3 août 2013

Le lanceur de couteaux - Steven Millhauser


Publié aux USA en 1998 et traduit en français l'année dernière, "Le lanceur de couteaux" est un recueil de nouvelles rédigé par l'écrivain américain Steven Millhauser, notamment auteur des romans "La vie trop brève d'Edwin Mullhouse" et "Martin Dressler. Le roman d'un rêveur américain".

12 nouvelles et autant d'invitations au voyage et à la rêverie, aux confins du raisonnable.

"Le lanceur de couteaux" s'est rendu célèbre par son adresse et les "blessures artistiques" laissées en signature aux volontaires avisés. Au cours d'une représentation, un jeune garçon s'avance sur la scène pour recevoir la marque ultime...
Un homme reçoit une lettre de son ami Albert qu'il n'a plus revu depuis 9 ans et qui l'invite à lui rendre "Visite" afin de rencontrer sa femme. Intrigué, il se rend sur les lieux et découvre une épouse d'un genre particulier.
Elles sont âgées entre 12 et 15 ans et ont fait voeu de silence. Elles ne se déplacent que durant la nuit et vouent une prédilection aux endroits obscurs. Parmi les parents inquiets, il se murmure que "Les soeurs de la nuit" s'adonnent à de curieux rites.
Lorsqu'il est surpris au lit avec sa maîtresse par le mari de celle-ci et que le lendemain matin il voit débarquer chez lui deux hommes étrangement polis, Harter est loin de soupçonner "L'issue" qui lui sera réservée.
"Le nouveau théâtre d'automates" suscite l'admiration de tous, grâce au talent du jeune Heinrich qui a réussi à créer des automates plus vrais que natures.

Dans ce recueil, vous aurez aussi l'occasion de voyager en "Tapis volants" ou de survoler un monde en guerre du haut d'une nacelle ("Fuite en ballon, 1870"), de vous promener la nuit au "Clair de Lune" à travers le regard d'un jeune garçon amoureux, ou encore d'assister à l'inauguration du parc d'attractions "Paradise Park" ou du nouveau magasin né du "Rêve du consortium".

" Peut-être l'excès même de ces affirmations amplement fondées aurait-il dû nous alerter, car si un art vient pour de bon d'atteindre sa plus riche expression, il est alors permis de se demander si l'élan qui l'a entraîné dans la direction de sa pleine réussite n'est pas de nature à l'entraîner aussi au-delà de ses limites légitimes.
C'est ainsi qu'il est possible de se demander si la forme la plus accomplie de tout art ne contient pas les éléments de sa propre destruction - si la décadence, pour dire les choses simplement, loin d'être le contraire maladif de la parfaite santé d'un art, n'est pas simplement le résultat d'un élan qu'ils ont en partage." p.139

Nul doute que Steven Millhauser soit un conteur né. J'ai réellement été charmée par les premiers textes qui composent ce recueil. J'ai tremblé en même temps que le public du lanceur de couteaux, ri de la rencontre improbable entre l'ami d'Albert et son épouse, ait partagé l'inquiétude de ces parents vis-à-vis de leurs filles qui se volatilisent dans les bois durant la nuit.
J'ai été captivée par le destin de ce fabricant d'automates. J'ai d'ailleurs pensé au film "L'illusionniste" que j'affectionne particulièrement et en fait il s'avère que la nouvelle "Eisenheim l'illusionniste" rédigée par l'auteur est à l'origine du film.
Je me suis retrouvée telle une gamine dans "Charlie et la Chocolaterie" version supermarché de tous les possibles, bavant devant chaque vitrine imaginée par l'auteur.
Les narrateurs, seuls ou bien souvent regroupés autour d'un "nous", font part de leur admiration mêlée d'appréhension par rapport à des situations extravagantes, hors de portée, qui échappent à leur entendement et à leur contrôle.
Leur perception du monde en est modifiée, sans qu'ils ne puissent fournir d'explication rationnelle.

Entre les lignes, il est surtout question ici des USA et de ses ambitions disproportionnées qui donnent lieu à des projets exubérants voire indécents, d'obsessions, d'hommes engloutis par leurs créations, de réalités que certains pensaient inaccessibles au delà du rêve.


La quatrième de couverture parle de l'auteur comme d'un "virtuose du rêve éveillé".
Malheureusement, certains textes ma foi irréprochables en terme de style, m'ont fait piquer du nez...
Au bout d'un moment, je me suis lassée de certaines descriptions à n'en plus finir, larguée et sans volonté de retrouver mon chemin.
Mon intérêt fléchissant de plus en plus, j'ai décidé de ne pas lire les deux dernières nouvelles de ce recueil.
C'est vraiment dommage car l'auteur ne manque pas d'inventivité et que certaines parenthèses enchantées valent vraiment le détour !



L'avis de Clara

J'ai découvert "Le lanceur de couteaux" dans le cadre du challenge anniversaires d'écrivains proposé par Ys (Steven Millhauser fête aujourd'hui ses 70 ans).
Pour ma part, le prochain rendez-vous est fixé au 5 octobre prochain pour célébrer les 70 ans de Michael Morpurgo (avec "Soldat Peaceful" puisque c'est le seul titre de l'auteur qui figure dans ma PAL).
 


12 commentaires:

  1. Réponses
    1. Oui je m'en souviens bien :) J'aurais vraiment aimé pouvoir en dire autant...

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  2. Tu m'as entendue ? Je retenais ma respiration au début de ton billet et j'ai fait "ouf !" à la fin. Car moi aussi j'ai abandonné la lecture du roman de Millhauser entreprise pour cet anniversaire, les descriptions à n'en plus finir on eu aussi raison de mon intérêt. Je te suggère de lire le billet de Manu qui a aimé "Martin Dressler".

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    1. Evidemment j'ai pensé à toi durant ma lecture :) Je manquais de temps pour "Edwin Mullhouse" et je dois dire que ton email m'avait quelque peu refroidie ^^ Du coup, je me suis décidée à lire ces nouvelles. Martin Dressler me tente quand même :)

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  3. Il semble que cet auteur pêche toujours un peu par excès, et que ses bonnes idées finissent un peu par devenir ennuyeuses. J'ai aimé Martin Dressler mais certaines parties m'ont aussi lassée. Ce recueil avait l'air prometteur mais semble souffrir du même défaut. Dommage.

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    1. La première partie vaut vraiment le coup mais je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ai décroché dans la seocnde moitié :/ Je vais aller lire ton billet sur Martin Dressler qui me tentait déjà beaucoup (même si pas encore dans ma PAL) :)

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  4. Cela fait un moment que j'ai envie de découvrir cet auteur (on m'a beaucoup parlé du recueil "We Others") et le petit bémol que tu y mets ne me décourage pas, tu as quand même lu des choses incroyables visiblement!!

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    1. Oui je n'en ressors pas complètement déçue et de toute façon, il me reste encore "Edwin Mullhouse" dans ma PAL et "Martin Dressler" qui me tente aussi :)
      Je ne connais pas le recueil dont tu parles, je vais me renseigner merci !

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  5. J'espère bien pouvoir lire au moins le prochain: Morpurgo et ne pas être déçue. Je vais voir ce qu'il a écrit car je ne le connais pas encore comme d'ailleurs Millhauser, mais je choisirai plutôt un de ses romans.

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    1. Ys a laissé tomber Edwin Mullhouse donc pour ma part, je tenterais plutôt "Martin Dressler" comme prochaine lecture de l'auteur.
      Je ne connais pas Morpurgo non plus, ce sera l'occasion :)

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  6. Je vais m'en tenir à un de ses romans de préférence. J'espère bien pouvoir découvrir aussi Morpurgo la prochaine fois!

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  7. J'avais bien piqué du nez aussi avec Martin Dressler. Du coup, comme je ne suis déjà pas très nouvelles, je pense éviter ce recueil. Pas sûre d'ailleurs que je retenterai un jour cet auteur...

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