21 avril 2014

Happy birthday grand-mère - Valérie Saubade


Publié en 1999, "Happy birthday grand-mère" est le premier roman de l'écrivaine française Valérie Saubade, notamment auteure des romans "Les petites soeurs", "Marche arrière" ou encore "Miss Sweety".

A la suite d'un AVC survenu deux ans plus tôt, Eléonore, 80 ans, s'est retrouvée hémiplégique et donc privée de la parole et condamnée à se déplacer en fauteuil roulant.
Sous prétexte de s'occuper d'elle, sa fille Elizabeth et son gendre emménagent chez Eléonore alors qu'avant sa maladie celle-ci avait toujours poliment éludé la question.
Il faut dire que les relations mère-fille sont loin d'être harmonieuses. Pianiste de renom et femme séduisante, trop occupée à privilégier sa carrière musicale et ses amants, Eléonore en a complètement négligé sa fille. Pour ne rien arranger, elle n'a jamais caché sa nette préférence pour son fils Brian.
Elizabeth compte bien lui faire payer au jour le jour ce manque d'affection, non sans s'assurer de toucher entièrement son héritage...

" Elizabeth ne manifestait pas une tendresse excessive à mon égard, mais il était clair qu'elle s'était prise d'une grande affection pour ma maison.
C'était peut-être le seul sentiment que nous partagions, elle et moi." p.34

J'avais reçu ce roman de la part de Clara pour mon anniversaire il y a quelques années.
Je suis tombée dessus par hasard en cherchant un titre dans ma bibliothèque et j'ai décidé qu'il était grand temps de faire honneur à ce cadeau :)
En découvrant la première phrase ("J'ai décidé hier après-midi de tuer ma fille") qui donne tout de suite le ton, je m'attendais à un récit centré sur de multiples tentatives d'assassinat des deux côtés.
Or le roman se concentre surtout sur l'ambiance électrique qui règne entre Eléonore et sa fille, particulièrement sur la cruauté d'Elizabeth qui prend un malin plaisir à humilier sa mère, à la priver de musique et de compagnie, à l'ignorer ou à l'"oublier" dans un coin et même à tenter de la déloger.
D'ailleurs, je n'ai pas trop compris ce qui empêchait Eléonore de faire appel à son vieil ami notaire pour faire dégager sa fille et son mari de chez elle.
Certes, elle se sert quand même de lui comme moyen de pression, sachant qu'elle reste libre de modifier son testament.


D'un bout à l'autre de ma lecture, j'ai ressenti toute l'impuissance et la frustration d'Eléonore à ne pas pouvoir claquer le bec à sa fille. Il est vrai qu'Elizabeth a des raisons légitimes de lui en vouloir. De là à s'en prendre à une vieille femme sans défense...

" Recroquevillée dans l'ombre, j'attendais tous les soirs que Madame Chabot eût terminé de récurer la cuisine pour venir me coucher. Une fois leur repas achevé, Elisabeth et Catherine se disputaient, tel un vieux couple, le privilège de choisir un programme de télévision.
Installées confortablement dans mes meubles, elles s'employaient à oublier jusqu'à mon existence.
Je luttais avec énergie pour sortir de cet exil intérieur. Je me sentais encore tellement vivante." p.161

Les mots sont durs dans la bouche d'Eléonore, narratrice de ce roman qui débute le jour de son quatre-vingtième anniversaire pour s'achever exactement un an plus tard.
Chacune à leur manière, toutes deux se montrent sans pitié l'une envers l'autre. Chaque page tournée me faisait me demander ce que l'une et l'autre mijotait.
J'étais donc partagée entre la curiosité amusée et le malaise face à cette tension permanente parfaitement bien rendue par l'auteure. Le récit est ponctué de quelques rebondissements bien dosés.
Le personnage d'Eléonore m'a vraiment séduite par son goût pour les plaisirs de la vie, sa sagacité et sa dignité.

J'aime ce genre de roman au ton acide qui m'a fait penser à du Willa Marsh, merci Clara pour ce cadeau pas empoisonné ;)


D'autres avis : Clara - Sandrine


5 commentaires:

  1. Ce livre me semble très intéressant: je ne connaissais pas encore cette auteure!

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  2. J'aime aussi beaucoup Willa Marsch, alors je note !

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  3. J'ai beaucoup aimé "Les petites sœurs". Suspens, humour noir, tension... j'avais adoré. Si le ton de ce roman est le même, je le lirai volontiers.

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  4. Sauf erreur, il traine dans ma PAL depuis aussi pas mal de temps. Je dis sauf erreur, parce que j'ai accumulé pendant quelques mois les romans sur la vieillesse et je ne me rappelle plus si celui-ci fait partie de lot (hum hum, no comment et oui, je sais, bizarre comme thématique, mais il me semble qu'il y a eu une petite mode). Bref, je vais aller fouiller les tréfonds de ma bibliothèque.

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