Publiée en 1886, "La mort d'Ivan Ilitch" est une nouvelle née sous la plume de l'écrivain russe Léon Tolstoï, notamment célèbre pour ses romans "Anna Karénine" et "Guerre et Paix".
" Plus la vie avançait, plus elle devenait mortelle." p.104
Ivan Ilitch, conseiller à la Cour d'Appel, est mort à l'âge de 45 ans des suites d'une maladie incurable. L'occasion de retracer les grandes lignes d'une existence "très simple, très ordinaire, et très effrayante".
Avant de tomber malade, Ivan Ilitch pouvait se targuer d'un parcours de vie sans embûches mais sans éclat particulier. Ayant épousé sans plus de conviction Prascovia Fiodorvna, il était avant tout marié à son travail, chose bien commode lorsqu'il s'agissait d'échapper aux disputes lancées par sa femme.
L'arrivée de la maladie et surtout l'éventualité de la mort qui l'accompagne le font complètement reconsidérer tout ce qu'il a autour de lui.
C'est que plein d'insouciance et avec l'assurance de toujours faire les choses comme il faut, il n'avait jamais songé à la mort comme un phénomène susceptible de le concerner un jour.
Au delà de la douleur physique, l'homme souffre surtout de la solitude, constatant que son épouse le tient pour responsable de son état, que ses enfants ne semblent pas en être affectés et que ceux qu'ils pensaient être ses amis l'apprécient plus par intérêt que pour le seul plaisir de sa compagnie.
Ivan Ilitch a toujours vécu dans le respect des convenances et constate avec chagrin que ses proches ont fait de même. Pourquoi ne lui témoignent-ils aucune pitié et entretiennent-ils cette illusion autour de sa maladie alors qu'ils le savent condamné ?
Comment peuvent-ils éluder la question de sa mort imminente alors que lui-même ne parvient pas à apprivoiser cette idée ?
Si Ivan Ilitch a toujours fait en sorte de se rendre aimable, était-il pour autant aimé ?
Le premier chapitre, consacré à la veillée funèbre, annonce d'emblée la couleur en dépeignant la cruelle hypocrisie ambiante dont était entouré le défunt.
" Etait-ce le matin, était-ce le soir, vendredi ou bien dimanche, tout cela était pareil, une seule et même chose : la même douleur lancinante, ininterrompue, torturante; la conscience que la vie s'écoulait, inexorablement, mais qu'elle était encore là ; que cette mort terrifiante se rapprochait toujours davantage, elle, qui était la seule réalité, et toujours les mêmes mensonges.
Que signifiaient alors les jours, les semaines et les heures de la journée ?" p.87
Pour ma première rencontre avec Tolstoï, j'ai préféré "commencer léger" et je dois dire que je suis plutôt satisfaite de ce choix dans la mesure où loin d'être ampoulé, le style de cette nouvelle s'est révélé accessible et fort agréable.
Le parcours d'Ivan Ilitch et surtout les angoisses et les questionnements qui se posent à lui au soir de sa vie m'ont inspiré un sentiment de tendre pitié.
Chacun de nous n'a qu'une seule vie et il arrive que des êtres se persuadent durant des années d'en connaître le sens pour finalement réaliser qu'ils étaient complètement à côté de la plaque ou pire, emportent sur leur lit de mort des questions restées sans réponses.
Une petite nouvelle qui donne à réfléchir sur notre propre sort le jour venu et sur nos réactions face à la disparition des êtres qui nous sont proches.
Une jolie découverte qui m'encourage à dépoussiérer mon exemplaire d'"Anna Karénine" :)
Comme toi, j'ai démarré Tolstoi avec un court opus, c'était Maitre et serviteur. Plus tard j'ai attaqué Anna K et Guerre et paix. Un grand moment!
RépondreSupprimerExemplaire cette nouvelle! Tu vas aimer ses grands romans aussi, j'en suis certaine! Bonne chance! :)
RépondreSupprimerPas un de mes préféré de l'auteur. Je lui préfère ses romans plus longs.
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