24 juillet 2010

Juliet, naked - Nick Hornby


"Juliet, naked" est le 7ème roman de l'écrivain britannique Nick Hornby, paru en 2009.
Prenant place dans une station balnéaire située au nord de l'Angleterre, ce récit nous conte les déboires d'un couple, Duncan - prof d'anglais - et Annie - employée dans un musée -, dont le quotidien tourne exclusivement depuis 15 ans autour de la passion de Duncan pour l'ancienne star du rock Tucker Crowe.
Duncan a tout du vrai groupie. Modérateur d'un forum dédié à la star, il entend décrypter la moindre parole de chanson et consacre chacun de ses voyages à cet homme dont il ne cesse de louer, non sans une certaine mauvaise foi, les talents artistiques.
Tandis qu'Annie se lasse de prendre sur elle en supportant le comportement immature de Duncan, elle se retrouve en contact avec l'idole de son compagnon qui traverse lui aussi une mauvaise passe sentimentale...

" Ils étaient venus d'Angleterre jusqu'à Minneapolis pour visiter des toilettes."

Hornby donne le ton dès la première ligne. Depuis 15 ans, Annie supporte sans broncher la fascination puérile de son compagnon Duncan, 15 années de trop qui l'ont vue renoncer à son projet d'enfant.
Et voilà que suite à un nième désaccord concernant "Juliet, naked", le dernier album de Tucker Crowe qu'Annie estime bâclé en regard du reste de sa discographie, Duncan, qui ne l'entend pas de cette oreille, prend la mouche et entame une aventure avec une collègue de travail.
L'infidélité de son compagnon agira tel un détonateur, faisant prendre conscience à Annie de toute la vacuité de sa vie auprès de cet homme incapable de se remettre en question.
Dès le début, on se demande bien ce qu'Annie a pu trouver à cet adolescent attardé dont le seul sujet de conversation tourne autour d'une ancienne star des années 80 restée dans l'ombre depuis 20 ans.

" - J'ai l'impression...Arrête-moi si tu trouves cette analogie inappropriée ou...ou...à côté de la plaque. Mais j'ai vraiment l'impression que Tucker est notre enfant, quelque part, peut-être plus le mien que le tien...Peut-être, je ne sais pas, qu'il est mon fils, mais que comme il était très jeune quand nous nous sommes rencontrés, tu l'as adopté. Et si mon fils, ton beau-fils, avait fait un truc remarquable, j'aurais envie de le partager avec toi même si...
Annie lui raccrocha au nez." p.145

Aussi, quand Annie entame une correspondance virtuelle avec l'idole de son ex-compagnon puis l'héberge chez elle, on ne peut que trop bien imaginer la jubilation que celle-ci doit éprouver à pouvoir enfin détromper Duncan quant à la véritable identité de Tucker Crowe.
Car derrière le mythe se cache un sexagénaire à la santé précaire et en proie à de nombreux doutes sur lui-même et sa carrière.
" Tucker aimait penser qu'il était raisonnablement honnête avec lui-même; il mentait uniquement aux autres." p.250

"
Je ne pense pas que les gens qui ont du talent lui accordent forcément de la valeur, parce que ça leur vient facilement, et qu'on n'accorde jamais de valeur à ce qui nous vient facilement." p.280

Jouant à cache-cache avec ses responsabilités, il dissimule sa culpabilité derrière la pensée que ses 5 enfants ont pu trouver leur bonheur malgré lui et que cette absence de père leur a certainement mieux réussi que s'il avait assumé son rôle.

" - Qu'est-ce que tu vas faire? demanda Jerry.

- Je suis pas sûr de pouvoir faire grand chose, tu crois pas? La plupart des Etats interdisent l'avortement après la naissance de l'enfant.

- Sympa, dit Jerry. Et classe. Tu vas aller la voir?

- C'était cool de te croiser, Jerry." p.207

J'ai beaucoup aimé l'humour et la justesse des traits d'esprit qui accompagnent les répliques d'Annie et de Tucker, deux personnages qui subissent le contrecoup de décisions (ou plutôt de l'absence de décisions) prises par le passé et ne semblent pas avoir beaucoup plus de prise sur leur présent.
Voilà un récit qui se fait la musique de vies désenchantées et présente une vision peu flatteuse des hommes (des anti-héros à la fois faibles et étonnamment attachants) tant la lâcheté ambiante fait l'effet d'un lancinant refrain. En ce sens et comme le dit l'éditeur, "Nick Hornby signe la bande originale de notre époque".

Je suis impatiente de recroiser cette plume à l'occasion de la lecture commune organisée par Pickwick qui, je l'espère, verra fleurir de nombreux billets le 1er août !

Pour découvrir le premier chapitre, c'est par ici

Plusieurs autres avis chez BOB !



Un grand MERCI aux éditions de m'avoir offert ce livre !

15 commentaires:

  1. Tu connais mon avis... j'ai beaucoup aimé!

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  2. @Clara : ah mais moi aussi ;) J'ai trouvé les préoccupations des personnages très actuelles et très justes !

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  3. J'ai beaucoup aimé aussi, c'est très bien vu et l'humour fait le reste.

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  4. J'ai adoré !
    Je trouve ce roman très juste, et très touchant. En plus il est plein d'humour, ce qui ne gâche rien !
    (c'est amusant, nous avons cité les mêmes phrases dans notre note sur le roman ;) ! Il faut dire que celle de "avortement après la naissance" est excellente ...)

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  5. Je suis fan aussi : les personnages sont vraiment attachants et on en s'ennuie pas un moment !

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  6. J'ai beaucoup aimé aussi tout comme j'ai aimé "Haute fidélité". Je me prépare à lire un autre Hornby pour le 1/8,la lecture commune. J'ai hâte de commencer!

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  7. Plus je lis de billets sur ce livre, moins j'ai envie de le lire (c'est grave, docteur ?). Je crois que c'est le theme. J'ai lu 2 ou 3 Nick Hornby par le passe, rien de transcendant pour moi...

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  8. reçu dans ma boîte aux lettres comme livre voyageur...

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  9. Un titre qui m'a redonné envie de lire l'auteur!

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  10. Tu n'as pas le temps de faire mes tags mais tu t'amuses à redesigner ton blog ?! ;)
    C'est pas mal, j'aime bien !
    Maintenant, t'as pas envie de changer ta bannière ? Te voir toute sanglante dans les bras du monstre finit par me déranger quelque peu... :)
    Sinon nick Hornby... ben il attend toujours hein forcément !

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  11. Je l'ai lu ce we, un très bon moment de lecture, vraiment ! Il y a des choses moins légères qu'il n'y parait, j'aime assez cette façon de voir les choses ! J'ai noté des extraits similaires d'ailleurs... bref, billet à venir pour la LC !

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  12. @Aifelle : oui, l'humour adoucit le mal-être de ces personnages

    @Céline : oui, on ne peut pas ne pas citer cette réplique ^^

    @Kathel : aucun ennui c'est certain !

    @Mango : je participe aussi et je ne manquerai pas les autres billets, j'ai bien envie de lire tous ses romans !

    @L'Ogresse : parce qu'ils se ressemblent tous?

    @Lystig : hé bien j'espère que la surprise sera bonne ;)

    @Keisha : redonné envie? Tu t'en étais lassée?

    @Choco : Hahaha l'oeil de lynx ! Tu es la seule à l'avoir remarqué ^^
    Enfin ça n'est pas un changement radical non plus, quelques subtilités et ces petites étoiles qui ont enfin disparu du curseur !
    Billet sur "Juliet, naked" prévu chez toi pour le 1er aout je suppose?

    @Pickwick : rendez-vous chez toi le 1er aout sans faute.
    Quant à moi, je commenterai un autre titre ;)

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  13. oeil de lynx, ma mère me surnommait comme ça qd j'étais petite ^^
    Hornby pour le 1er aout ? ah non, une lecture commune pour laquelle je débarque encore je suppose ?!

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  14. @Choco : Pickwick l'avait annoncée en mai^^

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  15. Hum hum roman lu en juin, billet pas rédigé... Oui j'ai honte.

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