"Votre mort nous appartient" est une nouvelle publiée en 2009 et signée de l'écrivain français Antoine Lencou.
Roïn Venkoo est un homme mal dans sa peau et dans son époque. Marié à Olcéana Xinava, une créatrice de mode fantasque et égocentrique, il mène une vie sans plaisir dans ce monde cloisonné où les hommes servis par des machines et des androïdes restent confinés chez eux, travaillant à domicile et communiquant majoritairement par l'intermédiaire de réseaux de communication. Les religions ont disparu sous le poids de la promesse d'une vie éternelle et depuis que le Forum Féminin Familial désapprouve la grossesse, le taux de natalité est en chute.
Aliéné par cette société régie par une virtualité permanente, Roïn décide d'introduire une requête auprès du Service des Suicidés.
Mais son désir d'en finir avec la vie se heurte à une administration peu compatissante qui ne lui accorde un rendez-vous que dans 6 mois.
" Vous n'imaginez pas la quantité de dérogations nécessaires à l'obtention d'un permis de suicide, la prise en charge de l'euthanasie et le remplacement de votre poste vacant. Sans compter que les services d'enregistrement des décès sont complètement surchargés avec la nouvelle loi sur la classification et l'évaluation des âmes sauvegardées sur support holographique." p.9
Or Roïn n'en peut plus d'attendre et décide de se jeter du haut d'un immeuble.
A son réveil, il se rend compte qu'il a survécu et qu'il est sur le point de connaître sa sentence pour avoir outrepassé la loi. Le juge fait annuler sa demande de suicide pour une durée de 107 ans et l'oblige à intégrer l'administration.
" Il avait surtout oublié que la société, sa société, ne pouvait tolérer un décès qui n'entrait pas dans ses préceptes de vie. Elle l'avait donc ressuscité, et ses interrogations de son vivant laissaient place à des craintes sur son après-mort. Qui était-il devenu? Comment? Dans quelles conditions? Chaque cellule de ses chairs, chaque pore de sa peau, chaque pensée de sa conscience lui posaient tous la seule et même question : suis-je encore moi-même? Nul - et surtout pas lui - ne pouvait l'affirmer. Il en souffrait le martyre." p.37
Roïn choisit d'être affecté à l'Administration des Défunts. Bien que les décès surviennent encore, les âmes sont conservées sur support magnétique et peuvent être réimplantées dans un corps si besoin est. La mission de Roïn consiste à repérer les doublons et à les effacer.
Mais au bout de quelques jours, le jeune homme constate une faille dans le système...
" Décidément, il ne comprenait pas sa société, ses aspirations et ses desseins. Sans doute, ces enregistrements étaient à l'origine de son propre devenir. La technologie et la médecine de son époque les avaient transformés en une arme contre la mort, et la plupart de ses concitoyens, sinon la totalité, voyaient en eux le progrès ultime, définitif. Mais à quel prix? Celui de leur avilissement." p.57Découpé en 25 chapitres courts, "Votre mort nous appartient" nous plonge dès les premières lignes dans un univers aux accents futuristes, lisse et aseptisé, au sein duquel les technologies régissent les rapports entre les êtres humains.
Portés par un individualisme exacerbé, les hommes vivent en autarcie dans des appartements minimalistes mais modulables à souhait et qui contiennent tout ce qui est nécessaire à une vie d'assisté. Qui ne rêverait pas de se faire masser par un coussin qui lui tend les bras ou de se voir offrir n'importe quel rafraîchissement par sa table de salon?
A l'évidence plus humain que les autres individus de son espèce, Roïn est un incompris, une âme sensible et réfléchie à qui cette oisiveté ne suffit pas. Contrairement aux autres, il aime se rendre au travail et prendre l'air pour admirer le monde extérieur.
C'est pourtant depuis son salon que Roïn devra s'en remettre à une table espionne et un coussin hacker pour mener l'enquête et prouver la faillibilité du système en place, un système qui a fait de la mort son fond de commerce.
" L'avenir appartient à ceux qui savent l'anticiper." p.19
Même si au cours de ma lecture, j'ai ressenti comme un goût de déjà lu/vu (je pense notamment aux oeuvres d'Orwell et de Wells, le tout baignant dans une absurdité toute kafkaïenne), j'ai trouvé l'intrigue cohérente et les personnages fort bien brossés et surtout, j'ai pris plaisir à voir les dérives de notre société (surpopulation, pollution, rentabilité maximum, mécanisation croissante des services, invasion du virtuel,...) soumises à l'imagination et à la plume vive et souvent drôle d'Antoine Lencou !
MERCI à et à de m'avoir offert ce livre !
Le titre pourrait dissuader mais ce que tu dis aurait tendance à me donner envie !
RépondreSupprimerJe note ... ça m'intéresse !
RépondreSupprimerje le note, car ton billet me donne envie de le lire
RépondreSupprimerS'il est dans la lignée des livres d'Orwell, je devrais aimer!
RépondreSupprimerLe titre est accrocheur, j'aime Wells, j'aime Orwell, je pense que ce livre pourrait me plaire !
RépondreSupprimerJe n'aime pas tellement ce genre d'intrigues futuristes même si j'aime ce qu'elles dénoncent (paradoxale, je sais)
RépondreSupprimerSinon tu vas bien ?
Il me plairait, je pense !
RépondreSupprimerJ'hésite...j epnse que ce n'ets pas un livre pour moi !
RépondreSupprimerJ'aime bien quand il y a de l'humour.
RépondreSupprimerJe n'ai lu ni Orwell ni Kafka... Faudrait peut-être que je commence par eux non ?
RépondreSupprimerTon billet me donne envie de me laisser tenter ! :-)
RépondreSupprimerPour découvrir un peu de SF, j'organise un petit concours chez moi:
RépondreSupprimerhttp://lespeuplesdusoleil.hautetfort.com/archive/2010/12/06/concours-gagnez-un-exemplaire-de-galaxies-science-fiction.html
je ne connaissais pas mais j'ai lu et j'ai aimé. merci
RépondreSupprimerLe titre m'avait accroché... et je n'ai pas été déçue, le livre a été dévoré puis... rendu à son propriétaire...
RépondreSupprimerBonne inspiration pour la suite
NowmadNow
Oh oh ! Le résumé et ce que tu dis me donne envie, je note :)
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