10 mai 2010

La diagonale du traître - Hervé Hamon


"La diagonale du traître" est un recueil paru en 2009 et composé de 12 nouvelles signées de la plume de l'écrivain français Hervé Hamon
12 nouvelles, 12 victimes et autant de traîtres. Médecin, jury littéraire, famille politique, guide touristique, mari et épouse déçus, amie en quête de gloire, chacun d'entre eux s'est rendu coupable d'un coup bas plus ou moins douloureux.
Par orgueil ou excès de naïveté, des hommes et des femmes ont ainsi vu voler en éclats et par la main d'un autre, le miroir de leurs illusions.

Etant donné que le seul titre m'annonçait d'emblée le thème central du recueil, j'étais déjà disposée à "voir le mal partout", bien décidée à démasquer le traître avant qu'il n'agisse.
Mais les rôles de traître et de victime sont-ils si bien établis et reconnaissables dans ce recueil? Assurément non. L'acte est-il toujours proportionnel à la cause? Non plus.
A dire vrai, je n'arrive pas vraiment à canaliser mes impressions sur ce recueil. Certaines histoires m'ont plu, d'autres nettement moins. J'ai remarqué que d'une nouvelle à l'autre, le sentiment de trahison était pressenti comme une simple arnaque ou au contraire, comme une blessure plus profonde mais laquelle s'apparentait bien souvent plus à une blessure d'ego qu'à un vrai déchirement.

" - Elle s'est mal conduite à mon égard.

- Dans le travail?

- Dans le travail? Non : dans la vie. C'est ma femme, vous comprenez? C'était ma femme.

Le flic devint songeur.

- Et tu la dénonces parce que...?

- N'essayez pas de me cuisiner sur ce terrain. C'est mon affaire. Je vous ai préparé un dossier complet. Vous l'enverrez en prison, il y aura de quoi.

- On te couvrira. Compte sur nous.

Le veuf eut un mouvement de recul. Il grimaça.

- Je veux qu'elle sache qui l'a donnée, qu'elle n'ait aucun doute là-dessus, aucun. Je ne ferai rien pour qu'elle me trouve, mais je prends le risque, je veux qu'elle me cherche.

L'inspecteur ne suivait plus.

- Tu veux qu'elle sache... Ca ne te suffit pas de te venger?

Le veuf qui n'était pas veuf avait pris des couleurs, sa main tremblait.

- Se venger, c'est rien, c'est facile, c'est à la portée de n'importe quel abruti. Mais penser qu'à chaque seconde, dans sa prison, elle rêvera de me buter, ça, c'est quelque chose. Tu comprends, le flic? Chaque seconde, elle pensera à moi." p.76

Toutes les histoires se clôturent sur l'aveu de la traîtrise mais dévoilent si peu de leurs conséquences que je n'ai pas eu le temps de pouvoir vraiment me positionner par rapport aux personnages.
Certain(e)s avanceront qu'il n'y a guère plus à en attendre de nouvelles. Il est vrai que le genre laisse souvent peu de place aux sentiments pour se concentrer sur la chute qui se doit d'être percutante.
Mais j'ai ressenti un certain malaise en constatant que chaque chute était encore moins innocente que je le pensais. Chacune d'entre elles m'a semblé dénoter un souci de rétablir l'équilibre par une justice de ping-pong qui prendrait fin dès que les adversaires seraient touchés de la même façon.
J'aurais préféré des confrontations de face aux mesquineries et même si certains personnages ne sont pas si victimes qu'il y paraît, j'ai trouvé la leçon un peu trop sévère. Il ressort de cette lecture une morale revancharde qui sanctionne le moindre orgueil en rendant la monnaie de leur pièce à des personnes dont le seul crime était de s'assumer. Je me suis véritablement sentie mal à l'aise dans ce rôle de spectatrice, encore plus dans celui d'arbitre, de matchs truqués d'avance.
Cela dit, je suis bien forcée de reconnaitre que l'auteur a quand même bien réussi son coup.

" C'était l'inconvénient d'écrire des romans. On entre dans la tête des autres. Ou plutôt non, ils entrent dans la nôtre, ils se greffent sur nous, ils pensent à notre place, ils bougent, ils pleurent d'eux-mêmes. " p.104

J'ajouterais aussi que je n'ai absolument rien à reprocher au style d'Hervé Hamon. Plusieurs jolis passages ont tout de même su retenir mon attention, notamment celui-ci, consacré au voyage.

" Voyager, c'est se perdre, c'est découvrir, après chaque nouveau séjour, qu'on est plus ignorant que la fois précédente. Et puiser, dans cette incertitude, dans cette dérive, une forme de contentement. " p.114


Je pense donc qu'une rencontre avec l'auteur s'avère encore possible, mais au détour d'un autre ouvrage.

Merci à Clara pour le prêt !

D'autres avis (beaucoup plus enthousiastes) : Clara - Lili Galipette - Cunéipage - Gwenaëlle - Cathulu - Amanda

9 commentaires:

  1. Dommage que ce soit un recueil de nouvelles sinon ce serait le troisième livre de cet auteur lu cette année, avec plus ou moins de bonheur d'ailleurs!

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  2. Par les extraits que tu cites, je vois que j'aime beaucoup la plume de l'auteur. Et j'aime beaucoup le genre "nouvelles", en tout cas lorsqu'elles sont abouties (sans trop de frustration derrière la chute)...hum... pour plus tard certainement !

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  3. Je ne suis pas fan des nouvelles, un genre que je commence seulement à apprivoiser. Donc, je ne le note pas !

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  4. Pas complètement convaincue, si je comprends bien?

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  5. je viens de l'acheter et j'ai hâte de le lire Ton article est très bien en tout cas

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  6. Bon, je vais passer mon tour mais je trouve que l'idée de nouvelles autour de la trahison est intéressante.

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  7. J'ai toujours un peu de réticences avec les recueils de nouvelles, les trouvant souvent inégales et me laissant fréquemment sur ma faim...

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  8. j'ai bien aimé ce recueil de nouvelles, les mises en scènes, l'humour et l'effet de surprise

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