20 septembre 2011

Les successions - Mikaël Hirsch


Après "OMICRoN" et "Le Réprouvé", "Les successions" est le troisième roman, sorti en librairie le 25 août dernier, de l'écrivain français Mikaël Hirsch.

Pascal Klein, co-fondateur de l'agence Artefax qui dédie son activité à la recherche d'artistes aux concepts novateurs, est tout à son métier, collectionnant volontiers les anecdotes insolites ayant trait aux artistes de tous bords.
Peu avant la mort de son père peintre, celui-ci lui montre une photo de sa chambre d'enfant sur laquelle Pascal identifie "L'Amazone", une toile du célèbre Chagall.
Chose étrange, cette oeuvre n'est pas répertoriée dans le catalogue officiel de l'artiste et est portée disparue depuis la seconde guerre mondiale.
Animé à la fois par sa curiosité de passionné d'art et sa ferme intention de rendre son précieux bien à son père, Pascal part à la recherche de la toile et aboutit au Japon.

" Pascal était rentré chez lui, investi de sa nouvelle mission. Tant que le tableau poursuivait sa trajectoire dans la clandestinité, son père n'était pas tout à fait mort.
Une part de lui continuait à vivre avec le cheval bleu.
La somme des émotions investies par son père dans cet objet avait produit un lien presque charnel. Cette relation survivait à la disparition de l'un des contractants.
Pascal en était maintenant le dépositaire, l'héritier en quelque sorte.
Il n'avait pas tout de suite compris à quel point le passé était une charge transmissible.
En guise de patrimoine, il avait reçu une responsabilité. Il avait beau se persuader que toute cette histoire était une vue de l'esprit, l'expression de ses propres remords, il ressentait l'appel de la toile.
Elle le voulait à son tour, lui, le fils. " p.204

Après Paris et les coulisses du monde de l'édition, Mikaël Hirsch nous offre une immersion dans le milieu tout aussi fermé - mais plus excentrique - de l'art, le tout dans un Japon qui le substitue volontiers à la technologie.
Le récit est jalonné de parcours d'artistes incompris qui dans un élan de désespoir s'immolent par le feu ou tirent à bout portant sur leurs oeuvres qu'ils croient voir s'animer.
Au cours de ses recherches, Pascal s'arrête sur le parcours d'Edouard de Sastres, un collectionneur un peu barré qui comptait dans son chateau une quantité impressionnante d'oeuvres illustres qu'il préférait entasser dans des caisses, pour laisser son imagination se les représenter librement.

" Son affection véritable pour Ferdinand, cette gémellité fictive, s'ancrait à présent dans la réalité.
Au fil du temps, il s'était inventé une vie où le tableau et Ferdinand étaient aussi proches de lui que Sylvie ou ses propres parents. Il était finalement le produit d'une lignée, mais aussi d'une parenté rêvée, d'un agglomérat de fictions successives.
Il avait désormais l'impression que cette famille étendue se révélait à lui progressivement, comme si des cousins éloignés, ou même disparus, refaisaient soudain surface." p.143

Une manie qui lui vaudra d'être la victime inconsciente d'une énorme supercherie, à l'heure où l'ERR - Einsatzstab Reichleiters Rosenberg - avait pour dessein de priver l'Europe de ses plus belles pièces.
Pascal Klein s'attache au parcours de cet homme avec lequel il partage un rapport au père conflictuel, mélange d'admiration et d'incompréhension.
La découverte du Chagall disparu représente son héritage, le moyen ultime de communier avec son père et de faire la paix avec lui-même, avant de devenir père à son tour.

J'ai une nouvelle fois été éblouie par l'écriture soignée de Mikaël Hirsch, par son aisance et son souci du détail quand il s'agit de plonger le lecteur dans une ville inconnue à travers le regard sensible de son héros.
A nouveau, le personnage principal fait l'effet d'un fils effacé par la réussite d'un père qui l'aime sans rien en montrer mais aussi d'un homme entier, totalement tourné vers sa passion et vers cette quête d'un tableau dont la valeur se veut avant tout sentimentale.

Parcours sans fautes pour ce roman, même si j'avoue avoir préféré "Le Réprouvé", pour la simple raison que je me sens plus d'affinités avec le milieu littéraire qu'avec celui des arts plastiques.
Un roman à ne pas manquer !


MERCI à de m'avoir offert ce livre !


D'autres avis : Daniel Fattore - Cogito Rebello - Aifelle - Yv

9 commentaires:

  1. En projet de lecture: ton billet me donne envie de le faire passer avant bien d'autres: il a l'air très intéressant.

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  2. En voyant ton billet aussi positif, je me dis une nouvelle fois que j'ai vraiment raté quelque chose avec ce roman. Tant pis pour moi !

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  3. Que d'avis enthousiastes avec ce roman. Sauf peut-être Aifelle....

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  4. Comme Aifelle, je suis passée à côté de ce roman.

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  5. Comme je n'avais pas aimé son précédent roman, j'ai décliné l'offre ! ;)

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  6. Cette lecture ne me tente pas mais j'aime beaucoup la couverture du livre.

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  7. Je ne suis pas tentée. Peut-être tenterai-je la découverte de cet auteur avec Le réprouvé s'il sort un jour en poche.

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  8. @reka

    il vient de paraitre en poche chez j'ai lu.

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