"L'éclat du diamant" est un polar, premier roman de l'auteur français John Marcus paru cet été chez L'Autre éditions.
Le récit s'ouvre sur une série de meurtres a priori sans lien apparent les uns avec les autres. D'abord un couple en vacances puis un industriel de la pêche, ensuite un collectionneur de reptiles et finalement un grand reporter sont retrouvés assassinés.
Le commissaire Delajoie de la Brigade criminelle est saisi de l'affaire. Une piste le mène rapidement dans les bureaux de Tam Tam, une agence de communication dont le frère du reporter assassiné est l'un des associés fondateurs.
Qui est coupable? Réponse dans le livre :)
Tout d'abord, je dois bien avouer que je ne suis pas une fervente lectrice de romans policiers.
Je trouve le genre de plus en plus caricatural... Les enquêteurs se voient systématiquement affublés d'un sombre passé ("papa était flic et est mort en mission, je veux continuer ce qu'il a commencé"/"papa a été tué par un méchant, je consacrerai ma vie entière à retrouver son meurtrier), d'une addiction à l'alcool ou aux femmes. Ils sont rarement mariés et bien plus souvent divorcés (madame est partie parce que monsieur n'était jamais à la maison, toujours en mission,...).
Enfin quoi, ça n'existe pas les flics qui ont choisi leur métier par simple vocation? Qui ont encore leurs parents et leurs femmes?
Bien sûr, chaque individu a son côté sombre et l'inspecteur Delajoie n'y fait pas exception dans ce roman. Mais j'ai aimé que l'auteur n'axe pas uniquement la psychologie de son personnage sur ses souvenirs ou ses démons mais qu'il s'attache à la difficulté d'exercer un métier dans la police, qu'il nous éclaire sur les réflexions intérieures de l'inspecteur, contribuant ainsi à le rendre plus humain en brisant cette image procédurale que l'on peut avoir de la police.
" Etre flic, à la criminelle, ce n'était pas exercer un métier et encore moins un sacerdoce, c'était simplement entrer en guerre contre un ennemi plus redoutable que le pire des salopards : soi-même. Pour résister, il fallait absolument tenter de cloisonner les deux existences, circonscrire les territoires, bref, fuir la confusion, le désordre et la peur. A ce prix, l'homme pouvait survivre au flic." p.47
Comme je le disais, le roman policier n'est pas un genre vers lequel je tends d'habitude. Mais ce roman-ci a su piquer ma curiosité en se présentant comme différent (et croyez-moi, il l'est!) au sens où il combinait polar et documentaire.
En effet, bien que nous suivions une enquête avec son lot d'intrigue et de rebondissements, les investigations se voient entremêlées (ou plutôt de mon point de vue, mises en mode pause) de passages documentaires ayant pour but d'éclairer le lecteur quant aux milieux sur lesquels porte l'enquête (publicité, grande distribution, économie,...)
Bien que je partage la plupart des opinions émises par l'auteur, je dois bien avouer m'être demandée à plusieurs reprises ce que celles-ci venaient faire dans un polar, d'autant que ces prises de position étaient clairement présentées comme venant de l'auteur et non de l'un de ses personnages.
" Rien n'avait changé évidemment, ou trop peu, sauf les mots eux-mêmes qui avaient sanctifié cette nouvelle virginité. Certes on faisait bien quelques efforts : on externalisait l'esclavage ; on envoyait des escouades de bénévoles nettoyer les plages goudronnées ; on installait les filatures dans de discrets îlots indonésiens ; on déménageait à l'ombre de la nuit secrète l'outillage des usines délocalisables que bloquaient des syndicats rétrogrades, intransigeants et sectaires ; on substituait les projets de départs volontaires aux vagues de licenciements collectifs ; on ne donnait plus congé au salarié "pour raison économique", mais "pour motif personnel". " p.100
Beaucoup d'informations instructives certainement mais qui m'ont ralentie dans la progression de ma lecture au point que j'ai été tentée, il est vrai, de sauter quelques passages pour pouvoir enfin connaître l'issue de l'enquête (la moindre des choses lorsqu'on lit un polar).
Aurais-je été moins dérangée par ces digressions si elles émanaient de l'un des personnages plutôt que des interventions d'un "témoin extérieur" en la personne de l'auteur? Je ne sais pas. D'un côté je pense que les enquêteurs sont des hommes dotés comme tout le monde de la capacité à pouvoir se forger un avis mais d'un autre, ce sont également des hommes tenus à l'objectivité et dont le jugement ne doit se fonder que sur des preuves établies et non sur des a prioris sur tel ou tel milieu.
Peut-être aurait-il été possible de faire en sorte que ces prises en position restent secrètes, intérieures mais je pense que j'aurais ressenti le même effet de digression au bout du compte.
J'ajouterais que j'ai également trouvé dommage que la couverture mentionne un "polar de l'été", terme à connotation négative de "roman plage facile à lire"selon moi, alors que le roman se veut justement richement documenté (d'ailleurs, si vous êtes curieux de connaître le fonctionnement du 36, quai des Orfèvres, ce roman est fait pour vous!).
Voilà une intrigue qui m'a bien plu (j'ai beaucoup aimé la plume de l'auteur et sa façon d'aborder la psychologie de ses personnages) mais dont je regrette l'aspect documentaire un peu trop "militant" à mon goût.
Les avis sur cet aspect ont d'ailleurs été très tranchés : soit les lecteurs trouvaient que les informations alimentaient l'enquête, soit au contraire (et comme ce fut mon cas) déploraient que celles-ci contribuent à son essoufflement.
Durant ma lecture, je me suis plusieurs fois demandée si l'auteur avait d'abord eu l'idée de l'intrigue avant celle d'y ajouter une dimension documentaire ou si l'intrigue n'était qu'un prétexte trouvé ultérieurement pour partager ses idées dans certains domaines.
J'espère avoir l'occasion de lui poser directement la question demain lors de la séance de questions-réponses organisée par Livraddict!
Les avis de Cuné et Kathel, quelques avis chez Bob et bien d'autres sur Livraddict !
Le site du livre.
Un grand MERCI à et à de m'avoir offert ce livre!
Il ne me tente pas trop ce roman. Moi, j'aime les romans policiers et je trouve que ça doit être fluide et pas alourdit pas un côté documentaire. Tous les avis semblent aller dans le même sens.
RépondreSupprimerJe fais également partie de ceux qui ont peiné avec les passages documentaires. Par contre, j'ai vraiment adoré l'enquête et sa résolution!
RépondreSupprimerBonjour Cynthia,
RépondreSupprimerMerci pour votre lecture attentive. Je crois que vous pourrez poser vos questions sur la partie documentaire ce soir, elles sont même au centre des préoccupations de l'auteur.
Des flics heureux et non divorcés ? non impossible !
RépondreSupprimerdixit une fille de flic divorcée ;)
J'aime beaucoup les polars, mais la condition express est de ne pas m'ennuyer !
RépondreSupprimerJ'ai peur que la partie documentaire enlève le plaisir procuré par le suspense...
J'apprécie vraiment les romans policiers, et visiblement dans ce livre, l'intrigue policière est intéressante. Alors pourquoi pas ?
RépondreSupprimerComme Manu, quand je lis un polar, j'aime que ça soit fluide, que ce soit un vrai page-turner. Je crois que les parties documentaires pourraient m'irriter. Je passe sur ce roman mais je suis curieuse de connaître les réponses de l'auteur.
RépondreSupprimer@Manu : non il y a des lecteurs que ça n'a pas dérangé.
RépondreSupprimerEn fait les parties documentaires sont vraiment intéressantes mais c'est vrai que de mon point de vue, elles ralentissaient l'intrigue :/
@Pimprenelle : idem ;)
Du coup je me demande si je lirai les tomes suivants ou non.
@JMB : Merci, j'ai eu les réponses que je souhaitais. Même si ces réponses ne modifient pas mes impressions de lecture, j'ai eu des éclaircissements supplémentaires et je comprends la démarche de l'auteur.
@Choco : Ah ben voilà c'est bien ce que je disais, merci Starsky ^^
@Marie : vu les avis mitigés, je dirais que c'est à voir au cas par cas, à tester donc ;)
@Soukee : oui pourquoi pas, d'autant que la plume de l'auteur est agréable à lire!
@Zarline : dans ce cas je t'encourage à découvrir la discussion (lisible sans inscription) ici : http://www.livraddict.com/forum/viewforum.php?id=32
;)
J'ai ce roman depuis l'année dernière dans ma PAL et je ne l'ai toujours pas lu ! J'en ai presque honte, surtout que j'ai lu pas mal de billets plutôt positifs ... Et avec tout ce que j'ai à lire, je ne vais pas l'entreprendre maintenant. J'attendrai une période de vacances ;-D
RépondreSupprimerJ'ai raté ton billet sur ce roman! Mais il n'est jamais trop tard. Personnellement, c'est l'aspect moralisateur de certains passages et non le côté documentaire qui m'a gênée. Mais la partie polar est sensationnelle. Et ces échanges avec l'auteur et l'éditeur sur livraddict sont passionnants.
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