7 septembre 2014

Aussi profond que l'océan - Jacquelyn Mitchard (livre + film)


Publié aux USA en 1996 et traduit en français en 1998, "Aussi profond que l'océan" est le premier roman de l'écrivaine américaine Jacquelyn Mitchard, notamment auteure de "Comme des étoiles filantes" dont je vous ai parlé il y a quelques jours.

Beth Cappadora quitte Madison avec ses trois enfants pour se rendre à Chicago où a lieu la 15ème réunion annuelle des anciens étudiants de son lycée.
Arrivée à l'hôtel, bondé pour l'occasion, elle confie sa petite dernière à la baby-sitter et demande à Vincent, son aîné, de surveiller Ben, son jeune frère.
Le temps de payer sa réservation, Beth se rend compte que Ben a disparu.
La police lance rapidement les recherches et les bénévoles ne manquent pas pour distribuer les avis de disparition.
Mais malgré leurs efforts, Ben reste introuvable.
Dix ans plus tard, alors que Beth et sa famille vivent désormais à Chicago, un garçon d'une dizaine d'années frappe à leur porte...

" - Oui, dit Beth. Je voudrais dire quelque chose à celui qui a pris mon fils dans le hall de cet hôtel.
Je vous en prie, ayez pitié de moi, pensait Beth. Faites preuve d'un peu de compassion et rendez-moi mon enfant, je vous en supplie. Ne lui faites pas de mal...
- Voilà, je n'espère pas que vous me rendiez Ben, dit Beth.
Sarah Chan eut l'air de s'étrangler, la cameraman tressaillit et Beth sentit Pat reculer, comme si une guêpe l'avait piqué.
Mais Candy Bliss leva la main comme un agent de la circulation, et Beth la regarda droit dans les yeux, longtemps.
Tant que les grands yeux bleus de Candy Bliss ne cilleraient pas, elle saurait qu'elle pouvait continuer.
- Je n'espère pas que vous me rendiez Ben, parce que vous êtes un salaud, un fou, et que vous n'avez pas de coeur.
- Madame Cappadora, souffla Sarah. Beth...
- Si vous avez pu faire ça, c'est que vous ne vous rendez pas compte de l'enfer que nous vivons à cause de vous. Ou que vous vous en fichez.
Elle s'éclaircit la gorge.
- Alors je ne vais pas vous supplier. Mais à tous les autres, je dis ceci : s'il vous arrive de reconnaître Ben, vous saurez que la personne qui est avec lui n'est ni moi ni Pat. Ni sa maman ni son papa. Et si vous avez un coeur, je vous demande de tout faire pour lui reprendre Ben.
Même lui faire mal si vous y êtes obligés. Pas de problème, je vous en récompenserai : moi, ma famille, mes amis, nous vous en récompenserons.
On vous donnera tout ce qu'on a. (Beth fit une pause). C'est tout, dit-elle." p.73

Le roman


A l'instar de "Comme des étoiles filantes", "Aussi profond que l'océan" évoque un foyer brisé par un drame. Une famille cernée par la douleur, la culpabilité et les non-dits.
Beth a perdu pied et sombre dans un état léthargique, s'abandonnant entièrement à sa douleur.
Son mari Pat se plonge dans le travail et tente de continuer à vivre malgré tout tandis que leur fils Vincent accumule les mauvais choix et souffre en silence du manque d'intérêt de ses parents pour lui.
Envoyé chez un psy, il lui confie progressivement ce qu'il a sur le coeur.
Des dissensions règnent au sein de la famille et de la belle-famille.
Persuadée que Ben est mort, Beth ne supporte pas que ses beaux-parents continuent à déposer des cadeaux pour Ben tous les Noëls.
Mais comment faire le deuil d'un enfant dont on ignore si il vit encore ou non ?

Contrairement à ce que j'avais déploré dans "Comme des étoiles filantes", la psychologie des différents personnages est ici très bien rendue, particulièrement dans les profils de Beth et de Vincent, qui chacun à leur manière se sentent responsables de la disparition de Ben : elle parce qu'elle a laissé ses enfants sans surveillance rien qu'un instant et lui parce qu'il a lâché la main de son frère.
L'inspecteur Candy Bliss, qui au fil des ans a développé une véritable amitié avec Beth, n'est pas en reste non plus en matière de culpabilité.

Ce qui m'a principalement gênée dans ce roman, ce sont deux grosses incohérences qui selon moi ne pardonnent pas.
Comment Ben a-t-il pu disparaître au milieu d'une foule de gens qui connaissaient tous Beth et ses enfants sans qu'il n'y ait pas un seul témoin ?
La situation semble d'autant plus invraisemblable lorsqu'on apprend qui a fait le coup...
Un scénario gros comme deux pâtés de maison.
Deux pâtés de maisons, c'est justement la distance qui sépare ce jeune garçon ressemblant étrangement à Ben de la maison des Cappadora qui ont déménagé à Chicago.
Un garçon qu'ils n'avaient jamais remarqué en 4 ans jusqu'à ce qu'il sonne à leur porte !
Je ne sais pas vous mais le hasard fait quand même (trop) bien les choses...

Le film




Sorti en salles en 1999 avec Michelle Pfeiffer, Treat Williams et Whoopi Goldberg dans les rôles principaux, le film présente une version allégée, plus "familiale" (genre téléfilm du dimanche après-midi...).
Bien que Michelle Pfeiffer se défende bien dans ce rôle d'épouse et de mère éteinte, le personnage de Beth m'a semblé moins complexe, plus fade que dans le roman où elle était tout de même présentée comme ayant du tempérament.
La relation amour-haine entre Beth et Vincent perd également en profondeur et en complexité.
Idem pour l'amitié entre Beth et Candy, cette dernière étant simplement présentée comme l'enquêtrice.
Pour ne rien arranger, je ne suis pas parvenue à me représenter Whoopi Goldberg dans un rôle sérieux. J'avais toujours l'impression qu'elle était sur le point de raconter une blague alors que la situation ne s'y prêtait pas du tout...
Les entretiens entre Vincent et son psy - probablement ce qui m'intéressait le plus dans le roman - sont carrément passés à la trappe.

A choisir, privilégiez plutôt le roman au film même si vous aurez bien compris que je ne ressors pas très emballée de cette lecture.



A croire qu'il me manque toujours quelque chose avec cette auteure...


Merci aux éditions des Deux Terres de m'avoir envoyé cet ebook.

6 commentaires:

  1. Je n'avais pas été emballée du tout par le film, les ficelles étaient aussi grosses évidemment que dans le roman ; du coup, ça ne me donne pas envie de le lire.

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  2. Je me souviens du film, je n'avais pas vraiment accroché. J'avais trouvé cela trop facile.

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  3. Un sujet plombant. Si en plus il y a des incohérences, je passe mon tour.

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  4. Vu le film beaucoup plus jeune. Je n'en garde pas un souvenir impérissable !

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  5. Ah les incohérences !!!! ça m'énerve parfois !!! A croire que certains auteurs ne font pas relire leur manuscrit avant de publier !!!! Et puis comme j'ai l'esprit hyper logique, je tombe toujours direct dessus, et pareil pour les films...

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  6. Rien ne me tente, ni le film ni le roman. J'ai aussi de la peine avec les incohérences.

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