"Comme un roman" est un essai de l'écrivain français Daniel Pennac, paru en 1992.
"On est prié (je vous supplie) de ne pas utiliser ces pages comme instrument de torture psychologique."
Pas de doute, le ton est donné. La lecture ne fait pas partie de ces plaisirs qui s'imposent (peut-on d'ailleurs encore parler de plaisir lorsque celui-ci souffre de la contrainte?)
" Le verbe lire ne supporte pas l'impératif. Aversion qu'il partage avec quelques autres : le verbe "aimer"...le verbe "rêver"... On peut toujours essayer, bien sûr. Allez-y : "Aime-moi !" "Rêve !" "Lis! " Mais lis donc, bon sang, je t'ordonne de lire !" _Monte dans ta chambre et lis ! Résultat? Néant. " p.13C'est sur ce passage maintes fois cité que s'ouvre cet hommage à la lecture, aux amoureux des livres mais aussi aux non-lecteurs.
Jamais la lecture ne devrait servir de monnaie d'échange pour bénéficier du droit d'accès aux autres plaisirs mais devrait, au contraire, être synonyme de liberté, de gratuité (au sens figuré parce que bon pour le reste mon portefeuille en frémit chaque mois...).
C'est pourquoi cet essai n'a pas vocation à juger les non-lecteurs, plutôt à décortiquer leurs comportements, à déterminer les origines de cet éloignement.
" Le vingtième siècle trop "visuel"? Le dix-neuvième trop descriptif? Et pourquoi pas le dix-huitième trop rationnel, le dix-septième trop classique, le seizième trop renaissance, Pouchkine trop russe et Sophocle trop mort? Comme si les relations entre l'homme et le livre avaient besoin de siècles pour s'espacer. Quelques années suffisent. Quelques semaines. Le temps d'un malentendu." p.39
Pennac démystifie les angoisses qui les tiennent éloignés de certains livres et derrière lesquelles se dissimule bien souvent la peur de ne pas les comprendre.
" En argot, lire se dit ligoter.Tour à tour, l'auteur endosse les casquettes de parent, d'élève, de non-lecteur, de lecteur et de prof. A travers cet essai transparaît l'infinie tendresse de l'homme pour la littérature et les lecteurs (à venir).
En langage figuré un gros livre est un pavé.
Relâchez ces liens-là, le pavé devient un nuage." p.50
Si à aucun moment je n'ai ressenti de jugement à l'égard des non-lecteurs, j'ai tout de même constaté chez l'homme une profonde envie de transmettre un idéal pédagogique, sentiment que j'avais déjà ressenti à la lecture de "Chagrin d'école".
Pourquoi l'auteur aurait-il rédigé cet essai qui fait la part belle à la lecture si son dessein n'était pas d'ouvrir les yeux à ceux qui s'obstinent à rester insensibles à ses charmes? Pennac admet volontiers que ses méthodes ne toucheront pas chacun de la même manière. Au moins aura-t-il essayé.
L'essai se conclut par une liste de droits imprescriptibles dont bénéficient les lecteurs.
1) Le droit de ne pas lire. Ma PAL dit merci.
2) Le droit de sauter des pages. Si la tentation est là, c'est selon moi mauvais signe. A ce moment-là, je préfère carrément abandonner l'ouvrage en question. Ou le remettre à plus tard si je constate que la fatigue a pu jouer un rôle dans ce renoncement.
Mais je dois admettre que j'ai sauté les pages de ce chapitre Monsieur Pennac. Oui oui! Comment ça pourquoi? Parce que sous le couvert d'un exemple anodin, vous vous êtes laissé aller à me raconter l'une de mes prochaines lectures, "Guerre et Paix", "l'histoire d'une fille qui aime un type et qui en épouse un troisième" etc etc...
Ceci dit je vous pardonne, d'ici fin juin et les quelques 1500 pages de ma lecture, je pense que j'aurai oublié cet incident...
3) Le droit de ne pas finir un livre. Je pense que l'actualité récente de ce blog démontre bien à quel point je revendique ce droit.
4) Le droit de relire. C'est ce que j'ai fait en relisant cet essai.
5) Le droit de lire n'importe quoi. Ouf !
6) Le droit au bovarysme (Maladie textuellement transmissible).
Extrait pêché tout à fait au hasard : " (...) ce n'est pas parce que ma fille collectionne les Harlequin qu'elle finira en avalant l'arsenic à la louche " p.185
7) Le droit de lire n'importe où.
8) Le droit de grappiller. Raison pour laquelle j'aime posséder les livres, pour pouvoir m'y replonger à souhait ne fut-ce que pour relire un seul passage.
9) Le droit de lire à haute voix. Ca ne m'arrive pas souvent mais je dois avouer que cela donne une autre dimension au texte.
10) Le droit de nous taire. Heu...connais pas celui-là ^^
En un mot, ne boudons pas ce qui doit rester notre plaisir ! Peu importe la manière dont nous y accédons, pourvu que le bonheur de lire reste intact.
Un essai que je recommande... à tout le monde.
"Comme un roman" a fait l'objet d'une lecture commune avec Reka, Delphine et Pascale.
D'autres avis : Mango - Marie - Abeille - Karine:)
un excellent essai, une superbe lecture, les mots de Pennac m'enchantent déjà lu chagrin d'école et celui ci et je suis ravie de cette lecture commune, je te remercie de cette proposition, j'ai adoré ce livre.
RépondreSupprimertu en as fait une belle analyse, mais mieux vaut le découvrir de fond en comble tellement il se lit vite et agréablement, je le recommande à tous ...
bonne journée
"Le tout de monde" s'daresse aussi aux aateurs, j'imagine!
RépondreSupprimerEh bien, parmi les oeuvres de Pennac qui est un de mes auteurs préférés, celle-là doit être ma favorite... C'est vrai qu'au fond il essaie de faire revenir au livre les petits non-lecteurs égarés, mais pour nous qui lisons, quelle cure de décomplexion ! De temps en temps il faut y jeter un oeil et se rappeler qu'on a le droit de ne pas finir un bouquin, de ne pas l'aimer, de ne pas en parler, de lire des bêtises et d'en dire du bien. En plus "Comme un roman" est tellement bien écrit que c'est un véritable dessert à déguster... Miam !
RépondreSupprimerun livre que j'ai lu, que je lis régulièrement et que je relirai encore
RépondreSupprimerUne critique plus positive que la mienne. Tant mieux pour Pennac ;)
RépondreSupprimerJ'ai préféré cet essai à "Chargin d'école". Beaucoup de bonnes choses, mais en tant que prof, il m'agace sur pas mal de points. Et en ce qui me concerne, j'ai fait de cet essai un "instrument de torture psychologique": je l'ai proposé en devoir à mes élèves. Na!
RépondreSupprimerMais pourquoi n'est-il pas encore sur mes étagères celui-là, je me le demande ! L'extrait sur les siècles m'a fait beaucoup rire en plus. Je prend le droit d'acheter un livre qui me fait très envie meme si ma PAL et mon budget ne sont pas bien d'accord :))
RépondreSupprimerTiens, je devrais bien le relire... ^_^ A consommer sans modération.
RépondreSupprimerPour Guerre et paix, t'inquiète pas, il y a vraiment tant de choses dans ce roman (génial) que le plaisir demeure!
Excellent! Si seulement les non lecteurs pouvaient le lire, ce livre!
RépondreSupprimerJ'aime Pennac! ce fut une lecture commune avec ma fille alors au collège et qui me l'a fait découvrir. Un beau partage, le plaisir de lire et d'échanger à travers la saga des Malaucène.
RépondreSupprimerMais je ne connaissais pas ce livre et ta présentation me donne envie de le lire. Que c'est beau la lecture qui rime avec liberté! je suis entièrement d'accord avec lui même si je suis prof de lettres (à la retraite) et si, à ce titre (oui, j'ai donné des lectures obligées à mes élèves, mea culpa!), je suis un peu dans le collimateur de Pennac!
Je devrais bientôt le lire ! Je suis encore plus pressée maintenant ! :-)
RépondreSupprimerOuh, j'ai lu ce livre il y a...et le souvenir est encore vif. je me souviens avoir acquiescé, avoir souri. Je l'ai vu par la suite adapté sur scène et là j'ai carrément ri ( ah, les épisodes avec les lectures enfantines et la lecture ado de Madame Bovary... ). J'aurais ajouté un 11 : le droit de collectionner, ça s'appelle le syndrome de l'écureuil, c'est pour la prochaine famine :))
RépondreSupprimerTellement longtemps que je me dis que je veux le lire celui-là ... Que le temps passe vite !
RépondreSupprimerTu m'as donné une envie irrésistible de le relire ! (ma 1ère lecture remonte à un bon bout de temps) Facile : il n'y qu'à le pêcher sur les étagères de ma biblio, c'est pour moi un incontournable à posséder absolument !!! Facile ? Enfin quand ma PAL sera un peu moins haute ... si ça arrive un jour !
RépondreSupprimer;-)
J'avais aussi beaucoup aimé cet essai. Mais bon, j'aime beaucoup Pennac !
RépondreSupprimerJe pense que ce livre fait partie des indispensables que je n'ai pas encore lu mais que je lirai surement bien un jour ;-)
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé ce livre !
RépondreSupprimerUn de mes livres préférés :)
RépondreSupprimerSympa de nous proposer ton interprétation des droits du lecteur. Je te rejoins totalement pour le 2. Si je dois sauter des pages alors, autant abandonner !
RépondreSupprimerJe me souviens l'avoir lu un jour alors que j'étais malade à Madrid et je garde un bon souvenir de cette lecture bien sympathique.
RépondreSupprimerPennac reste un de nos grands auteurs contemporains. Cet essai, bien sûr et ses romans.
RépondreSupprimerJ'aime pas Pennac LOL :)
RépondreSupprimerJ'ai une affection particulière pour ce livre, lu au lycée ! Outre son apologie pour la lecture, il est aussi lié pour moi à une amitié très forte et hélas perdue dont je serais éternellement nostalgique... soupir...
RépondreSupprimerJ'ai lu ce livres il y a quelques mois. Un régal, une ode à la lecture et à la tolérance !
RépondreSupprimerIls sont fort célèbres les droits du lecteur!!!
RépondreSupprimerJ'ai vraiment aimé cet essai, notamment les fameux dix droits et la partie où Pennac évoque la façon dont il a fait partager son amour de la lecture à des élèves a priori récalcitrants. L'ensemble est un peu inégal, parfois ennuyeux (la deuxième partie, notamment), mais cela reste tout de même une belle lecture, et un joli hommage à la lecture.
RépondreSupprimer