"Haute fidélité" est le second roman, publié en 1995, de l'écrivain britannique Nick Hornby, également auteur de titres tels que "Slam" ou "About a boy" et plus récemment de "Juliet, naked" dont j'avais parlé ici.
Propriétaire d'un magasin de disques situé dans le nord de Londres, Rob passe le plus clair de ton temps entouré de ses amis Barry et Dick, deux geeks passionnés de musique qui se plaisent à snober les gens qui ne partagent pas leurs goûts et à établir des classements de toutes sortes : les 5 meilleures faces A, les 5 meilleurs morceaux pour un enterrement, les 5 meilleures chansons pour faire l'amour,...
Rob vit avec Laura mais leur couple bat de l'aile et Laura finit par le quitter pour emménager chez leur ancien voisin.
Rob décide alors de faire le point sur ses premières amours et ruptures et dresse le top 5 des femmes qui lui ont fait le plus de mal.
Bien décidé à comprendre le fondement de cette tyrannie de répétitions amoureuses, Rob entreprend de revoir chacune de ses ex.
Vers quel genre de révélation ce plongeon dans le passé le mènera-t-il ?
Je l'avais déjà signalé dans mon billet consacré à "Juliet, naked", Nick Hornby parvient à nous plonger au coeur de son sujet dès les premières lignes.
Nous découvrons ainsi sous la forme d'une liste les portraits des 5 femmes ayant le plus marqué le coeur de Rob. D'Alison, sa copine de bac à sable, à Sarah la femme Kleenex, en passant par la sulfureuse Charlie, chacune d'entre elles a laissé son empreinte et donné à Rob une raison de verser dans l'amertume.
" On dirait que toutes mes histoires d'amour sont une version bâclée de la première." p.13
Et bien sûr il y a aussi Laura que Rob tente de reconquérir... à sa manière. Si il apparaît au départ tel un mal-aimé, un malchanceux sur lequel on s'apitoie volontiers, force est de constater au fur et à mesure qu'il est en grande partie responsable du tournant qu'a pris sa vie et qu'il n'a pas volé ce qui lui arrive.
Tout en s'interrogeant sur son rapport aux femmes et à la musique (deux sujets bien souvent mis en parallèle), Rob préfère toutefois contourner le fond du problème et éviter l'introspection en se persuadant que ce sont les autres qui lui ont causé du tort et que lui de son côté, bénéficie toujours de circonstances atténuantes, selon une logique qui n'appartient qu'à lui (ainsi qu'à d'autres specimens de la gente masculine mais je vous laisse avec vos souvenirs émus en la matière :)).
Ainsi lorsque Laura évoque son nouvel amant, la seule chose qui intéresse Rob est de savoir si le sexe est meilleur avec l'autre qu'avec lui. Quand Laura lui répond qu'ils n'en sont pas encore là, Rob est rassuré et s'empresse d'aller coucher avec une autre femme...
Certes, il a quelques principes, mais ils ont presque toujours pour but de servir son intérêt avant tout. Si il se rend à l'enterrement du père de Laura, ça n'est pas pour lui témoigner son soutien mais uniquement pour tenter de la récupérer.
" On dirait que les gens jouent tous des seconds rôles dans le film de ta vie." p.186
Mais il y a quelque chose de touchant chez Rob qui fait qu'on lui pardonne son égocentrisme puéril.
Peut-être parce qu'on sent bien que dans le fond, il n'est pas un homme foncièrement mauvais, plutôt un mec paumé qui n'a pas trouvé de réel but dans l'existence ni toujours su prendre les bonnes décisions, notamment en ce qui concernait les femmes. Peu sûr de lui, il s'est entiché de femmes qui ne lui correspondaient pas et a préféré laisser passer les autres ou tout gâcher, incapable de s'engager dans une vraie relation lorsqu'elle était à sa portée.
A trop fantasmer la réalité, il se retrouve au pied du mur, arrivé à un âge où il faut cesser de jouer les enfants et faire des choix.
" Peut-être que nous vivons tous de façon trop aïgue, nous qui absorbons des choses affectives tous les jours, et qu'en conséquence nous ne pouvons jamais nous sentir simplement satisfaits : il nous faut être soit malheureux, soit violemment, extatiquement heureux, et de tels états sont difficiles à obtenir au sein d'une relation stable, solide." p.136
" Pas étonnant qu'on soit tous à côté de nos pompes. On est comme Tom Hanks dans Big. Des petits garçons et des petites filles coincés dans des corps d'adultes et obligés de se débrouiller. Et c'est bien pire en vrai, parce qu'il n'y a pas que les flirts et les lits superposés." p.197
Tout comme c'était le cas dans "Juliet, naked", nous retrouvons ici des héros faisant figure de grands gamins, autocentrés mais pas mauvais bougres, pour qui la musique représente davantage qu'un simple hobby, c'est une vraie façon de vivre (le roman est d'ailleurs parsemé de références musicales, principalement soul et pop rock).
Clowns tristes ou farceurs, tantôt attachants tantôt agaçants, rêveurs ou désabusés.
Sans fausse note et au détour d'un irrésistible mélange de réalisme et d'humour, Nick Hornby s'attache à mettre en musique la difficulté à trouver sa place dans l'existence.
Comme me le disait une amie il y a de cela quelques jours, être libre, ce n'est pas tant se garder toutes les options ouvertes que de pouvoir poser des choix et les assumer.
Je crois que c'est en quelque sorte la morale de ce roman...
Dans mon top 2 des livres lus de Nick Hornby, " Haute fidélité" figure de loin à la première place !
Le film
Je n'allais donc pas m'arrêter en si bon chemin !
Sorti en 2000 et réalisé par Stephen Frears, réalisateur des "Arnaqueurs" et des "Liaisons dangereuses" (avec John Malkovich, Glenn Close, Uma Thurman, Michelle Pfeiffer et Keanu Reeves ^^) pour ne citer qu'eux, le film offre une adaptation réussie du livre.
N'étant pas une fan inconditionnelle de John Cusack et encore moins de Jack Black (qui me fait penser à une caricature bouffie de Jim Carrey, c'est tout dire...), j'ai néanmoins trouvé que tous deux campaient fort bien leurs personnages respectifs (personnages qui les ont d'ailleurs bien (pour)suivi dans la suite de leur carrière il me semble).
Les autres personnages (on notera la présence de Catherine Zeta Jones incarnant l'insupportable Charlie et de Tim Robbins, l'amant de Laura, travesti en une version New-age de Steven Seagal) ne sont pas en reste mais j'ai vraiment trouvé que c'était les deux précités qui portaient le film.
Je me souviendrai encore longtemps de l'étonnante prestation de Jack Black sur "Let's get it on" de Marvin Gaye ("Let's love suga!") comme de la scène hilarante où l'amant de Laura se rend dans le magasin de Rob pour le provoquer, ce qui amène Rob à examiner les différentes possibilités qui s'offrent à lui (cette scène était un peu moins drôle dans le livre vu qu'elle se passait au téléphone).
Hormis un détail géographique (l'action se situe ici aux USA et non plus en Angleterre), quelques subtilités capillaires (c'est vrai que Catherine Zeta Jones en blonde, ça ne l'aurait pas fait...) et affectives (le personnage de Marie laSalle avec qui couche Rob est beaucoup plus approfondi dans le livre) et la suppression de quelques scènes notamment l'anniversaire de Rob, le film a su préserver l'essentiel du roman, son dynamisme, son humour et bien entendu sa musique !
Bref, lisez le livre, voyez le film ou mieux encore, faites les deux !
D'autres avis : Mango - Miss Orchidée - Saxaoul - Ys
"Haute fidélité" était une lecture choisie dans le cadre d'un hommage à Nick Hornby, proposé par Pickwick (et pour lequel j'ai 3 jours de retard, oups) et ma 4ème participation au challenge lancé par Fashion.
Déja noté sur ma LAL il faut vraiment que je découvre cet auteur d'ici peu.
RépondreSupprimerC'est aussi mon préféré de cet auteur sur les trois livres que j'ai lus jusqu'ici! J'ai très envie maintenant après ta présentation de voir le film.
RépondreSupprimerà part la musique, je n'avais pas du tout supporté le film - du coup, j'ai encore eu moins envie de découvrir le roman - une erreur sans doute
RépondreSupprimerje n'étais pas motivée. Mais tu vas finir par me convaincre de lire cet auteur ! :-)
RépondreSupprimerJe me souviens que j'avais passé deux moments à lire et voir le film... Et ce qui me reste aujourd'hui est un goût un peu désuet : qui de nos jours fait encore des cassettes pour sa moitié ?... A l'heure des mp3, c'est étrange de voir à quel point nous avons évolué sur ce point !
RépondreSupprimerBref, j'en garde un souvenir très musical !
Je cherchais justement un autre titre à lire après Juliet, Naked...
RépondreSupprimerGenial, tu viens de me donner la réponse!
je le note tout de suite dans plus attendre ;)
RépondreSupprimerJ'ai adoré les 2. Je crois que c'est le meilleur de Hornby, depuis je n'ai pas retrouvé le même plaisir à le lire
RépondreSupprimerJ'ai lu ce roman il y a quelques années, j'en avais donc oublié une bonne partie, mais en effet c'est un personnage bien velléitaire que ce Rob ! Je crois me souvenir qu'à la fin, Laura le convainc de refaire des concerts ?
RépondreSupprimerJe ne savais pas qu'un film était sorti, si je le trouve à a médiathèque, je le verrai, il doit être drôle.
IL va vraiment me falloir découvrir cet auteur.
RépondreSupprimerJ'ai décidé de lire tout Hornby, donc celui-ci est à mon programme et ton billet me met fort en appétit.
RépondreSupprimerJ'ai découvert Nick Hornby avec Juliet, Naked et je compte bien continuer à lire des romans de cet auteur.
RépondreSupprimerTu viens donc d'élever Haute fidélité à la place de suivant sur la liste !
Je tenterai le film, mais pas le livre ;)
RépondreSupprimerJ'ai trouvé ce roman d'un banal à pleurer. Je me sens seule sur ce coup !
RépondreSupprimerC'était initialement le titre que je voulais lire pour la LC, et puis Juliet naked est arrivée dans ma BAL grace à Esmeraldae... mais je vais tâcher de ne pas laisser "Haute fidélité" prendre la poussière, ce serait vraiment dommage on dirait !
RépondreSupprimer@Sandrine : tu vas te régaler !
RépondreSupprimer@Mango : et moi j'ai très envie de découvrir ses autres romans ^^
@Niki : c'est l'humour que tu n'avais pas aimé ?
@MissAlfie : j'ai eu droit à quelques compils dans mon jeune temps mais j'ignore si cela se fait encore ;)
@Clara : tu ne seras pas déçue !
@Annesophie : héhé bonne lecture alors ;)
@Delphine : j'espère que j'aimerai quand même les autres que je compte lire
@Schlabaya : le film est très sympa et respecte bien le livre !
@Géraldine : une belle découverte, tu verras ;)
@Aifelle : moi aussi, je veux lire tous ses romans !
Tu aimeras celui-ci ;)
@Céline : chouette, c'était le but ^^
@Reka : le film est chouette, mais pourquoi pas le livre?
@Manu : banal? En quoi?
@Pickwick : je l'ai trouvé encore plus sympa que "Juliet, naked"!
Ben banal quoi. Le truc que quand tu refermes, il ne t'en restes rien. Je ne sais même pas quoi en dire à son propos, tellement je l'ai trouvé sans relief :-/ Le livre qui ne t'a ni plu ni déplu. Bref, aucun ressenti. Le bide, quoi.
RépondreSupprimerHaute fidélité est un de mes romans chouchous! Lu et relu au début de la vingtaine, je ne m'en lasse pas!
RépondreSupprimerEt contrairement à toi, I love John Cusack!!! Et dans ce rôle, il est p-a-r-f-a-i-t! ;o)
Rarement une adaptation aura été aussi bien réussie! :o)
T'as raison, il faut absolument que je me fasse les 2 ! je suis EXTREMEMENT tentée :D
RépondreSupprimerUn auteur que l'on voit de plus en plus sur les blogs en ce moment. J'avais vu le film, j'adore l'acteur principal !!! peut-être me laisserai-je tenter....un jour !
RépondreSupprimerIl faut vraiment que je découvre cet auteur dont j'entends beaucoup parler ^^
RépondreSupprimerJe trouve le style trop banal
RépondreSupprimerC'est un auteur que je veux découvrir depuis un moment. Je ne sais pas par quoi je vais commencer, par contre!
RépondreSupprimerCe livre est dans ma pal depuis peu. Je l'ai trouvé dans une foire aux livres (pour un petit euro, cool, de quoi faire augmenter les pal à ce prix là) ;-D
RépondreSupprimerAhh mais non, il fallait que tu dises que c'était absolument nul pour que je n'ai pas d'espoirs d'aimer ... j'ai un peu peur d'essayer ... je vais peut-être juste laisser passer un peu de temps avant de relire Hornby, en fait
RépondreSupprimerDécidément, il faut que je le lise!!!
RépondreSupprimerJe n'ai lu que Juliet...
s'il y avait eu de l'humour, j'aurais apprécié, mais j'ai trouvé le personnage principal réellement énervant
RépondreSupprimerAllez en bonne place sur la LAL et sur la LAV (Liste A Visionner). Et pi d'abord, moi aussi, je fais des Top Five...
RépondreSupprimerFan de John Cusack ET de Jack Black (pas pour les mêmes raisons, c'est évident), j'ai adoré cette adaptation. Mon seul regret est qu'elle ne se passe pas à Londres.
RépondreSupprimerUn des rares cas où j'ai préféré le film au livre : j'ai adoré le début... mais je trouve que ça s'essoufle très vite.
RépondreSupprimerLe film est très sympa, Jack Black est génial dedans, Cusack correspond parfaitement à l'image que j'avais de Rob mais qu'il se passe aux USA et pas à Londres perd parfois un peu de son sens, la pop n'étant pas la même d'un continent à un autre. Le livre est génial pour n'importe quel Popeux mélancolique qui pense que ce qu'il écoute peut avoir une influence sur sa vie ou sur ses choix. Un très bon Hornby et un hymne à la pop culture criant de vérité. Lire Hornby quand on est pas un passionné de musique doit être un peu plus chiant, il faut bien le reconnaître.
RépondreSupprimerCordialement
Dicky le Canard
je lis en ce moment ce roman et ce sont ses passages criants de vérité sur les rapports homme-femme que j'aime...mélangés à l'humour anglais du bonheur!
RépondreSupprimeren attente de voir le film et de comparer...