Un film sorti en octobre 2008 et qu'à mon grand regret je n'ai découvert que tout récemment.
Séraphine Louis - devenue plus tard Séraphine de Senlis - a 48 ans ( j'avoue n'avoir appris son âge qu'après avoir vu le film, mes excuses à Yolande Moreau et à Séraphine à qui je donnais facilement 10 ans de plus...).
Le look de ce personnage m'a d'emblée fait penser à une "version sdf de Mary Poppins" avec laquelle Séraphine partage un goût prononcé pour la chanson et la nature.
Séraphine entonne les airs pieux appris chez les soeurs, parle aux arbres et se ressource dans cette nature dont elle puise les éléments nécessaires à la fabrication de ses pigments.
Oui Séraphine peint et c'est là son grand talent.
Mais comme il faut bien vivre, elle travaille ( entre autres) comme femme de ménage, au service d'une maison bourgeoise.
A l'aube de la première guerre mondiale, un allemand collectionneur d'art vient s'installer dans la demeure.
Le "bosch", fasciné par le talent de Séraphine, devient son mécène mais sera rapidement éconduit par les exigences de la guerre qui le contraignent à fuir les terres françaises.
Son exil durera 13 ans. Il reprend alors contact avec Séraphine et lui promet une exposition.
Les tableaux se vendent bien et Séraphine apprécie très vite sa nouvelle condition.
Mais la crise de 1929 et la Grande Dépression ont tôt fait de mettre un terme à ses extravagances financières.
Elle perd tout, même la raison. Le collectionneur se voit contraint de la faire interner.
Privée de cette nature qu'elle aime tant, elle ne peint plus.
Elle meurt en 1942, bien qu'on puisse présager que son désoeuvrement l'ait mené à quitter le monde des vivants bien plus tôt.
Une prestation bouleversante de Yolande Moreau ( d'ailleurs récompensée par le César de la meilleure actrice) dans un rôle qui lui colle à la peau et aux tripes.
Deux tableaux différents dans un même film : d'un côté une bourgeoisie suffisante et implacable qui la traite comme une moins que rien, d'un autre Séraphine, plus qu'un personnage, un monde à elle seule, un univers qu'elle s'est construit pour échapper à cet ennemi omniprésent qu'est la solitude.
La peinture est son exutoire, son évidence. Privée de celle-ci, elle ne saurait vivre.
Un vrai coup de coeur que je ne peux que conseiller. Ca faisait un petit temps déjà que je n'avais plus pleuré à chaudes larmes devant un film ( ça doit dater de "Deux jours à tuer").
Je pense avoir un petit faible pour ces héroïnes qui réussissent à se construire d'elles-mêmes, sans l'aide d'un homme.
Il est vrai qu'il y a bien un homme dans cette histoire mais il n'est qu'un coup de pouce, au mieux le révélateur d'un talent déjà bien présent avant son arrivée.
Je reviendrai sûrement sur ce thème ( et non je ne suis pas devenue suffragette^^).
Pour un extrait du film : http://www.seraphine-lefilm.com/
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