C'est à travers un langage empreint d'une fausse naïveté que Jean-Louis Fournier se replonge dans son enfance pour nous livrer des anecdotes tragi-comiques décryptant sa relation avec son père, un médecin plus porté sur la bouteille que sur l'argent ou le bien-être de sa famille.
Ce qui fait le charme de ce récit, c'est que chaque facette déplaisante de la personnalité du père se voit relativisée avec douceur par le regard enfantin emprunté par l'auteur. "Pour rendre supportable l'insupportable".
Aucune complicité père-fils mais une somme de petits moments qui dénotent une tendresse et même une admiration certaine d'un fils pour son père, en dépit du manque affectif.
J'ai trouvé cette utilisation de la voix enfantine très juste et pas du tout gnangnan. Les situations dépeintes sont généralement tristes mais tournées de façon à échapper au mélodrame.
J'ai vraiment apprécié cette utilisation de l'humour au service du pardon.
Extraits :
" Ses malades, ils étaient intimidés par les docteurs distingués, bien rasés. Il préféraient papa, avec ses vieux costumes et ses élastiques au bout de ses souliers, même quand il tenait plus debout et qu'il était obligé de se tenir au lit du malade pour pas se casser la figure.
Ses malades disaient que, quand ils voyaient papa, ils avaient plus envie de mourir." p.40
" Papa, il avait eu beaucoup d'accidents. Alors, c'était mieux, un chauffeur, ça coûtait moins cher que les accidents. Et surtout, le chauffeur, c'était papa qui payait, tandis que ses accidents, c'était maman." p.119
" On est bien dans un café, on s'occupe de vous. Quand vous avez envie de quelque chose, vous dites le nom de la chose et elle arrive devant vous, comme dans les contes de fée.
Papa, il était capable de dire vingt fois "Martini" dans la journée, et vingt fois il y avait un Martini qui arrivait.
Ce jour-là, papa s'est intéressé à moi. Il m'a demandé ce que je voulais faire plus tard. Je lu ai dit que je voulais faire du théâtre. Je crois qu'il m'a dit que c'était pas un vrai métier. Il me parlait comme à un homme.
Puis, papa, il a redit "Martini" plusieurs fois et c'est devenu moins bien." p.123
D'autres avis : Pimprenelle - Le monde de la lecture
J'ai lu "Mais où on va papa ?" qui m'avait fort touchée.
RépondreSupprimerPas encore lu mais je me souviens que ce livre avait provoqué un certain scandale au moment de sa sortie.
RépondreSupprimerce livre est génial !
RépondreSupprimerEt un livre de plus à lire.
RépondreSupprimerL'alcoolisme est un véritable fléau qui détruit des individus, des familles...
Bonne soirée Cynthia