyamina & Eddy Simon


En librairie depuis le 15 janvier dernier, "Violette Nozière Vilaine Chérie" est un album illustré par Camille Benyamina et écrit par Eddy Simon.

"Violette Nozière Vilaine Chérie" retrace le parcours de la jeune Violette, condamnée à mort (puis finalement grâciée en 1945) pour l'empoisonnement de ses parents dont son père ne se relèvera pas.
Y avait-il quelque circonstance atténuante pouvant expliquer son geste ?
Enfant unique couvée par ses deux parents, la jeune fille ne manquait de rien, si ce n'est peut-être de distraction.
Délaissant les études pour leur préférer les virées dans le Quartier Latin, la jeune femme n'hésite pas à s'inventer des vies et à faire payer ses charmes aux hommes pour financer son train de vie.
Lorsqu'elle tombe amoureuse d'un jeune étudiant en droit désargenté, elle se retrouve vite à court d'argent et commence à dérober de l'argent à ses parents.
Alors que son père lui passe tout, sa mère voit ses mensonges d'un mauvais oeil et refuse de contribuer plus longtemps à sa vie frivole.



Comment ne pas céder à ce regard, à la fois dur et intriguant qui domine la couverture ?
Comme le laisse transparaître l'album, difficile de poser un jugement sur cette jeune fille tant il se dégage d'elle, malgré son crime indéniablement prémédité, une certaine insouciance.
Eprise de liberté qu'elle pense pouvoir obtenir grâce à l'argent, elle s'enfonce dans des mensonges plus mauvais les uns que les autres et grâce à un pharmacien (pas très regardant), se procure des barbituriques. Elle s'y prendra à deux fois avant d'arriver, à moitié (puisque sa mère survivra) à ses fins.
Aucun remords entre la première et la seconde tentative. Ce n'est que plus tard que Violette réalisera la gravité de son geste et demandera pardon à sa mère.


 

Durant ma lecture, j'ai beaucoup pensé à Madame Bovary et à Thérèse Desqueyroux, des femmes dont les actes extrêmes trahissent ce besoin impérieux de pouvoir choisir leurs vies, sans toutefois n'avoir aucune idée de la direction à prendre.
Le crime de Violette semble extrême en regard de ses revendications : on pense volontiers à un caprice d'enfant mais la jeune femme devait sans doute ressentir très intensément l'injustice qui régnait dans sa vie.
J'ai trouvé que "Violette Nozière Vilaine Chérie" présentait pas mal de points communs avec "Mauvais genre", lu il y a peu : les deux albums évoquent un fait divers médiatisé ayant le même cadre (Paris), la même époque (années folles), le même début (les deux albums s'ouvrent sur un procès avant de remonter le fil de l'histoire) et dont les personnages principaux sont prêts à tout pour assouvir leur soif de liberté.
J'ai beaucoup aimé ces dessins brumeux, patinés aux tons sépias et ces bouches rouges de femmes façon carte postale d'époque. Et surtout cette ambivalence psychologique ange/démon qui règne d'un bout à l'autre de l'album.
Petit plus non négligeable : l'album s'achève sur une notice biographique qui révèle la vie de Violette après sa libération.
Un album à ne pas manquer !



D'autres avis :  Choco - Noukette
 


Cinquième participation à la bd du mercredi chez Mango

Logo BD noirLogo BD rouge

12 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé cette BD. Ton parallèle avec Mauvais genre est pas mal. Je n'y avais pas pensé.
    J'avais été attirée par cette couverture, magnifique.

    RépondreSupprimer
  2. Un très joli coup de coeur cette BD, j'étais sûre que tu aimerais ! ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Effectivement je n'ai pas pu résister et j'ai bien fait car effectivement c'est tout à fait mon genre de bd ;)

      Supprimer
  3. Je cherche cet album depuis quelque temps à la bibliothèque; Je le lirai dès qu'il sera libre. La couverture est en effet très frappante. Quant à l'histoire, je la connais un peu mais je ne savais pas que la mère avait survécu et que Violette s'était repentie plus tard. Thérèse Desqueyroux, une des autres meurtrières de la littérature, je ne l'ai toujours pas très bien comprise bien qu'ayant aimé le livre. Il faut dire qu'elle est froide et peu sympathique. Peut-être Violette Nozière est-elle plus séduisante malgré l'horreur de ses crimes?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Concernant Thérèse Desqueyroux, je pense vraiment que ce personnage cherche sa liberté sans trop savoir quoi en faire. D'où cette fin en suspend et le fait que le lecteur n'arrive pas à bien comprendre cette femme. Je t'avoue que Violette ne m'a pas semblée plus sympathique ^^ Mais je lui ai pardonné à cause de sa jeunesse et de cette insouciance qui lui fait penser que l'argent achète la liberté.

      Supprimer
  4. Le dessin est assez surprenant mais on s'habitue il me semble. L'histoire est en tous cas intrigante. C'est noté!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un dessin qui reflète très bien l'époque je trouve. En tout cas moi je m'y croyais :) Curieuse de lire ton avis le jour venu !

      Supprimer
  5. Tu me donnes envie de découvrir à la fois la femme et la BD.

    RépondreSupprimer
  6. J'ai beaucoup aimé le dessin. Par contre, l'histoire, quoi que vraie, ne m'a pas touchée du tout.

    RépondreSupprimer
  7. oh même moi qui n'aime pas les BD, me voilà tentée !

    RépondreSupprimer