Sorti en librairie le 5 janvier dernier, "Les Filles de l'ouragan" est un roman de l'écrivaine américaine Joyce Maynard, également auteure du roman autobiographique "Et devant moi, le monde" ou encore de "Long week-end" ou de "Baby Love".
Une nuit d'octobre 1949, alors que le New Hampshire fait face à un terrible ouragan, deux enfants sont conçues.
Dana Dickerson et Ruth Plank naîtront le même jour, dans le même hôpital, coïncidence qui poussera Connie Plank, la mère de Ruth, à considérer les 2 fillettes comme des "soeurs d'anniversaire" et à vouloir maintenir un lien avec les Dickerson.
La famille Plank possède une ferme héritée de père en fils depuis plusieurs générations.
Très attaché à sa terre et bien que la nature ne lui ait donné que des filles, Edwin Plank espère néanmoins que Ruth prendra un jour la relève.
Mais bien qu'elle aime passer du temps avec son père, la petite fille manifeste très tôt un intérêt prononcé pour l'art auquel elle entend bien consacrer sa vie.
Malgré les instances de sa mère, elle ne se sent pas d'affinités avec Dana mais se révèle en revanche très attirée par son frère Ray, jeune homme lunatique qui exerce sur elle une étrange fascination.
A l'opposé du couple Plank, Val et George Dickerson mènent une vie de bohème et ne restent jamais bien longtemps au même endroit. Tandis que George multiplie les projets sans lendemain, sa femme se consacre totalement à la peinture, occultant l'éducation de leurs enfants qui les appellent par leurs prénoms.
Contrairement à son frère devenu vagabond, Dana entreprend des études d'agriculture, avec l'espoir de pouvoir un jour acquérir sa propre terre et en vivre.
Ruth l'artiste, Dana la terre-à-terre, deux parcours foncièrement différents et des destins pourtant intimement reliés par les secrets et les vicissitudes de la vie.
Les voix de Dana et de Ruth se partagent en alternance le récit de ce qui s'annonce comme une saga familiale étalée sur une cinquantaine d'années.
Le choix du récit à 2 voix fut judicieux en ce qu'il permettait à l'auteure d'examiner 2 modes de vie radicalement différents et de mettre en parallèle des étapes dans la vie de ces femmes tout en en soulignant les nuances.
Dana et Ruth ont toutes deux du composer avec un manque d'amour maternel et une difficulté à se faire une place dans leur propre famille comme en société.
" Elle avait bien saccagé ma vie et m'avait ramenée à la maison par la force effrayante de sa conviction et sa détermination.
Mais une fois la chose accomplie, elle aussi paraissait abattue, épuisée.
Elle ne dit rien quand je portai le carton avec toutes mes possessions dans la voiture de Josh.
Je n'emportais presque rien à Boston. Je ne voulais rien qui pût me rappeler ce lieu.
" Pas de débordement d'amour entre vous, je suppose ?" demanda Josh alors que je déposais ma valise sur le siège arrière avant de remonter dans ma chambre pour un dernier tour.
" Si je ne la revois jamais, c'est OK pour moi", lui répondis-je.
Je fis une ultime chose avant de quitter la ferme. Je tirai de sous mon lit le cahier de croquis de mon adolescence, avec tous les dessins coquins que je faisais à l'époque, tentatives fiévreuses d'une gamine de treize ans de figurer les combinaisons pécheresses des corps d'hommes et de femmes qu'elle imaginait. Mes frémissants premiers essais dans la pornographie.
Pendant toutes ces années, ce cahier de croquis était resté sous mon lit, enfoui dans la pile de magazines du Club 4-H et de vieux exemplaires du National Geographic. Je le descendis.
Je le posai sur la table de la cuisine, près de la Bible que ma mère lisait tous les matins en prenant son café.
Inutile de laisser un mot. Elle reconnaîtrait l'artiste. " p.194
Leur monde bouge. L'auteure nous rappelle que l'époque est celle de Woodstock, de l'arrivée des Beatles en Amérique, du premier pas sur la Lune, de l'assassinat de JFK, de la Guerre du Vietnam, de l'émergence de la grande distribution qui commence à menacer l'agriculture, domaine qui occupe une place de choix dans ce roman.
Durant toute ma lecture, j'ai ressenti une aisance certaine dans l'écriture, comme si l'auteure connaissait intimement ses personnages, sans pour autant les juger ou accorder sa préférence à l'un ou à l'autre.
Une impression que j'avais déjà eue à la lecture de "Et devant moi, le monde" mais que j'imputais au fait que l'auteure y racontait sa propre histoire - une histoire que j'ai d'ailleurs retrouvé par certains aspects dans ce roman.
"Les Filles de l'ouragan" a exercé sur moi la même curiosité, le même attachement pour ces personnages que je me représentais de chair et d'os.
J'ai aimé Edwin Plank pour sa générosité, sa femme et son sens du devoir, Ray et ses démons intérieurs, George et ses espoirs déchus, Val et son détachement.
Et plus que tout, je me suis attachée de façon égale à Ruth et à Dana, ces femmes sensibles et fortes à la fois, entières et passionnées.
"Les Filles de l'ouragan" m'a énormément plu pour son écriture dépouillée, sa construction équilibrée, la finesse dans l'analyse des personnages.
Certes la fin se devine entre les lignes et il existe une chance sur 1000 pour qu'elle soit plausible mais ce serait oublier qu'il s'agit ici d'un roman et en ce qui me concerne, ce fut un sacré coup de coeur !
Quelque chose me dit que je suis loin d'en avoir fini avec Joyce Maynard :)
MERCI à et aux de m'avoir offert ce livre !
Je l'avais repéré (car j'ai beaucoup aimé "Long week-end") mais ne savais trop qu'en penser. Me voilà rassurée... et très tentée !
RépondreSupprimerEt toi tu me confirmes qu'il faut absolument que je me procure "Long week-end" !
Supprimertu m'avais déjà donné très envie de lire "Et devant moi le monde" que j'ai acheté en poche dernièrement ! j'ai l'impression que cette auteur va me plaire beaucoup ! merci pour ton beau billet !
RépondreSupprimerPour ma part, je suis contente d'avoir commencé par son autobiographie pour la découvrir !
SupprimerCommence par là et tu m'en diras des nouvelles ;)
Je suis ravie de bientôt découvrir Joyce Maynard moi aussi, et d'en d'aussi charmantes conditions ;-) Ici la photo de couv', on dirait "Le magicien d'Oz"...
RépondreSupprimerJe croise les doigts tout en ne m'inquiétant pas trop ;)
SupprimerUne couverture fort à propos en tout cas quand on sait quelle place occupe cette ferme dans le récit.
J'ai découvert une chose étrange en cherchant l'image de la couverture, il en existe 2 chez le même éditeur, bizarre.
J'attendais aussi de lire un avis sur ce roman... "Long week-end" m'avait plutôt épatée, je note donc celui-ci.
Supprimerce que tu en dis me plait énormément !
RépondreSupprimerEn lisant le résumé, je ne savais pas trop mais vu ton enthousiasme, je note dans le carnet secret (mais en attendant une parution poche bien sûr)
RépondreSupprimerIntéressant. J'espère me souvenir de ce titre quand il sera paru en poche, moi aussi :)
RépondreSupprimerJe ne connais pas cet auteur, et pourtant j'aimerais bien. Par lequel commencer ?
RépondreSupprimerVeinarde! Je l'avais demandé aussi celui-là. Bon, comme je suis ravie de celui que j'ai réussi et qu'il rentrera dans ton challenge, je ne regrette rien.
RépondreSupprimerJe l'avais coché aussi sur masse critique, mais comme je coche plusieurs cases, je ne sais jamais ce que je vais recevoir. J'ai reçu Laurent Gaudé en livre audio et j'ai toujours envie de lire ces filles de l'ouragan.
RépondreSupprimerpar contre, en ce qui me concerne,je pense en avoir fini ! rien ne m'a accroché dans ce roman.
RépondreSupprimerOh :/ J'ai tout de même envie de te recommander "Et devant moi le monde" si le sujet te tente :)
SupprimerQu'est-ce qui t'a tant déplu dans celui-ci ?