2 octobre 2012

Ossobuco - Andrea Marcelli


Disponible en format papier depuis le 21 septembre, "Ossobuco" est le premier roman du journaliste italien Andrea Marcelli et le premier roman édité par la toute jeune maison d'édition Emue.

"Ossobuco" est le titre du journal intime que Luca Lentini dépose chez son meilleur ami Felix Kirby avant de se volatiliser sans laisser d'adresse.
A mesure de sa lecture, Felix rencontre ou revoit quelques femmes ayant traversé la vie de son ami, le temps de quelques ébats tout au plus.
D'un naturel plutôt nomade, Felix surprend sa mère par son retour impromptu à la maison où il passe de plus en plus de temps à se replonger dans ses souvenirs pour tenter d'y trouver un indice qui lui permettrait de comprendre la démarche étrange de Luca.
C'est qu'à y regarder de plus près, leur amitié est peut-être plus fragile qu'il ne le pensait...

Pour être honnête, je n'étais pas vraiment emballée par ma lecture des premières pages. A travers les mots de Luca, on décèle rapidement en lui le mal-être existentiel du quadra qui, fustigeant toute l'absurdité d'une vie routinière à grand renfort de sarcasmes, s'ennuie au boulot comme dans une vie privée quelque peu pitoyable.
Je dois dire que le personnage du quadra éternellement insatisfait commence à me gonfler d'autant que certains passages tels que " Linguistiquement parlant, notre compréhension est pure. Les paroles sortent spontanées, libérées du joug de l'angoisse car libérées du poids de l'histoire et de la société. Mais l'enchantement se brise dès que l'on trébuche dans l'existentiel, domaine aujourd'hui encombré par la question du travail.", façon mini essai sociologique imbriqué, aussi lucides soient-ils, me déprimaient et surtout, me rendaient perméable au récit.
Je me demandais donc où ce laius sur le monde du travail allait me mener.

En marge de la confession de Luca se dessine le profil de son ami Felix qui dans un autre genre, n'en mène pas large non plus.
Rentier oisif et voyageur compulsif, il semble survoler la vie et surtout convoiter les conquêtes de Luca.
La recherche de son ami s'avère ainsi un excellent prétexte pour approcher ces femmes intrigantes.
Mais c'est surtout en puisant dans sa mémoire que Felix saisira le message délivré par Luca dans son journal.
Plus je progressais dans le récit, plus il me semblait qu'un étau se resserrait entre Felix et Luca. Tandis que l'un, d'abord diminué, semble reprendre petit à petit de l'assurance à travers les mots de son journal, l'autre complète la narration par le récit de ses propres souvenirs et se montre de plus inquiet. 
Et "une irrémédiable distance" s'installe en même temps qu'une rivalité malsaine entre ces deux hommes qui semblent de plus en plus dialoguer, se répondre, sans toutefois jamais se faire face.
La troisième et dernière partie du récit s'annonce alors comme une bombe à retardement prête à exploser car on se doute bien que l'issue du journal réservera quelque révélation.
Et bien qu'on en devine les contours, elle n'en est pas moins terrible, d'autant qu'à la toute fin subsiste encore le doute quant à la sincérité de Luca.

Non, tous les hommes ne se tapent pas sur la tronche pour régler leurs comptes. Certains le font de façon beaucoup plus tordue subtile. Et s'agissant de subtilité, ce roman n'en manque assurément pas, aussi bien dans le développement du récit que dans le glissement qui s'opère dans la psychologie des personnages.
En ce sens, "Ossobuco" porte donc très bien son nom puisque Luca - et a fortiori l'auteur vis-à-vis de son lecteur - manie fort bien le suspense pour faire mijoter Felix jusqu'au point d'ébullition.
S'agissant de l'écriture, je dois dire que je suis toujours bluffée par ces auteurs comme Marcelli ou encore Andreï Makine dont le français n'est pourtant pas la langue maternelle, qui parviennent à se l'approprier avec un seuil d'exigence qui fait défaut à pas mal d'auteurs francophones.

Ainsi donc, malgré un début laborieux, cette lecture fut pour moi une belle découverte !

MERCI aux éditions Emue de m'avoir offert ce livre !




1 commentaire:

  1. Je dois le recevoir aussi, j'ai donc juste parcouru ton billet pour capter ton avis général.

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