84, Charing Cross Road - Helene Hanff

" 84, Charing Cross Road" est un court roman épistolaire retraçant la correspondance réelle tenue durant 20 années par Helene Hanff, scénariste américaine, et plusieurs employés de la librairie londonienne Marks&Co.
Le roman démarre le 5 octobre 1949 par une lettre d'Helene Hanff à la librairie Marks&Co (spécialisée dans les livres rares) à laquelle la jeune femme au revenu modeste réclame des ouvrages introuvables aux USA.
Tour à tour, c'est Frank Doel puis chaque employé qui correspondront avec la scénariste toujours dans l'espoir de pouvoir rencontrer un jour cette cliente pour le moins particulière qui leur envoie régulièrement des vivres.

Les avis sur ce livre sont plutôt unanimes. Pour ma part, je ne l'ai pas trouvé si extraordinaire que ça.
Je dirais même que j'ai davantage apprécié tout ce qui tournait autour de l'histoire que le contenu du livre en lui-même.
L'idée d'une correspondance réelle entre des employés d'une librairie et une scénariste est séduisante, les liens qui se tissent entre les différents protagonistes, leur intérêt commun pour les livres, tout cela force à l'admiration mais...
J'ai trouvé le personnage d'Helene Hanff assez agaçant à jouer les grandes dames alors qu'elle n'en a pas les moyens.
Sous prétexte qu'elle envoie des colis de vivres et quelques dollars pour des livres, elle se permet de traiter Frank Doel comme un valet tout en faisant passer ses remarques pour de l'humour.
J'ai bien sûr ri à sa réflexion sur la bible protestante ou encore au parallèle dressé entre la pose de ses couronnes dentaires et le couronnement de la reine Elizabeth d'Angleterre mais j'ai beaucoup moins aimé ses manières insolentes, sa façon d'étaler sa connaissance de certains livres ou de jeter ceux qu'elle n'appréciait pas.
Plusieurs fois je me suis même dit "mais pour qui se prend-t-elle?"
Les employés de la librairie sont certes attachants mais j'ai trouvé leurs lettres assez maigres.
J'avais l'impression de lire la même chose dans chaque lettre "merci pour les oeufs en poudre", "merci pour les bocaux de langue".
Ils ne rebondissent jamais sur les réflexions de la scénariste à propos de ses lectures et choisissent plutôt de lui raconter leurs vies.
Un dialogue de sourds. L'une s'étale sur ses lectures et les autres sur leur vie. Aucun échange littéraire finalement.
Bien que je sache qu'"Un homme à distance" se soit fortement inspiré de ce livre ( "Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates" m'y a d'ailleurs également fait penser), je l'ai préféré à "84, Charing Cross Road" sans doute en grande partie parce que je connaissais davantage les livres mentionnés mais aussi parce les lettres échangées dans ce roman me semblaient plus travaillées.
Je suis tout à fait consciente que les correspondances échangées dans "84, Charing Cross Road" soient authentiques contrairement au roman de Pancol mais cet aspect ne m'a pas suffi à réellement apprécier ce livre.
Sans plus pour moi.

Extraits :

" J'adore les livres d'occasion qui s'ouvrent d'eux-mêmes à la page que leur précédent propriétaire lisait le plus souvent.
Le jour où le Hazlitt est arrivé, il s'est ouvert à "Je déteste lire des livres nouveaux" et je me suis exclamée "Salut, camarade!" à l'adresse de son précédent propriétaire, quel qu'il soit." p.19

" Je me suis arrangée avec le lapin de Pâques pour qu'il vous apporte un Oeuf, mais quand il arrivera chez vous il découvrira que vous êtes mort d'Apathie.
Avec le printemps qui arrive, j'exige un livre de poèmes d'amour. Pas Keats ou Shelley, envoyez-moi des poètes qui peuvent parler d'amour sans pleurnicher, Wyatt ou Jonson ou autre, trouvez vous même." p.23

" Je fais le ménage de mes livres chaque printemps et je jette ceux que je ne relirai jamais, comme je jette les vieux vêtements que je ne remettrai jamais.
Ca choque tout le monde. Mes amis sont soigneux avec les livres. Ils lisent tous les best-sellers, ils les parcourent le plus vite possible, en en sautant beaucoup de passages, je crois. Et comme ils ne les relisent JAMAIS, un an après ils ne se rappellent plus un traître mot.
Cependant ils sont profondément choqués de me voir jeter un livre à la corbeille ou le donner à quelqu'un.
Selon eux, vous achetez un livre, vous le lisez, vous le mettez sur une étagère, vous ne le relisez jamais de toute votre vie mais VOUS NE LE JETEZ PAS! PAS S'IL EST EN EDITION RELIEE! Et pourquoi pas? Personnellement je ne vois rien de moins sacro-saint qu'un mauvais livre ou même un livre médiocre." p.87

"84, Charing Cross Road" était une lecture commune avec Hérisson, Bladelor et Marie-L dont je suis curieuse de connaître les avis.



D'autres avis : Levraoueg - Fashion - Karine:) - Yueyin - Hérisson - Marie-L - Gio - Bladelor