Publié aux USA en 2006 et traduit en français en 2008, "La route" est un roman de l'écrivain américain Cormac McCarthy, notamment auteur de "No Country for Old Men" ou de "De si jolis chevaux".
"La route" s'est vu décerner le prix Pulitzer en 2007 et a fait l'objet d'une adaptation cinématographique en 2009.
" Aucune liste de choses à faire. Chaque jour en lui-même providentiel. Chaque heure. Il n'y a pas de plus tard. Plus tard c'est maintenant. Toutes les choses de grâce et de beauté qui sont chères à notre coeur ont une origine commune dans la douleur. Prennent naissance dans le chagrin et les cendres. Bon, chuchotait-il au petit garçon endormi. Je t'ai toi." p.54
Dans un monde ravagé quelques années plus tôt par une mystérieuse catastrophe irréversible (on en saura pas plus), un homme et son fils (on ne connaît pas leurs noms) poussent un caddie le long d'une route qui les dirige vers le sud.
Autour d'eux règnent le froid, le silence et autant de décors désolés témoignant de la disparition de la faune, de la flore, et de toute trace d'humanité...
Les journées se suivent et se ressemblent, succédant à des lendemains toujours incertains. Alors on cherche de la nourriture (autant je ne suis pas étonnée que l'on puisse trouver une cannette de Coca buvable, autant je n'ai pas été convaincue par la miche de pain intacte après plusieurs années, un peu dure quand même hein nous dit l'auteur), on cherche un bon coin où "bivouaquer" en prenant garde à ne pas se faire repérer par les méchants cannibales (là encore on en saura pas plus).
La lutte pour la survie donc...
Je ne me souviens plus de ce qui m'avait poussée à acheter ce roman mais je sais que j'ai longtemps hésité à me décider à le lire.
Je craignais de m'ennuyer ferme et c'est hélas exactement ce qu'il s'est passé.
Dès les premières pages, j'ai déploré l'utilisation hasardeuse de la virgule et la répétition abusive de certains mots ("gris", "cendre", la palme revenant à "bivouac" qui pour moi restera à jamais associé à ce roman...).
A l'image des deux personnages principaux, j'ai progressé à l'aveugle à travers ces paysages calcinés et invariablement désespérants. Ce monde véritablement éteint et dans lequel il y a plus de chance de bouffer les pissenlits par la racine que de trouver une quelconque nourriture comestible.
Je crois que n'importe qui, dans ce genre de situation, se tirerait une balle.
D'ailleurs, il n'en reste qu'une seule à l'homme, juste au cas où...
De temps en temps, une lueur d'espoir grâce à la découverte de quelques vivres oubliés, à peine de quoi repousser de quelques jours la terrible échéance.
Les répits sont toujours de courte durée lorsqu'il faut faire face au froid, à la faim et au danger qui rôde ( très malin d'ailleurs l'usage du pistolet d'alarme pour ne pas se faire repérer, et pourquoi pas un feu d'artifice ?).
Parfois se pose le choix de tuer ou d'être tué. Et toujours l'enfant (peut-être dernier symbole de l'Humanité) de rappeler à son père qu'ils doivent rester les gentils.
S'agissant de l'histoire, je ne saurais en dire beaucoup plus, pour la simple et bonne raison qu'il ne se passe pas grand chose dans ce roman aux contours volontairement flous.
A côté de "La route", "Madame Bovary" passe pour un livre d'action...
Les descriptions de paysages s'enchaînent, non sans une certaine monotonie, et les dialogues père-fils s'avèrent des plus sommaires (en résumé ça donnerait : "Papa j'ai peur. Faut pas mon fils").
Et l'Homme de défendre quelque peu l'auteur en me demandant : "Mais comment veux-tu donner de la couleur à une histoire qui n'en a aucune ?"
Vrai même si ça ne rend pas la chose plus lisible pour autant...
Pour ne rien arranger, malgré la mise en page assez aérée, j'ai trouvé le style (ou la traduction ?) froid et franchement lourd du fait des nombreuses énumérations à rallonge.
" Il sortit la bouteille d'eau en plastique et dévissa le bouchon et la tendit au petit et le petit la prit et but debout. Il abaissa la bouteille et reprit son souffle et s'assit sur la route et croisa les jambes et se remit à boire. Puis il tendit la bouteille et l'homme but et revissa le bouchon et fouilla dans le sac. Ils mangèrent une boîte de haricots blancs qu'ils se passaient à tour de rôle, et il jeta la boîte vide dans les bois. Puis ils repartirent sur la route. Les types du camion avaient bivouaqué à même la route." p.66
Un roman indigeste dont je n'ai vraisemblablement pas réussi à apprécier la poésie qu'y ont vu certains lecteurs.
Le film
Autant dire que j'étais plutôt réticente à l'idée d'enchaîner avec le film (et de me farcir deux heures de "tristitude" supplémentaires).
La chose est très rare voire exceptionnelle mais pour une fois, j'ai préféré un film à un roman !
Tout ce que je reprochais au roman s'est vu gommé par l'image et les choix posés par le réalisateur.
Au lieu d'avoir recours à un narrateur extérieur comme le faisait Cormac McCarthy, il confie la narration au père, ce qui a pour effet de créer un lien plus direct avec le spectateur.
L'image a ceci d'intéressant qu'elle s'impose d'elle-même et ne nécessite pas mille répétitions comme c'est le cas dans le roman. Je ne dis pas que l'ambiance est moins lourde dans le film, juste qu'on nous le rappelle moins...
Le script a su préserver l'essentiel des scènes du roman. Le personnage du père est l'exacte réplique de celui que j'imaginais en lisant. En revanche, du fait de certaines scènes coupées, le personnage du fils s'avère ici moins trouillard que dans le roman (où il passait son temps à demander à son père de ne pas rentrer dans telle ou telle maison).
Les acteurs Viggo Mortensen (Aragorn pour les zintimes) et le jeune Kodi Smit-McPhee ont parfaitement réussi à s'imprégner de rôles qui jouent beaucoup sur les silences et les regards.
Je ne vous dirai pas que les paysages sont superbes car il n'en est rien. Mais ils correspondent exactement à cette vision tout droit sortie des enfers dépeinte dans le roman.
Autant dire qu'à choisir, je vous recommande donc plutôt le film :)
D'autres avis : Theoma - Lili Galipette - Choco - Leiloona - Stephie - Sandrine - Kathel - Reka - Keisha
J'ai découvert "La route" dans le cadre du challenge anniversaires d'écrivains proposé par Ys (Cormac McCarthy fête aujourd'hui ses 80 ans).
Pour ma part, le prochain rendez-vous est fixé au 3 août prochain pour célébrer les 70 ans de Steven Millhauser (avec "La Vie trop brève d'Edwin Mullhouse" ou "Le lanceur de couteaux" ou bien les deux si j'en ai le temps :)).
Je fais partie de ce peu de persones qui n'ont ni lu le livre ni vu le film..
RépondreSupprimerEt tentée ni par l'un ni par l'autre si j'ai bien compris ? :)
SupprimerTout ce que tu soulignes en gras, je l'ai retrouvé dans "De si jolis chevaux" : la virgule parcimonieuse, les répétitions, les dialogues précaires, la nature, les contours flous... autant dire que ce sont des caractéristiques récurrentes du style McCarthy, dont j'ai lu quatre romans qui ne m'ont pas tous autant plu que "La route", très très grand livre à mes yeux dont je me souviens très bien 5 ans après lecture. Alors bien sûr, pas question de voir le film, même avec Mortensen...
RépondreSupprimerMerci de ta participation à cet anniversaire, et au 3 août ;-)
Ce que tu dis là ne me rassure pas :) Pas sûr que je retente le coup avec l'auteur...Mais pas mécontente d'avoir enfin découvert ce roman qui trainait dans ma bibliothèque. Vraiment sympa cette idée d'anniversaire :)
SupprimerJe comprends ta réaction pour le roman! Je n'ai pas pu le continuer longtemps: je l'ai laissé tomber en cours de route: trop sombre et ennuyeux! Avec lui, je déprimais!
RépondreSupprimerC'est pas un livre qui redonne le moral c'est clair :P Je l'ai terminé parce qu'il n'était pas long et parce que je voulais pouvoir le comparer avec le film. Si il avait fait plus de 500 pages, heu...je pense que j'aurais quand même laissé tomber...
SupprimerNe compte pas sur moi en tout cas pour t'encourager à le finir ^^
Je ne sais trop quoi te dire pour te faire changer d'avis sur ce livre que j'ai vraiment beaucoup aimé. ;-)
RépondreSupprimerIl n'y a rien à dire je pense :P Tous les goûts sont dans la nature et il est certain que ce roman n'était pas fait pour moi ;)
Supprimer"A côté de "La route", "Madame Bovary" passe pour un livre d'action... "
RépondreSupprimerMe voilà fixée ! J'ai bien ri en lisant ta phrase. Bon comme toi, je fuyais ce livre par peur de l'ennui, je vais donc poursuivre ... ma route !
Oh qui sait, peut-être qu'il te plairait :P
SupprimerJ'ai adoré ce livre !
RépondreSupprimerOn l'adore ou on le déteste apparemment :p
SupprimerJe n'ai toujours pas envie de le lire celui-là, de le voir non plus. Peut-être quand il passera à la télé, et encore ..
RépondreSupprimerA choisir, je te conseillerais plutôt le film :)
SupprimerMoi qui hésitais à voir le film, tu m'as convaincu, finalement.
RépondreSupprimerHeureusement, tu ne t'es pas tiré une balle....
Comme Manu, ta comparaison avec Bovary m'a bien fait rire... et me laisse penser que je vais continuer à garder ce livre à distance. Par contre, le film (et Vigo, sale et barbu) pourquoi pas? ;-)
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu ce roman dont le sujet ne me tente pas mais j'ai beaucoup aimé ton billet. :)
RépondreSupprimerJe n'irai pas jusqu'à dire qu'il est indigeste ce roman mais il est... spécial en tous cas ! C'est rvai que tout ceci est très lent et très répétitif...
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