25 août 2010

Les Derniers Flamants de Bombay - Siddharth Dhanvant Shanghvi


Après "La fille qui marchait sur l'eau" paru en 2004, "Les Derniers Flamants de Bombay" est le second roman de l'écrivain indien Siddharth Dhanvant Shanghvi.
Disponible dès aujourd'hui en librairie, il est publié par les Editions des Deux Terres.

Photographe pour le "India Chronicle", Karan Seth est chargé par son patron de photographier Samar Arora, jeune pianiste à la retraite, pour un article consacré aux musiciens oubliés.
Suite à une série de clichés pris sur le vif, le jeune photographe réussit à obtenir une séance-photo officielle au domicile de Samar.
Si Karan ne semble pas prendre particulièrement en sympathie ce dandy excentrique et encore moins son amant américain Leo, il se lie d'amitié avec sa meilleure amie Zaïra, l'actrice fétiche du tout Bollywood.
Fidèle à son ambition de rassembler des archives photo de Mumbai, Karan se laisse convaincre par Zaïra de se rendre dans le quartier de Chor Bazaar pour y dénicher un fornicateur de Bombay.
Au cours de sa quête, Karan tombe sous le charme de Rhéa Dalal, une potière aussi intrigante que mariée...
Alors que les destins des uns et des autres semblent se fixer, Zaïra se fait assassiner dans un bar. Une tragédie débouchant sur un procès qui marquera bien des esprits...

Loin du guide touristique vantant la splendeur du Taj Mahal ou les multiples saveurs du poulet tandoori, "Les Derniers Flamants de Bombay" offre un regard plutôt pessimiste de l'Inde.
Divisé en 3 parties (pré-meurtre, procès, post-procès), ce roman glisse de la description d'un paysage bollywoodien habité par des figures aussi futiles qu'exubérantes au portrait d'un pays pollué, surpeuplé, animé par des tensions internes, intolérant et corrompu par un pouvoir qui semble intouchable.
Largement inspiré par l'assassinat de Jessica Lall qui avait défrayé la chronique indienne en 1997 ( et pour lequel le meurtrier vient seulement d'être condamné il y a quelques mois), le meurtre de Zaïra amorce une dénonciation des multiples magouilles entourant l'affaire.

" (...) même si tous les pays du monde étaient confrontés à la corruption au sein de leurs systèmes, l'Inde avait une bonne longueur d'avance en la matière : elle avait tout simplement pris acte qu'il existait un système au sein de la corruption. Une fois la fraude confortablement installée dans la conscience nationale, la machinerie politique s'était dispensée de chercher à rectifier le tir et avait embrassé ses idéaux. Au fil des ans, le ministre Prasad avait perfectionné cet art. Il savait obtenir les services de juges qui attendaient désespérément d'être promus d'un tribunal de seconde zone à la Haute Cour. Il savait intimider les témoins. Il savait soudoyer les inspecteurs. C'était cruel, certes, mais ces agissements étaient nimbés d'une lumineuse logique cosmique : une fois les morts disparus, la vie continuait, comme elle était censée le faire." p.254

Malheureusement, c'est là le seul aspect du livre ayant réussi à susciter mon intérêt.
Si j'appréciais les personnages et leur répondant dans la première partie, je n'ai pas été touchée par cette mélancolie ambiante qui les pousse à partir à la dérive et à fuir à la moindre occasion.
Qui suis-je ? Où vais-je? J'ai eu l'impression que ceux-ci ne faisaient que tourner en rond.

" - Je n'aurais jamais cru qu'il pourrait y avoir de la place pour des flamants perdus à Bombay.

- Qui l'aurait cru, en effet?

- Que les choses perdues échouent ici?

- Perdues et belles...

- Quelqu'un devrait s'occuper d'eux.

- Qu'on les laisse s'occuper d'eux-mêmes, c'est déjà bien. " p.82

La surabondance d'allusions au sexe a sans nul doute largement contribué à ma difficulté à prendre ces personnages au sérieux...

" " Elle est tellement canon qu'à elle seule elle fait grimper l'indice national de masturbation."
(...)
" La jubilation suinta de Natasha comme une goutte de sperme précoce. " p.18

"
Mantra songea que Priya avait l'aménité des bibliothécaires bourrues dont le seul salut était le gode." p.23


"
La prison est le nirvana de la planète Branlette!" p.51


"
Elle agita le quiqui de son mari, si désobligeamment flasque qu'elle lui trouva un air d'algue échouée sur la grève." p.228


"
Lorsqu'il était nerveux, le ministre Chander Prasad avait l'habitude de se gratter si sauvagement les bourses que ses morpions en avaient des orgasmes à répétition." p.240

" Les mots étaient sortis de la bouche du juge à son insu, comme une éjaculation précoce." p.242

J'ai également relevé plusieurs flashsback superflus et pas mal de lourdeurs dont je ne sais au juste si elles relèvent d'une mauvaise traduction ou d'une fantaisie stylistique de l'auteur.

"
Approchant, il pénétra dans la cosmologie privée de sa curiosité éhontée." p.67


Il faut dire que ce roman m'est parvenu il y a deux mois sous la forme d'épreuves non corrigées.
Peut-être a-t-il entre-temps fait l'objet de modifications. Pour ma part, cette version-ci est loin d'emporter ma totale adhésion...

D'autres avis : Keisha - Manu - Antigone - Caroline - Choco - Kathel - George







Un grand MERCI à et aux de m'avoir offert ce livre !

24 commentaires:

  1. 2ème avis négatif ... je passe définitivement ! :P

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  2. Eh bien voilà qui n'alourdira ni PAL ni LAL...

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  3. Merci pour l'article sur l'affaire qui a inspiré ce roman... J'ai aussi relevé bien des lourdeurs, mais ai quand même apprécié dans l'ensemble.

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  4. Troisième avis pas très chaud ce matin, je passe ..

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  5. j'ai aussi lu l'avis de Caroline (en total accord)

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  6. Moi aussi, j'ai reçu des épreuves non corrigées et j'y ai trouvé deux/trois erreurs... Sinon, c'est vrai que le style est moderne mais j'ai aimé, moins les allusions au procès, un peu trop longues pou mon goût.

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  7. Après avoir lus les billets du jour sur ce roman, je crois que je choisirai un autre livre pour m'immerger dans l'Inde d'aujourd'hui...

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  8. ça y est, je ne sais plus à quel bouquin me vouer = chaplum était emballée, tu ne l'es pas vraiment

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  9. Je ne savais pas que c'était inspiré d'un fait réel. Merci de l'info. En tout cas, oui, nos avis se rejoignent. :-)

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  10. "la cosmologie privée de sa curiosité éhontée"... ahem. Bon, je n'étais déjà pas tentée par le sujet, alors je passe sans regret ! J'ai envie de jolies plumes !

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  11. De toute façon pas envie de pessimisme en ce moment... Je passe, forcément
    Bonne journée Cynthia

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  12. Déjà franchement refroidie par les avis lus aujourd'hui sur ce livre, je passe définitivement avec ton billet. Les extraits sont à mourir de rire mais de là à lire tout le livre...

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  13. Aucun élément ne trouve vraiment grace à tes yeux ? a fin est plutôt belle, non ?

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  14. @Leiloona : tu trouveras d'autres avis plus optimistes sur ce livre mais il ne faut pas compter sur moi pour t'encourager à le lire ;)

    @Stephie : je te comprends...

    @Kathel : un peu trop de lourdeurs à mon sens, elles ont pris le pas sur tout le reste :/

    @Aifelle : oui, nous sommes plusieurs à ne pas avoir adhéré au style de l'auteur...

    @Keisha : oui, avec les mêmes extraits-phares du roman ^^

    @Antigone : ce fut l'inverse pour moi, l'histoire entre Karan et Rhéa m'ayant plutôt agacée...

    @Gwenaëlle : vision assez ciblée de l'Inde qui plus est...

    @Niki : le verdict final t'appartient ;)

    @Caroline : oui c'est un bel hommage et finalement, justice a enfin été rendue. Je me demande ce qu'en pense l'auteur.

    @Zorane : oui, si je lisais mon billet ailleurs, je crois que je ne le serais pas non plus...

    @Pickwick : j'avais relevé plusieurs passages tarabiscotés comme celui-ci :/

    @L'or des chambres : oui, c'est pas jojo en ce moment quand on regarde les résumés des livres de la rentrée...

    @Zarline : cette lecture m'a fait osciller entre rire et consternation...

    @Choco : j'ai aimé la partie consacrée au procès mais le reste ne m'a pas conquise et ces personnages m'ont semblé si fades :/

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  15. Je sors aussi d'un roman se passant en Indie qui ne m'a pas convaincue, alors je passe mon tour sur celui-là.

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  16. Je suis en train de le finir... ouf! Intéressant, ce que tu dis sur la première partie: c'est justement celle où je me suis le plus ennuyé... un billet suivra!

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  17. tout pareil ou presque.... les phrases ampoulées pseudo poétique bof !!!
    Par contre c'est bizarre mais j'avais oublié toutes ces références au sexe !!!!

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  18. Hummmm pas très tentée à vrai dire...

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  19. Je suis en pleine lecture de ce roman (je sais, j'aurais dû le lire pour le 25 août !), et pour le moment je suis intéressée par la description que l'auteur fait de son pays. Une description sans concession, avec des personnages qui ressemblent assez à la société indienne contemporaine, occidentalisée et corrompue ... J'avoue que je passe sur le reste, dont les allusions au sexe, à certaines erreurs de traduction ou de style ! Je verrai à la fin de ma lecture, ce qu'il en restera ...

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  20. J'ai l'impression d'être parmi les seules à être assez enthousiaste mais c'est vrai que ce roman est tombé à point nommé à un moment où j'avais envie de littérature indienne :-)

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  21. Ma fi, c'est le genre de livre que j'achèterais volontiers...

    Si le texte ne me plait pas, je pourrai toujours e déposer de face sur la bibliothèque...

    Juste pour la photo de couv '

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  22. Ouais bien il y a des avis diamétralement opposés sur ce livre... de plus en plus, j'ai envie de passer mon tour...

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  23. C'est clair, tu n'as pas aimé... Mais je le garde tout de même dans ma LAL... ;-)

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