"Béa de Capri à Carnon" est un roman de l'écrivain français Paul Villach (également connu sous le patronyme de Pierre-Yves Chereul), paru aux éditions Lacour.
Lors d'un voyage scolaire à Capri, deux professeurs se rapprochent l'un de l'autre et entament une liaison. Béa est une femme dans la fleur de l'âge, belle, sensuelle et qui ne connaît les hommes qu'à travers des relations éphémères et vouées à l'échec.
Lui (le narrateur) est un homme marié qui aime sa femme mais se résout à la quitter pour se lancer dans la grande aventure "Béa".
Les amants sillonnent l'Italie, se perdent et communiquent avant tout à travers le langage du corps. Leur relation survivra-t-elle aux contingences du quotidien?
Voici deux personnages qui a priori étaient faits pour se rencontrer. Il semble y avoir entre eux un feeling, une alchimie, quelque chose qui fait que leurs corps sont naturellement attirés l'un vers l'autre comme des aimants. Sans compter qu'au delà de l'amour charnel, tous deux sont animés par le même goût du voyage, comme le laisse d'ailleurs deviner cette couverture à l'allure de guide touristique.
Nous suivons donc le couple à Capri, Venise, Rome, Florence, au détour d'excursions qui s'affirment bien souvent comme autant de prétextes à éveiller le désir sexuel des deux amants.
J'ai aimé découvrir ces escales italiennes qui flairent bon le soleil, la nourriture légère, le vino bianco frizzante et qui sous la plume de l'auteur revêtent une allure de fête.
Malheureusement, si le début de ma lecture s'est avéré prometteur, j'ai fini par me lasser à force de ces échanges physiques frisant le voyeurisme. J'ai vraiment eu l'impression de rentrer dans l'intimité de deux personnes, comme si j'étais tombée par mégarde sur la version non-censurée d'un film de vacances.
Ce que je trouvais beau au départ m'est devenu gênant en raison de l'abondance de détails et de la répétition de formules d'un cru certain, dont l'auteur ne se cache d'ailleurs pas.
" Donne-moi ta queue, oh! donne-moi ta queue!" a-t-elle imploré, selon la formule désormais sacramentelle qu'elle a inaugurée." p.96Les nombreuses tirades qui accompagnent les galipettes des amants m'ont semblé hallucinantes et tout bonnement irréalistes, contribuant pour ma part à un effet surjoué.
" Oh! Donne-moi ton sperme, mon amour! Tu bois bien ma cyprine par lampées ! Nous avons mélangé nos salives. J'ai soif de la crème de ton foutre. Je veux l'incorporer à ma chair." p.135
A plusieurs reprises, je me suis demandée où l'auteur voulait en venir exactement et j'ai été soulagée de découvrir une 3ème partie dissonante en regard des précédents chapitres.
Alors que les deux premières parties m'avaient laissée perplexe quant à la possibilité pour un couple de faire perdurer une relation basée exclusivement sur le sexe (si ce n'est durant leurs ébats, les amants faisaient volontiers l'économie des mots), cette 3ème partie m'a confirmé qu'au bout d'un certain temps, les corps se lassent.
Une divergence de vue professionnelle sonnera le départ d'une lourde désillusion chez les deux personnages qui commencent à apercevoir les premières failles dans leur couple, leur conception différente de la vie à deux, leurs ambitions professionnelles divergentes, leurs cultures opposées.
" Béa a du mal à devoir assumer ses erreurs. Au pis, elle les nie, au mieux elle exhume celles des autres pour les mettre en regard, comparer et décréter un match nul.
Ce dissentiment entre Béa et moi se ravive par moments. Il m'arrive avec impatience de la mettre en garde maladroitement en lui rappelant une maxime que nous avons lue ensemble sur une façade de San Miniato, à la crête d'une colline hérissée de flammes noires de cyprès en Toscane : veillons à ne pas être "pointilleux dans le détail et négligents dans l'essentiel! " p.175
Et quel hasard, le sexe ne trouve plus sa place dans la relation !
Fatalité? Sans doute. Il est certain qu'une entente sur le plan physique ne se dispense pas d'autres affinités pour faire vivre le couple.
Alors que le narrateur ne tarissait pas d'éloges sur Béa, éprouvant pour elle jusqu'à la fascination, il découvre qu'elle est aussi un être imparfait, avec ses lâchetés et ses contradictions.
Tout le récit n'est envisagé que de son point de vue à lui, alors qu'il se rend compte que sa maîtresse lui échappe. Elle qui acceptait volontiers de se laisser guider à travers l'Italie et de se voir dicter ses choix professionnels semble se rebiffer, appuyée par une famille qui ne peut tolérer son amant.
Nul ne sait ce qui se passe au juste dans la tête de Béa, dont l'attitude nous apparaît détestable à travers les propos de l'amant éconduit qui soudainement se révèle fragile et d'autant plus touchant.
" J'attends avec angoisse ses coups de fil qui ne viennent pas. Quand à l'occasion de l'un d'eux, elle m'apprend ce qu'elle vit, je m'effondre en larmes. Je voudrais être près d'elle. Je peux partir tout de suite. "Surtout pas!" m'intime-t-elle. J'entends dans son injonction un peu hautaine toute la pudeur et l'intimité sourcilleuse d'une famille qui se referme sur ses secrets et qui repousse l'étranger que je suis devenu." p.220
Quand ce roman m'a été proposé par son auteur, je n'avais pas saisi que l'érotisme tiendrait une telle place dans le récit. J'ai mis un certain temps à rédiger ce billet (je m'en excuse d'ailleurs auprès de l'auteur) tant cette lecture avait suscité en moi des sentiments contrastés.
Si le récit permet d'initier plusieurs réflexions intéressantes sur les relations humaines et le caractère fallacieux du système éducatif et qu'il nous offre de jolis panoramas de l'Italie, je n'ai absolument pas été conquise par cette intimité imposée et ponctuée d'envolées lyriques qui à mon sens ont davantage contribué à alourdir le récit qu'à l'embellir.
Mais comme je le dis toujours, mon opinion n'engage que moi !
L'avis de Daniel Fattore.
Un grand MERCI à Paul Villach de m'avoir offert ce livre !
Trop de sexe et de détails enlèvent tout l'érotisme et la sensualité d'un texte...enfin, c'est un avis qui n'engage que moi !
RépondreSupprimer@Clara : un avis que je partage tout à fait, même si je suis loin d'être une experte du genre ;)
RépondreSupprimerBon, dois-je dire que tes deux premières citations m'ont bien fait marrer ? Mais ne m'ont pas du tout donné envie de lire ce roman.
RépondreSupprimerOui, ces deux citations révèlent une complaisance un peu lourde! C'est dommage car la promenade en Italie m'aurait plu!
RépondreSupprimerTrès très drôles les deux premières citations vraiment... je crains malheureusement que ça ne soit pas l'effet attendu. L'érotisme est un sujet casse-gueule, il faut être grand pour réussir et ne pas tomber dans le ridicule comme ça semble être le cas ici.
RépondreSupprimerOufti, j'ai failli tomber dans les pommes à la lecture des extraits.
RépondreSupprimerJe m'enfuis en courant, Cynthia...
Ouf, j'ai bien fait de refuser, pas trop mon truc...
RépondreSupprimerEt tu vas avoir des recherches marrantes sur ton blog, dis donc? ^_^
C'est moi ou tu tombes souvent sur ce genre de lecture? Tu dois avoir une réputation intéressante parmi les éditeurs et les auteurs ;-)
RépondreSupprimer@Manu : je comprends. Pas sûr que je l'aurais lu si j'étais tombée à l'avance sur ce genre d'extraits...
RépondreSupprimer@Claudialucia : c'est dommage car cette invitation au voyage aurait pu m'emballer
@Ys : disons que c'était un peu trop gros que pour sonner vrai
@Reka : j'espère quand même que tu reviendras ;)
@Keisha : oui...je le crains^^
@Zarline : on dirait que je suis passée de la ménagère à la Clara Morgane de la blogo.
Il est encore trop tôt que pour parler d'évolution ^^
Mouahahhaha !!!
RépondreSupprimerPourquoi je ris ? Nan, comme ça, pour rien... :)))
Je ne lis pas ton billet, le livre m'attend sur mon étagère et je compte l'ouvrir au plus vite...
RépondreSupprimerJe viens de sortir un billet -service mais je ne pense pas lire ce livre vu ce que tu dis!
RépondreSupprimerComme quoi, je ne suis pas seule à avoir un avis plus que mitigé... ;-)
RépondreSupprimer