18 février 2010

Chronique d'une mort annoncée - Gabriel Garcia Marquez


"Chronique d'une mort annoncée" est un court récit de l'écrivain et prix Nobel colombien Gabriel Garcia Marquez, auteur du célèbre "Cent ans de solitude", paru en 1981.
A défaut d'être une véritable enquête, ce récit se présente comme un retour sur les événements ayant conduit à un meurtre commis bien des années plus tôt.
Alors que dans un petit village colombien, la célébration des noces d'Angela Vicario et de Bayardo San Roman bat encore son plein, le jeune marié se rend compte que son épouse n'est plus vierge.
Il décide de la renier et de la ramener chez sa mère. La honte pèse alors à ce point sur les Vicario que les jumeaux de la famille décident d'assassiner celui à qui l'outrageuse défloraison doit être imputée. Angela a désigné à ses frères Santiago Nasar.
Les frères Vicario se mettent en tête de retrouver le jeune homme et de l'assassiner afin de rétablir l'honneur de leur soeur et de toute la famille, dessein dont ils sauront faire profiter le village entier.
Pendant ce temps, Santiago Nasar est loin de se douter que l'on projette de l'assassiner. En fait, tout le monde est au courant sauf lui...

Voici un récit pour le moins troublant et ...consternant! Le narrateur est retourné dans son village d'enfance afin de compléter ses souvenirs des témoignages de la famille et des proches de Santiago Nasar.
Le but du narrateur est moins de rendre hommage à un ami que de pointer l'aspect "rocambolesque" de sa disparition. Non seulement Santiago Nasar était bien le seul à ignorer qu'il allait mourir (et encore moins à soupçonner la raison pour laquelle il serait assassiné) mais en plus, il n'est absolument pas certain, comme le laisse entendre le narrateur, que le jeune homme fut effectivement coupable de ce dont on l'accusa.

" Elle avait à peine hésité à prononcer le nom. Elle le chercha dans les ténèbres, elle le trouva du premier coup d'oeil, parmi tous ces noms qu'on peut confondre, aussi bien dans ce monde que dans l'autre, et elle le cloua au mur, avec son adresse de chasseresse comme un papillon dont le destin était écrit depuis toujours.
"Santiago Nasar", avait-elle dit. " p.49

Imaginez-vous cet homme traversant son village. Les habitants, encore un peu saouls des noces de la veille, rencontrent des jumeaux qui clament à qui veut l'entendre qu'ils s'apprêtent à l'assassiner et qui ne prennent d'ailleurs pas la peine de cacher les couteaux que chacun porte à la main.
Les uns y croient mais se disent que Nasar est condamné de toutefaçon, d'autres n'en gobent pas un mot, certains essaient de prévenir Nasar mais pour une raison x n'y arrivent pas, bref sur plusieurs heures de temps dans ce petit village, personne n'arrive à prévenir ce malheureux qu'il va mourir !

" La plupart de ceux qui se trouvaient au port savaient qu'on allait tuer Santiago Nasar. Don Lazaro Aponte, colonel de l'académie militaire en retraite et maire du village depuis onze ans, l'avait salué d'un signe des doigts. " J'avais toutes mes raisons de croire qu'il ne courait plus aucun risque", me dit-il. Le père Amador ne s'en était pas préoccupé davantage. "Quand je l'ai vu sain et sauf, j'ai pensé que tout cela n'avait été qu'une turlupinade."
Personne ne s'était demandé si Santiago Nasar était prévenu, car le contraire paraissait à tous impossible." p.24

Quant à l'épouse reniée, elle ne sera pas en reste. Elle aurait pu être lapidée mais chaque culture a ses propres petits plaisirs et l'on peut dire que sa vie ne sera pas une franche rigolade non plus, entourée de cette famille à l'esprit étriqué.

Un début à la Colombo, une lecture à l'allure très shakespearienne dans le fond en ce qu'elle est consacrée à l'importance de l'honneur et au poids de la fatalité et qui pointe à l'extrême toute l'irresponsabilité dont sont capables les hommes. J'en reste sans voix !

Un autre avis : Pimprenelle

" Chronique d'une mort annoncée" était une lecture commune avec Choco dont j'attends impatiemment le verdict !

23 commentaires:

  1. Pas tentée du tout par ce livre! Le sujet me rebute!

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  2. Ça a l'air très bien, mais dur! J'hésite quand même.

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  3. Un lecture qui chamboule et après laquelle , on reste plusieurs jours sonné, abasourdi?

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  4. Ah oui, lu et adoré! Un style et une histoire si singulières, simple et pourtant la magie de l'ambiance, des mots sont là!

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  5. Un roman étrange en effet qui m'avait mise mal à l'aise mais dont je garde un très bon souvenir!

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  6. Lecture ancienne beaucoup aimée! je me souviens encore de l'atmosphère étouffante du village et de l'approche inéluctable de cette mort

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  7. Moi j'avais beaucoup aimé cette lecture inhabituelle. Et j'ai beau relire et relire ta (très bien écrite) critique, je n'arrive pas à comprendre si tu as aimé ce livre ou pas ...

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  8. J'avais lu ce roman il y a quelques années. Ce récit m'avait plutôt mise mal à l'aise.
    A vrai dire, j'avais préféré Cent ans de solitude...

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  9. Comme Mango, lu il y a longtemps, je me souviens encore de l'angoisse qui montait au fur et à mesure de la narration, sachant la fin inéluctable.

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  10. J'avais adoré cette lecture !C'est tout ce que j'ai lu de cet auteur... Peut-être que je lirai autre chose de lui... On verra ! ;)

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  11. Tu me donnerais presque envie de retenter l'expérience "GGM"! Et c'était pourtant pas gagné... ;) Chapeau!
    Au fait, t'ai-je dit que mon blog a déménagé?

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  12. Je l'ai lu aux tout débuts de mon blog, et je l'ai adoré...

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  13. Un livre que j'ai lu il y a longtemps et que ton billet me remet en mémoire. J'adore cet auteur, mon projet est d'un jour relire les livres lus et surtout ceux que je n'ai pas encore lus, dont les fameux 100 ans de solitude !

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  14. Je le note, car j'ai adoré "Cent ans de solitude" et encore plus "L'amour aux temps du choléra". Je te conseilla d'ailleurs vivement ce dernier !!

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  15. @La plume et la page : Ca arrive ;)Il faut dire que le sujet a de quoi susciter bon nombre de réactions sensiblement différentes...

    @Keisha : Je comprends ton appréhension. Cela dit, pour ma part, j'ai plus été impressionnée par l'aspect invraisemblable de l'histoire que par la cruauté des faits.

    @Clara : Tout à fait, car on ne peut pas s'empêcher de dresser un parallèle avec l'individualisme exacerbé de nos sociétés...

    @Sabbio : C'est sûr que l'auteur a parfaitement su créer l'ambiance propice à l'histoire!

    @Pimprenelle : De mon côté, ça ressemblait à "Mais enfin, il y en a bien un qui va lui dire à la fin?!?" ^^

    @Mango : oui, on a beau en connaître la fin dès le départ, on espère quand même un tournant positif à cette histoire !

    @Mélusine : Je savais d'avance que vu l'histoire, j'allais me sentir agacée.
    Mais le style de l'auteur n'y est pour rien, j'ai beaucoup aimé ce livre même si l'histoire m'a dérangée.

    @Marie : " Cent ans de solitude" est dans ma PAL, il faudrait que je me décide à le lire un jour ;)

    @Aifelle : ce roman a l'air d'avoir marqué ses lecteurs!

    @Soukee : idem, on verra ;)

    @Marie-L : pas besoin de me le dire, j'ai vu ça hier.
    Le temps de changer le lien et je débarque pour les commentaires ;)

    @Neph : je crois que la plupart des gens reconnaissent la qualité de plume de Marquez.
    Dans le cas de cette histoire-ci, ça passe ou ça casse.

    @Géraldine : "Cent ans de solitude" est dans mes projets aussi.
    Sinon je me disais que ce serait un bon pseudo pour ma PAL ^^

    @Manu : pourquoi pas ;) Je vais peut-être commencer par le premier que j'ai déjà. Mais quand, c'est toute la question ^^

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  16. Je le note pour mon tour de monde lecture !

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  17. Choco méga en retard... je rame, je rame.... Pas encore rédigé mon billet... (pas frapper...)
    Bon je peux déjà dire que je n'ai pas été mise mal à l'aise par cette lecture. Je ne suis d'ailleurs pas vraiment rentrée dedans...
    Je n'ai pas retrouvé la verve de 100 ans de solitude meme si on sent l'influence par petite touche.
    Bref, je n'en garderais pas un souvenir mémorable...

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  18. Coucou,

    Il semble que tu aies oublié que nous avions lecture commune aujourd'hui avec le syndicat des pauvres types ! A moins que ce soit moi qui me soit trompé de date !!!

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  19. @Liyah : bonne lecture ;)

    @Choco : avec tes têtes scalpées et tes lectures boyaux, je ne suis pas étonnée que cette lecture t'ait fait l'effet d'un album Bisounours ^^
    Tiens, ça me fait justement penser au passage où l'auteur décrit le cadavre de Santiago. Un style très clinique par rapport au reste du roman, ça m'avait frappée.
    Je ne sais pas si toi aussi(?)

    @Géraldine : non je n'avais pas oublié mais j'ai eu un contretemps ;)

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  20. Comme je me sens seule d'un coup en lisant les posts... parce que le résumé de l'intrigue m'a totalement happé. Il faut que je le lise !
    PS : Cynthia, j'ai Cent ans de solitude en lecture commune avec Lou pour cet été... tu te joints à nous ?

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  21. Une lecture qui met mal à l'aise : c'est ce que j'avais retenu du billet de Pimprenelle ... je le lirai mais pas tout de suite.

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  22. @Pickwick : allez soyons fous, c'est d'accord pour la lecture commune ;)
    Au moins comme ça je suis sûre que ce roman ne passera pas 100 ans dans ma PAL ^^

    @Leiloona : apparemment "100 ans de solitude" est mieux donc quitte à choisir... ;)

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  23. Yep ! C'est cool, je note. C'est une lecture prévue pour l'été (date à déterminer).

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