11 novembre 2010

Une éducation américaine - Barry Gifford


Paru le 8 septembre, "Une éducation américaine" est un roman de Barry Gifford, écrivain et scénariste américain particulièrement connu pour avoir écrit la série "Sailor and Lula" ainsi que le scénario de "Lost Highway", tous deux adaptés à l'écran par David Lynch.

"Une éducation américaine" retrace le parcours de Roy, de ses 5 à ses 18 ans. Seul ou accompagné de quelques amis, si le jeune garçon ne peut compter sur ses parents toujours absents, il multiplie les rencontres et les petits boulots dans ce Chicago des années 50 où la criminalité des uns côtoie l'indifférence des autres.
Fan de sport et de cinéma, fervent lecteur de Joseph Conrad, il traverse la vie et trouve réponses à ses questions par ses propres moyens, là où il peut.

Présenté ainsi, "Une éducation américaine" laisse croire à un roman relatant les aventures de Roy au fil des âges, roman qui pourrait être qualifié d'initiatique au sens où le jeune homme, livré à lui-même, apprend la rudesse de la vie et franchit ses étapes au gré de rencontres et d'expériences qui sortent de l'ordinaire.
Or la découpe en 69 chapitres courts, l'alternance aléatoire entre focalisations interne et externe et les nombreuses incohérences dans les âges et la situation familiale de Roy donnent à penser qu'"Une éducation américaine" pourrait être un recueil rassemblant autant d'anecdotes qui par l'entremise d'un personnage unique permettent d'aborder des thèmes graves comme la mort, la criminalité, la solitude, la corruption, le racisme, l'injustice ou encore la religion.
Dans Mon catéchisme, Roy se fait exclure de l'école du dimanche à cause d'une simple question.

" - Ma soeur, pourquoi Dieu a-t-il fait tout cela?

- Pourquoi Dieu a fait tout cela? répéta-t-elle.

- Tous ces trucs.

- Vous n'existeriez pas, ni Peter, ni Paul, ni son fils unique, s'il ne nous avait pas créés, répondit soeur Margaret Mary.

- Je sais bien, ma soeur, mais pour quoi faire? Je veux dire : quel intérêt avait-il à tout cela?

Soeur Margaret Mary me fixa pendant un long moment, et pour la première et unique fois je pus discerner des traces de couleur sur son visage. Puis elle détourna son attention de moi et continua comme si ma question ne méritait pas plus ample réponse." p.42

J'ai vraiment accroché aux premiers chapitres mais au fil de ma lecture, j'ai senti poindre en moi une certaine forme d'ennui.
Au chapitre suivant, j'étais pratiquement certaine d'assister à un fait divers concernant un personnage à l'histoire un peu étrange comme un boxeur ou un joueur de bowling unijambiste affublé d'un surnom comme l'auteur sait les donner (le Sultan, la Vipère, le Bras, le Calme,...).
Une énième anecdote sur Roy souvent agrémentée d'une pointe de sport ou de cinéma et laquelle se clôture par une fin en eau de boudin ou une conclusion faussement légère censée interpeller le lecteur sur la gravité des thèmes abordés.
J'ai également trouvé que les dessins enfantins, comme croqués sur le vif, illustrant les chapitres de la seconde partie n'ajoutaient rien au récit si ce n'est une pagination plus touffue.

J'ai bien saisi que l'auteur souhaitait dresser une fresque de ce Chicago des années 50 en éclairant le lecteur quant à la difficulté de se faire sa propre éducation dans un milieu où règne l'indifférence générale.
Une indifférence qui va jusqu'à s'emparer de Roy mais qui a également réussi à me contaminer, tant le recours aux mêmes procédés a fini par me lasser sur la longueur.

" Plus tard cette nuit-là, une fois que Roy fut rentré du travail et eut regardé les informations à la télévision, il repensa à ce que la fille lui avait affirmé : l'assassinat du Président était la pire chose qui lui fût jamais arrivée, même si ce n'était pas elle qui avait été tuée.
Roy en conclut que quand les choses vont mal, les gens sont traumatisés de découvrir à quel point ils manquent de maîtrise sur les événements.
Peut-être que désormais la fille avait compris combien l'ordre apparent du monde était fragile.
Mais Roy préférait se rappeler combien elle était jolie et comme c'était bon de la serrer dans ses bras." p.123

D'autres avis : Choco - Amanda Meyre - Mobylivres


MERCI à et à de m'avoir offert ce livre !

18 commentaires:

  1. Maintenant je sais qui est cet auteur de ta liste mais je ne suis pas sûre de lire ce roman s'il a fini ainsi par t'ennuyer!

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  2. Bon, je ne note pas et ça fait du bien :-)

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  3. Je passe mon tour ;)
    (Et je te fais savoir que la clarté de tes formulations dans cette critique m'a laissée sincèrement admirative :) )

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  4. Dommage car ça commençait bien! En tout cas, maintenant je sais qui est cet auteur de ta liste!

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  5. @Mango : Oui il y a des livres qu'on apprécie au début et dont on décroche parce que l'auteur ne se renouvelle pas assez de bout en bout :/

    @Manu : je te comprends ;)

    @Reka : merci ;) Bizarrement j'arrive mieux à expliquer pourquoi je n'ai pas aimé un livre que l'inverse...

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  6. J'imagine que l'auteur doit être un peu barré pour avoir écrit le scénario de "Lost Highway", film que j'ai bien aimé, mais dont j'essaie toujours de comprendre le sens ;-)

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  7. arf je viens de dire sur BOB que ce livre a tout pour me plaire, mais au final peut-être pas, dès que je vois états unis années 50/60 je m'emballe!

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  8. Je passe également... Je lis déjà trop d'auteurs américains, je ne vais pas en ajouter qui ne m'inspirent que fort peu !

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  9. Je reviens pour te proposer un nouveau tag que je viens de recevoir sous le signe de l'amitié! Celui-ci ne peut donc se refuser! Prends le temps qu'il te faudra!

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  10. Bon, dommage et merci de l'avertissement !

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  11. Pour une fois, ma pal te dis merci ! ;-)

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  12. Dommage que cela tombe dans l'ennui car le thème est fort et aurait pu donner quelque chose de formidable.

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  13. Peut-être l'auteur s'est-il lui aussi ennuyé en l'écrivant ?

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  14. L'avis de Choco était mitigé aussi je crois. Je sens que je vais passer mon chemin.

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  15. Je vais passer mon chemin, et comme dit Manu, ça fait du bien ! ;)

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  16. @Lukes : ah toi aussi ^^

    @Tiphanie : j'étais plutôt optimiste au départ et puis j'ai fini par déchanter :/

    @Kathel : effectivement ;)

    @Mango : done ;)

    @L'Ogresse : de rien ^^

    @Marie : heureusement que ce genre de choses arrive de temps à autre ^^

    @Lepetitmouton : oui finalement il y a comme une rengaine dans ce roman qui finit par lasser

    @Hambreellie : comment ça tu dois? ;)

    @Alex : je t'avoue que je n'y ai pas pensé, de même que je ne penserais pas à lui écrire pour lui poser la question^^

    @Restling : les 5 lecteurs pour ce partenariat n'étaient effectivement pas très chauds :/

    @Soukee : héhé ;)

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  17. bon j'emmerge des limbes, un peu comme toi en fait... ;)
    Tu vois, je t'avais prévenu que ça allait finir par t'ennuyer... Toujours écouter la voix de la raison ^^

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