Publié en 2009, "Ce que je sais de Vera Candida" est le 7ème roman de l'écrivaine française Véronique Ovaldé, notamment auteure de "Les hommes en général me plaisent beaucoup", "Et mon coeur transparent" ou plus récemment de "Des vies d'oiseaux".
Vera Candida n'était encore qu'une adolescente le jour où, n'arrivant plus à dissimuler sa grossesse honteuse à sa grand-mère Rose, elle quitte l'île de Vatapuna, terre de ses ancêtres, pour rejoindre le continent et repartir à zéro.
Hébergée au "Palais des Morues", une pension dédiée aux jeunes mères, elle trouve un emploi dans une usine de paniers repas et un homme disposé à les aimer durablement elle et sa fille Monica.
Alors que son existence semble s'affranchir des tourments endurés par sa mère et sa grand-mère, l'arrivée d'une terrible nouvelle signera le retour de Vera Candida à Vatapuna 24 ans plus tard, là où tout a commencé.
" Les vies se transforment en trajectoires. Les oscillations, les hésitations, les choix contrariés, les déterminations familiales, le libre arbitre réduit comme peau de chagrin, les deux pas en avant trois pas en arrière sont tous gommés finalement pour ne laisser apparaître que le tracé d'une comète." p.227
Rose, Violette, Vera Candida, Monica, 4 destins scellés par la violence et l'abandon d'un homme. La grand-mère de Vera Candida, Rose Bustamente, chassée de chez elle pour avoir perdu sa virginité à 14 ans, pensait avoir tout connu des hommes en mettant fin à sa carrière de prostituée.
Cédant aux charmes de Jeronimo, joueur de poker tout occupé à la construction de son immense villa, elle pensait mener la belle vie, croulant sous les présents et les attentions de l'homme.
Mais ce qui débutait tel un conte des mille et une nuits vire petit à petit au cauchemar. Jeronimo multiplie les aventures, adopte un comportement de plus en plus étrange mais surtout, ne semble pas prêt à assumer la grossesse inopinée de Rose.
Rose élèvera seule Violette, avec les maigres moyens qui sont les siens, mais ne parviendra pas à maîtriser la nature volage de sa fille qui à son tour mettra au monde une fille, Vera Candida, dont Rose aura finalement la charge.
" De toute façon, elle décréta qu'il ne lui plaisait pas : il était trop grand et n'était pas un assez vieil homme pour lui faire le moindre effet - sa grand-mère Rose Bustamente disait toujours qu'il fallait se choisir un homme beaucoup plus âgé que soi "parce qu'ils en ont fini avec leurs problèmes et peuvent ainsi s'occuper des tiens", elle ne disait jamais ce que les femmes de Vatapuna répétaient sans cesse, qu'elles attendaient d'un homme qu'il soit travailleur, qu'il les aime et les respecte, parce que, quand elle entendait ça, Rose Bustamente levait les yeux au ciel, haussait les épaules et s'exclamait, Autant espérer une pluie d'or du cul d'un âne." p.112
"Ce que je sais de Vera Candida" est une histoire de jeunes filles précipitées dans la vie adulte par la veulerie des hommes, mettant au monde des filles qui deviendront de jeunes mères à leur tour.
Un cycle sans fin pourrait-on croire sauf que Vera Candida, par son départ de Vatapuna, source de tous les maux, brisera la malédiction qui pèse sur sa lignée.
Personnage central du roman, Vera Candida est une femme qui, à l'image de sa grand-mère, force l'admiration de par le courage qu'elle déploie sans cesse pour assurer une vie décente à sa fille. Alors qu'elle nourrissait au départ de nombreux doutes sur sa capacité à être mère, elle entretient avec sa fille une relation mêlant amour et secret, lui prodiguant la protection et la fierté qui lui manquaient chez sa propre mère tout en refusant de lui dévoiler l'identité de son père.
J'ai beaucoup aimé ces portraits de femmes pour qui la maternité ne sonne jamais comme une évidence, ces histoires faites de non-dits et de transmission malgré soi et la façon dont l'auteure les entrecroise sans pour autant verser dans l'homogénéité.
Véronique Ovaldé possède ce don de suggérer des événements terribles tout en prenant soin de ne pas charger son récit, privilégiant à leur description leur incidence sur l'intimité de plusieurs vies.
J'ai tout de même eu un peu de mal avec le style de l'auteure qui ne semble pas connaître l'existence des guillemets, préférant insérer une majuscule à la suite d'une virgule au beau milieu d'une phrase.
Mais en y repensant, je trouve que cette particularité confère une certaine oralité au récit, un peu comme si l'auteure me murmurait son histoire, comme le ferait une mère à sa fille en lui disant "Prends garde mais n'en oublie pas de vivre".
"Ce que je sais de Vera Candida" était une lecture commune avec Reka dont je file voir le billet !
D'autres avis : Zarline - Theoma - Alex - Liliba - Canel - Sandrine - Lili Galipette
Je pense le lire également !
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé ce roman et la conclusion de ton billet est très belle.
RépondreSupprimerJe n'ai pas accroché, ni au style ni à l'histoire et ne suis pas allée au-delà de quelques pages...
RépondreSupprimerC'est fou comme nos billets ne se ressemblent pas, même dans la manière dont nous résumons l'une et l'autre l'histoire que le livre contient :)
RépondreSupprimerJ'aime les extraits que tu as choisis.
Pour ma part, comme tu pourras le voir, je me suis montrée grincheuse - une fois de plus ! Ca va finir par devenir ma marque de fabrique ! ;)
Je n'avais pas été convaincu par sa plume. Je n'avais pas réussi à me laisser porter par sa petite musique.
RépondreSupprimerTu es bien plus enthousiaste que Réka ! J'ai encore plus envie de me faire mon opinion maintenant !
RépondreSupprimeroh ces extraits ! comme j'ai aimé ce livre !
RépondreSupprimerUne auteure que je veux découvrir, je ne sais pas par quel titre ! Tout le monde me conseille celui-ci mais je ne sais pas si l'histoire m'emporterait.
RépondreSupprimerje l'ai lu l'an dernier et j'avais beaucoup aimé, la première partie surtout.
RépondreSupprimerJe vais bien finir par la lire cette Véronique Ovaldé dont je lis et entends tant de bien. Mais je résiste, parce que quand même toutes ces histoires de gonzesses ne m'attirent pas trop (non, pas taper !)
RépondreSupprimerUne très belle lecture
RépondreSupprimer@Clara : tiens c'est étrange mais j'étais certaine que tu l'avais déjà lu :)
RépondreSupprimer@Lili Galipette : merci ;)
@Gwenaelle : A ce point-là ?
@Reka : tu deviens effectivement difficile à convaincre ^^
@Alex: apparemment ça passe ou ça casse avec cette auteure...
@Noukette : 1-0, on verra vers quel côté tu te retrancheras :P
@Theoma : je me souviens bien de ton billet et de ton beau montage photo ;)
@Manu : je pense qu'il pourrait te plaire mais je n'arriverais pas à le dire avec certitude :)
@Tiphanie : la plus sombre en fait :)
@Ys : oui mais bon, c'est pas de la chick-litt non plus hein :P Mais je te l'accorde, les mères en prennent plein la tronche en littérature pour l'instant...
@Kikine : je pense en garder un bon souvenir ;)
Je crois que je ne suis pas fan de l'univers de cete auteure, que je trouve pourtant très sympathique.
RépondreSupprimerOh j'aime beaucoup ta dernière phrase au sujet de l’oralité ! ♥
RépondreSupprimerLu et adoré, un de mes coups de coeur de l'an dernier.