22 mai 2012

Eleanor Rigby - Douglas Coupland


Publié au Canada en 2004 et traduit en français en 2007, "Eleanor Rigby" est un roman de l'écrivain canadien Douglas Coupland, notamment auteur de "Génération X", "Toutes les familles sont psychotiques", "Girlfriend dans le coma" ou plus récemment de "JPod".

Liz Dunn, 36 ans, célibataire "à l'épreuve de la beauté", se complait dans une solitude résignée, à peine meublée par un job ordinaire et une famille à l'humour vache qui multiplie les maladresses.
Alors qu'elle se remet de son opération des dents de sagesse, Liz reçoit un coup de fil lui demandant de se rendre de toute urgence à l'hôpital où l'attend quelqu'un qu'elle ne pensait pas revoir après 20 ans.
Sa mère et ses frères et soeurs ne manquent pas de venir aux nouvelles, trop curieux de savoir qui est ce mystérieux Jeremy Buck que Liz a accepté d'héberger chez elle...

J'ai acheté ce roman il y a deux ans, attirée par cette couverture plutôt kitsch mais surtout par ce titre emprunté à ma chanson préférée des Beatles.



Allez savoir pourquoi j'ai attendu aussi longtemps pour le lire, peut-être avais-je peur que le thème de la solitude me mine le moral.
A ma grande surprise, j'ai beaucoup souri durant ma lecture. Liz Dunn est un personnage lucide et bourré d'humour qui envisage sa solitude avec ironie, une fatalité dont elle n'essaie toutefois pas de sortir.

" Je ne fais pas honneur à mon nom : je ne suis ni enjouée, ni femme d'intérieur. Je suis morne, maussade et sans amis. J'occupe mes journées à mener un combat permanent pour préserver ma dignité.
La solitude est ma malédiction - la malédiction de notre espèce -, c'est l'arme qui tire les balles qui nous font danser sur le plancher d'un saloon et nous humilier devant des inconnus." p.15

Sa famille, notamment sa mère avec laquelle elle entretient des rapports houleux, lui rappelle sans arrêt à quel point son comportement la dessert.

"Je m'imagine parfois dépenser cent mille dollars en chirurgie esthétique - pour être transformée en femme bionique, ou en un clone de Leslie - mais je ne franchirai jamais le pas.
Notamment pour la simple raison que le patient doit être raccompagné chez lui par un membre de sa famille; les taxis ne sont pas autorisés - ni même les limousines.
La seule idée d'être fustigée par Mère dans la voiture alors que je suis emmaillotée de bandelettes stériles, telle une momie, met un terme à tout fantasme - c'était déjà assez pénible avec les dents de sagesse. Bien que j'aime Leslie - ma séduisante soeur, la trayeuse automatique, avec ses seins façon Hindenburg-, notre intimité repose sur le fait qu'elle est jolie et moi transparente. Elle trouverait un prétexte pour ne pas venir me chercher. William accepterait probablement, mais...je ne veux tout bonnement rien me faire refaire. Un point c'est tout.
Je ne peux pas mettre de mots là-dessus. C'est quelque chose de primitif." p.156
Hormis la découverte du cadavre d'un travesti sur la voie ferrée alors qu'elle était petite fille et un voyage scolaire à Rome à l'issue inattendue, l'existence de Liz Dunn est plutôt ordinaire.
L'arrivée de Jeremy Buck marquera un tournant dans sa vie. Liz va devoir apprendre instinctivement à s'occuper de quelqu'un d'autre qu'elle-même.
Une relation particulièrement touchante se noue entre Liz et Jérémy, deux solitudes qui se complètent à leur manière.

Malgré l'absence de chapitrage, je n'ai pas vu passer les 200 premières pages de ce qui s'avère être le journal de Liz Dunn, trop intriguée que j'étais par ces allers-retour entre passé et présent qui dévoilent petit à petit l'évolution de la narratrice.
Affublée d'un sens aiguisé de l'observation, elle s'interroge sur la vie et nourrit des réflexions souvent d'une implacable logique mais bien à elle.
" Ravi de vous rencontrer enfin, mademoiselle Dunn.
- De même." On nous a déplié de lourdes serviettes blanches sur les genoux. " C'est agréable de visiter la ville où le subconscient a été inventé."
Il m'a regardé d'un air sombre. "Mademoiselle Dunn, le subconscient n'a pas été inventé. Il a été découvert.
- Oh, pardon. Je n'y avais jamais vraiment réfléchi. J'ai toujours cru qu'on avait notre personnalité de tous les jours et que parallèlement à ça on renfermait ce foutoir qu'on appelle subconscient.
- Qu'est-ce qui vous fait croire que c'est un foutoir ?
- Eh bien, si notre subconscient était attrayant, on ne serait pas obligé de l'enfouir au fin fond de nous-même." p.247

J'ai aimé cette galerie de personnages barrés et parfaitement assumés par le ton décalé et l'écriture énergique de l'auteur, capable de faire passer facilement son lecteur du rire aux larmes.
Hélas, j'ai détesté le tournant déroutant et grotesque que prend l'histoire à partir du moment où Liz se rend en Autriche, les nombreuses incursions mystiques de la dernière partie dont le sens m'échappait totalement et cette fin vraiment trop facile et à mon sens, bâclée.
Dommage car il s'en est fallu de peu pour que je sois conquise...

12 commentaires:

  1. Malgré ton avis en demie teinte, je le note quand même.

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  2. même avis que lili galipette, je note car j'adore aussi cette chanson

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  3. J'adore ce titre des beatles, et bien d'autres d'ailleurs; Quant au roman, je ne sais pas!

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  4. j'aime cette chanson de beatles, et bien d'autres. Quant au livre, je ne sais pas! ^_^

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  5. j'aime cette chanson de beatles, et bien d'autres. Quant au livre, je ne sais pas! ^_^

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  6. Rien de pire qu'une fin qui ne soit pas à la hauteur !

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  7. J'avais envie de l'aimer mais maintenant je ne sais pas non plus.

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  8. J'avais bien "Hey Nostradamus" de cet auteur mais je ne sais pas pourquoi je n'ai plus rien lu par après. Mais bon, c'est toujours décevant quand le roman prend une tournure qui nous déplaît. A voir.

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  9. Je l'ai lu il y a quelques années déjà. Et pareil que toi, j'ai bien aimé le début, mais au final... j'étais un peu "déçue", moins emballée.
    J'ai découvert Coupland avec "toutes les familles", que j'avais trouvé terrible. Mais ensuite, j'ai chaque fois été un peu laissée sur le côté avec ces autres romans (Girlfriend dans le coma, Eleanore Rigby, et récemment Player_1).
    J'ai encore Hey Nostradamus dans ma PAL... faudra que je m'y attèle (pareil, ça fait des lustres qu'il est là à attendre).

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  10. Je me disais que j'allais passer outre cette couverture (qui, moi, ne m'aurait pas attirée), mais la seconde partie de ton billet m'a quelque peu refroidie...

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  11. Ah, dommage pour la fin. J'adore aussi cette chanson. J'ai failli acheter le roman pour la même raison.

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