Publié en 2009, "Mon amie, Sophie Scholl" est un roman de l'écrivaine française Paule du Bouchet, également auteure du "Journal d'Adèle".
Durant quelques mois de l'année 1943, Elisa rédige un journal dans lequel elle évoque à rebours la montée en puissance du régime nazi, la disparition de son oncle et de son fiancé juif, l'engagement de son frère, de sa meilleure amie Sophie et de cette bande d'amis qui, ayant rejoint La Rose Blanche, distribuent des tracts attestant de leur opposition au pouvoir en place.
Le 18 février 1943, Sophie et son frère Hans sont arrêtés et interrogés par la Gestapo pour être finalement guillotinés quelques jours plus tard.
" C'est cela, la guerre. Nous disparaissons les uns pour les autres. Et c'est peut-être cela, vivre : faire des efforts de tous les instants pour ne pas disparaître. Se souvenir.
(...) La guerre, c'est aussi avoir conscience de certaines choses beaucoup trop jeune." p.36
Autour de la figure de Sophie Scholl, véritable héroïne de la résistance hitlérienne, l'auteure a imaginé le personnage d'Elisa, une jeune femme qui à l'inverse de Sophie et de leurs camarades de la Rose Blanche ne se sent pas l'âme d'une révolutionnaire, trop effrayée à l'idée de prendre des risques inconsidérés au nom de la liberté.
Toutes les nuits, alors qu'elle attend et s'inquiète pour ses amis partis distribuer des tracts au péril de leurs vies, elle retrace dans son journal la progression insidieuse d'Hitler, figure admirée puis redoutée lorsque surviennent les premières interdictions à l'égard des juifs, la synagogue incendiée, les vitrines brisées lors de la Nuit de Cristal, les arrestations massives, les déportations, la mystérieuse disparition de son oncle et le départ forcé de Leo, son premier amour.
Bien sûr, Elisa a bien conscience de ce qui se passe. Mais les choses s'arrêtent là, malgré la culpabilité éprouvée. Peu vaillante et défaitiste, elle fait partie de ces citoyens allemands qui, mus par un instinct de survie, ont préféré rester dans l'ombre, s'abstenant de se compromettre en adhérant ou en s'opposant au régime nazi.
Allez savoir pourquoi, alors qu'était rendu il y a quelques jours le jugement à l'égard de 3 membres des Pussy Riot, j'ai subitement voulu sortir ce roman de ma PAL...
Le point de vue envisagé par l'auteure par le biais du journal de sa narratrice est plutôt original tant il est rare me semble-t-il de donner la parole à cette partie de la population allemande qui en ayant pleine conscience de ce qui se jouait dans son pays, a choisi...de ne pas choisir.
Si Elisa ne participe pas activement aux actions menées par ses amis, il existe toutefois entre elle et eux une franche amitié, une solidarité de coeur qui tient une grande place tout au long du roman.
S'agissant des horreurs que l'on connaît, l'auteure a pris soin de ne pas trop rentrer les détails, privilégiant surtout l'esprit de camaraderie et la défense des idéaux anti-nazis au travers d'un récit fait de phrases courtes au vocabulaire relativement peu élaboré.
Un roman que je recommanderais donc plutôt aux jeunes lecteurs qu'aux adultes qui, habitués à bien pire sur le sujet, risqueraient comme moi de le trouver un peu trop édulcoré.
Il me semble qu'Arte avait diffusé un film sur Sophie Scholl il y a quelques temps, car son nom et son histoire me disent quelque chose.
RépondreSupprimerDe l'auteur, j'ai lu "emportée" qui était un récit sur sa mère, très touchant. J'avais apprécié son écriture, mais un roman je ne sais pas trop (j'ai renoncé à laisser un commentaire ce matin, à la dixième tentative de recopiage de lettres illisibles. Cà devient dur chez blogspot).
RépondreSupprimersophie scholl était une formidable personnalité :)
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