Publié aux USA en 1964, "Les Deux Visages de janvier" est un roman de l'écrivaine américaine Patricia Highsmith, particulièrement connue pour son premier roman "L'Inconnu du Nord Express" - adapté au cinéma par Alfred Hitchcock - et sa série de romans centrés autour du personnage de Tom Ripley.
Au début du mois de janvier, Chester MacFarland et son épouse Colette accostent au Pirée pour rejoindre Athènes et ainsi échapper aux USA où Chester est désormais connu pour ses escroqueries.
Alors qu'un inspecteur de la police grecque semble avoir identifié Chester, celui-ci l'assomme dans sa chambre d'hôtel et croise le jeune Raydal Keener dans le couloir au moment de dissimuler le corps.
Habitué à monnayer tout service rendu, Chester est fort surpris de constater que ce jeune étudiant en droit sans argent lui vienne en aide et semble plus intéressé par sa femme que par ses billets verts...
Kirsten Dunst est une actrice que j'apprécie beaucoup (l'homme aussi mais à mon avis pas pour les mêmes raisons :)) et avec laquelle j'ai "grandi" en quelque sorte puisque nous avons le même âge et que j'ai pour ainsi dire vu tous ses films depuis ses débuts dans "Entretien avec un vampire".
Je ne pouvais donc pas passer à côté de ce film et j'en ai du coup profité pour découvrir le roman juste avant mon passage en salle.
Le roman
Chester MacFarland est un agent de change véreux qui a bâti sa fortune sur l'ignorance d'actionnaires peu regardants. Dès le début du roman, on le sent en mauvaise posture, toujours sur le qui-vive, traqué, buvant plus que de raison.
Sa femme Colette, plus jeune de 20 ans, fait figure d'oie blanche. On imagine difficilement un couple plus disparate.
Bien qu'elle soit au courant des activités frauduleuses de son mari, elle n'avait sans doute pas imaginé qu'ils en arriveraient à fuir de pays en pays au gré des avis de recherche.
Contrairement à ce que j'imaginais, elle ne joue ici qu'un rôle mineur, faisant office de trophée que Chester et Raydal se disputent.
C'est d'ailleurs mon seul regret dans ce roman : l'absence d'émotions de la part des deux hommes la concernant.
Non seulement elle joue avec le feu en ne cachant pas son attirance pour Raydal mais elle signifie clairement à son mari qu'elle n'apprécie plus d'être sa complice malgré elle.
Il est donc principalement question ici d'une rivalité et d'un règlement de comptes entre deux hommes qui se retrouvent à la merci l'un de l'autre puisque chacun détient une information qui pourrait faire tomber l'autre.
Là où le roman se veut particulièrement intéressant, c'est dans sa dimension psychologique puisqu'il est centré sur cette relation étrange qui lie Chester à Raydal.
La première fois que Raydal aperçoit le couple, il est non seulement troublé par Colette qui lui rappelle son amour de jeunesse interdit, mais il est surtout frappé par la ressemblance entre Chester et son défunt père, un homme de loi droit dans ses bottes qui avait l'habitude de tout régenter.
Au delà de la ressemblance physique, bien que Chester soit tout le contraire d'un honnête homme, il affiche cette même tendance au contrôle, principalement grâce à l'argent.
On a donc l'impression qu'à travers son conflit avec Chester, Raydal prend sa revanche sur ce père autoritaire avec lequel il n'a pas eu le temps de régler ses comptes.
Et cela marche puisque Chester perd progressivement sa femme, son argent, sa vie...
Bien qu'il y ait pas mal de chassés-croisés entre les deux hommes, ne vous attendez pas à moults retournements de situation. "Les Deux Visages de janvier" est un policier de facture classique, ni plus ni moins (et c'est très bien comme ça :))
Le film
Réalisé par Hossein Amini à qui l'on doit notamment l'excellent "Drive"
Rien à redire concernant les performances des 3 acteurs principaux que sont Kristen Dunst (Colette), Viggo Mortensen (Chester MacFarland) et Oscar Isaac (Raydal Kenner). Un trio vraiment impeccable.
J'ai vraiment apprécié que le rôle de Colette soit un peu plus consistant dans le film que dans le roman (elle m'avait semblé un peu trop naïve) et que le réalisateur laisse paraître plus d'émotions chez les deux hommes que ne l'avait fait la romancière.
Paradoxalement, si le roman nous montre plus en avant la relation entre Colette et Raydal, il fait complètement l'impasse sur les sentiments des deux hommes, là où le film qui donne l'impression que ces deux-là viennent juste de faire connaissance, en dit plus long sur les émotions des deux rivaux.
Comme je venais de terminer le roman juste avant de me rendre au cinéma, j'ai évidemment tiqué sur plusieurs différences (notamment au tout début et à la toute fin) par rapport au scénario d'origine.
La plupart ne m'ont pas dérangée, bien que je ne comprenne pas l'intérêt de changer pour changer, le scénario de Patricia Highsmith étant parfaitement transposable à l'image dans son intégralité.
Néanmoins, je n'ai pas aimé que le personnage de Raydal passe pour un gigolo petit arnaqueur de touristes, ce qu'il n'est pas dans le roman.
Mais surtout je trouve que la vraie raison du conflit entre les deux hommes, bien que rapidement évoquée au tout début, ne transparaissait pas dans le film.
Au contraire, on a l'impression d'une simple querelle entre coqs alors que c'est plus profond que cela !
Ceci dit, ceux qui n'auront pas lu le roman avant de voir le film, ne le relèveront sans doute pas.
A voir pour le bon jeu d'acteurs et si vous aimez les films noirs à l'ambiance années 60 et les paysages grecs :)
Jamais fan de ce genre de littérature, je passe mon tour ! :)
RépondreSupprimerBah un petit policier classique de temps en temps, ça change non ? :)
SupprimerSympa cette comparaison entre les deux. Tu me tentes, pour les acteurs.
RépondreSupprimerOui la performance des acteurs en vaut le détour ;)
Supprimer