12 février 2011

Les Hauts de Hurle-Vent - Emily Brontë


"Les Hauts de Hurle-Vent" est l'unique roman de l'écrivaine anglaise Emily Brontë, publié en 1847 soit la même année que le non moins célèbre "Jane Eyre" rédigé par sa soeur Charlotte Brontë.

Mr Earnshaw, veuf, vit à Hurle-Vent avec ses deux enfants, Catherine et Hindley. Un soir, alors qu'il rentre de voyage, il ramène avec lui un jeune garçon, Heathcliff, à qui il témoigne rapidement plus de tendresse qu'à ses propres enfants.
Si ce nouvel arrivant ne cesse d'alimenter la jalousie d'Hindley, Catherine elle finit par accepter ce second frère au point que tous deux deviennent rapidement inséparables.
Hindley est envoyé dans un collège pour une durée de 3 ans, se marie et revient à la mort de son père. Toujours animé d'une vive jalousie vis-à-vis d'Heathcliff qu'il considère comme un vulgaire bohémien, il bénéficie au titre de maître de maison de toute la latitude nécessaire pour faire transférer son ennemi juré dans le quartier des domestiques et l'éloigner de sa soeur.
Soutenu par sa femme, Hindley parvient à faire de sa soeur une jeune femme du monde qui ne tarde pas à épouser le fils de leurs locataires, Edgar Linton.
Blessé par ce mariage, Heathcliff quitte la demeure puis revient pour apprendre qu'il a toujours été le favori dans le coeur de Catherine.
Après que celle-ci meure en mettant au monde sa fille Catherine(bis), Heathcliff est pris d'une haine viscérale envers le frère et le mari dont il promet de se venger de la plus terrible manière...

"Les Hauts de Hurle-Vent", un titre qui pourrait être celui d'un film d'épouvante ! Bon sang quelle histoire...Tant de noirceur concentrée dans un seul et même roman ! Des personnages tous plus égocentriques et torturés les uns que les autres (à l'exception de Nelly Dean, la courageuse femme de charge qui n'a décidément pas la langue dans sa poche), la palme revenant évidemment à l'odieux Heathcliff !
Dans une région qui ne semble traversée que par une seule saison, deux maisons situées à 4 miles l'une de l'autre sont le théâtre d'une fresque familiale qui s'étale sur une quarantaine d'années faites d'incessantes querelles entre 3 générations toutes plus impulsives les unes que les autres.
Les femmes y sont capricieuses, manipulatrices et hystériques, les hommes violents, cupides et dénués de sens moral et les enfants sont relégués à de simples instruments chargés d'assouvir la vengeance de leurs aînés.
Au centre et à l'origine de toute cette haine, Heathcliff et ce désir absolu de revanche qui se mue en une malédiction s'abattant sur ses ennemis avant de se reporter sur leur descendance.
C'est à travers le récit de Nelly Dean, seule figure maternelle, témoin, arbitre et souvent complice malgré elle de cette folie ambiante, que l'histoire se déploie.
Celle-ci rend compte d'une atmosphère sombre rendue à la fois par la description d'un cadre et de décors tristes ( ce temps maussade qui n'en finit pas, ces demeures laissées aux humeurs de leurs habitants) comme par le manque de gaieté et d'affection dont font preuve les personnages de cet infernal huis-clos.
Bien sûr, le style d'Emily Brontë est élégant comme sait l'être l'écriture de son époque mais il est d'autant plus saisissant qu'il offre une peinture si sinistre de l'être humain par l'entremise de dialogues cinglants entre des protagonistes qui ne cessent de se souhaiter mutuellement de périr en enfer et prennent un plaisir non dissimulé à se regarder souffrir. Lovely, isn't it?
" Je sais très exactement ce qu'il souffre en ce moment, par exemple ; ce n'est d'ailleurs qu'un simple avant-goût de ce qu'il souffrira.
Il ne sera jamais capable de sortir de son abîme de grossièreté et d'ignorance. Je le tiens mieux que ne me tenait son coquin de père, et je l'ai fait descendre plus bas, car il s'enorgueillit de son abrutissement. Je lui ai appris à mépriser comme une sottise et une faiblesse tout ce qui n'est pas purement animal.
Ne croyez-vous pas que Hindley serait fier de son fils, s'il pouvait le voir? Presque aussi fier que je le suis du mien. Mais il y a une différence : l'un est de l'or employé comme pierre de pavage, l'autre du fer blanc poli pour jouer un service d'argent. Le mien n'a aucune valeur en soi ; pourtant j'aurai le mérite de le pousser aussi loin qu'un si pauvre hère peut aller.
Le sien avait des qualités de premier ordre, elles sont perdues ; je les ai rendues plus qu'inutiles, funestes. Moi, je n'ai rien à regretter ; lui, il aurait à regretter plus que qui qui ce soit." p.263

Et tout cela viendrait d'une histoire d'amour empêchée entre Heathcliff et Catherine? Au risque de m'attirer les foudres des lecteurs sensibles aux liens qui unissent ces deux-là, je parlerais plutôt de complicité (malsaine) que d'amour pour qualifier la nature de cette relation.
Certes, Heathcliff et Catherine sont sans nul doute taillés dans la même écorce, tous deux semblant tirer un même malin plaisir à manipuler et se moquer de leur entourage, mais ils ne se montrent pas plus charitables l'un envers l'autre.

" Ce serait me dégrader moi-même, maintenant, que d'épouser Heathcliff. Aussi ne saura-t-il jamais comme je l'aime; et cela, non parce qu'il est beau, Nelly, mais parce qu'il est plus moi-même que je ne le suis. De quoi que soient faites nos âmes, la sienne et la mienne sont pareilles, et celle de Linton est aussi différente des nôtres qu'un rayon de lune d'un éclair ou que la gelée du feu." p.111

Bien des vies auraient été préservées si tous deux avaient eu la noblesse d'âme de ne pas laisser leur égoïsme contaminer des innocents mais il faut bien avouer que sans le drame initial que fut leur séparation, "Les Hauts de Hurle-Vent" ne seraient pas ce qu'ils sont...

" Mais la traîtrise et la violence sont des lances à deux pointes ; elles blessent ceux qui y ont recours plus grièvement que leurs ennemis." p.216

J'aurais voulu développer ce billet davantage mais que dire qui n'ait pas déjà été dit sur ce roman? On aura beau l'expliquer en long, en large et en travers, évoquer tour à tour les drames qu'il abrite, le caractériser par rapport aux courants romantique et gothique, lui trouver des ressemblances avec "Roméo et Juliette" ou "Jane Eyre", il n'en reste pas moins que "Les Hauts de Hurle-Vent" est avant tout un roman singulier, aussi captivant qu'éprouvant, qu'il est indispensable de découvrir de ses propres yeux.
Les miens ont encore un peu de mal à s'en remettre, je dois bien l'avouer.

Allez, rien de tel que de finir ce billet par une note musicale ! Un bel hommage à ce roman (et une chorégraphie qui me fait toujours rire) !




"Les Hauts de Hurle-Vent" a fait l'objet d'une lecture commune avec Lili Galipette et Anne dont je file lire les billets !

25 commentaires:

  1. Bravo pour ce billet !
    Je vois que le ténébreux Heathcliff ne te fait pas fondre ! ;)

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  2. Héhé, je vois en plus que nous avons lu la même édition. Je me rappelle que nous avions craqué au même moment sur cette édition spéciale ! :)
    Mais je trouve la couverture de mauvaise qualité, pas bien solide...

    Et personne n'a le droit de se moquer de Kate Bush, ok ! C'est une déesse ! ;)

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  3. Bonjour Cynthia, je suis désolée de ne pas t'avoir mentionnée sur ton article mais je ne savais pas du tout que tu y participais ; je vais de ce pas rectifier mon article. Et bravo pour ton article. En effet, je suis encore sous le choc de cette lecture. Amicalement.

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  4. ce livre est dans ma pal depuis un bon moment déjà...
    par contre, j'adore cette édition !

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  5. J'avais beaucoup apprécié aussi cette lecture mais après avoir lu ton billet, je me rends compte que j'ai oublié pas mal de choses! Je devrai m'y replonger!

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  6. cette couverture est magnifique ! il faut vraiment que je le relise !

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  7. Déjà que ce roman me tente depuis longtemps, là je craque en plus sur cette magnifique édition !

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  8. Je ne connaissais pas cette chorégraphie... Un très beau roman.

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  9. Bravo pour ton billet ! Un roman qu'il faut vraiment que je lise ! J'adore l'édition que tu montres, la couverture est magnifique !

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  10. l'un de mes romans préférés - moins prêchi-prêcha que "jane eyre" (que j'aime bien aussi)

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  11. @Lili Galipette : ah non je dirais même que c'est tout le contraire, à moins que tu n'en réfères à l'expression "fondre en larmes", auquel cas oui je te répondrais qu'il m'a vraiment terrorisée ;)
    La couverture est jolie de l'extérieur mais quand on l'ouvre, on s'aperçoit que c'est du bête carton :/

    @Anne : je suis passée te répondre sur ton blog ;)

    @Anneso : ah c'est une belle édition vue de l'extérieur mais comme le dit Lili, l'intérieur ne suit pas :/

    @Tiphanie : c'est un roman assez dense, il est normal que les détails s'effacent au fil du temps ;)

    @George : commence par vider ta PAL, héhé ^^

    @Irrégulière : de l'extérieur oui mais je te conseille de l'ouvrir en magasin avant de l'acheter ;)

    @Alex : moi non plus mais je n'ai pas pu résister à l'envie de la partager avec vous ^^

    @Hathaway : cette couverture semble faire bien des émules mais attention toutefois à l'intérieur ;)

    @Niki : tu as tout à fait raison !! A part Joseph et ses sermons incompréhensibles ou les vaines tentatives de Nelly, il n'y a personne pour tenter de ramener ces personnages sur la voie de la raison...

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  12. Lu l'année dernière et je trouve ce livre super chouette. J'ai beaucoup aimé l'ambiance et les personnages.

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  13. Kate Bush ! que de souvenirs .. quand aux hauts de hurlevent, lu quand j'avais 18 ans, je ne te dirai pas il y a combien d'années hi hi hi, je ne m'en souviens plus du tout. Il faudrait que je le relise.

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  14. Taguée chez moi !
    http://lililectrice.canalblog.com/archives/2011/02/13/20375872.html

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  15. Je vois que tu n'as pas été beaucoup plus séduite que moi par ce roman. j'avais eu du mal à le lire aussi. Et je suis entièrement d'accord avec toi, on peut difficilement parler d'une histoire d'amour.

    J'ignorais totalement que cette chanson de Kate Bush portait ce titre ! Et tu as raison la chorégraphie vaut de l'or !

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  16. Un beau billet qui nous plonge dans l'ambiance de ce livre ! Tu me donnes envie de le relire !

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  17. Je ne pensais jamais lire ce roman .. pourtant à la lecture de ton résumé, ça me donne envie de tenter ma chance ..

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  18. J'avais été emportée par cette lecture, qu'il faudrait que je retente, parce que je ne m'en souviens pas très bien. J'avais eu la chance de voir le film qui en avait été fait, une vraie pépite. Mais j'ai de loin préféré "Jane Eyre", moins malsaine dans ses rapports aux autres.

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  19. Moi aussi ça me donne envie de m'y replonger, j'avais tant aimé ! Et puis j'ai aussi failli craquer sur la nouvelle édition... mais suis restée de marbre devant le livre qui pleurait pour rejoindre mes étagères...

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  20. Très envie de le relire moi aussi, j'avais tant aimé ! Et j'ai aussi failli craquer sur la nouvelle édition, si chic...

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  21. Très beau billet que tu as fait. Et j'aime beacoup cette couverture, je la trouve raffinée.

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  22. Souvenir très vague pour moi de ce roman. Lu peu de temps après Jane Eyre, il m'a beaucoup moins marquée !

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  23. Oh mon dieu, comme j'aime ce roman !!!! Difficile de faire mieux ! Bravo pour ce billet !

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  24. @Kikine : moi aussi mais il faut bien avouer que ce roman est plutôt angoissant...

    @Aifelle : héhé j'ai l'impression qu'il me marquera mais je n'ai pas ton "expérience" ^^

    @Lili : je file voir ça ;)

    @Manu : ah non je l'ai aimé mais c'est vrai que ce fut une lecture éprouvante pour mon moral ^^

    @Clara : tant mieux alors ;)

    @Eléa : c'est un grand classique à tenter au moins ;)

    @Petite Fleur : Jane Eyre est un personnage droit dans ses bottes, tout le contraire de Catherine Earnshaw qui donne dans la manipulation et le chantage affectif

    @Choco : merci m'dame ;)

    @Liliba : George a justement proposé l'idée d'une LAR, liste des livres à relire, à méditer ;)

    @Lilibook : elle est raffinée en apparence mais l'intérieur fait très papier recyclé

    @Praline : tiens tiens, pourtant les personnages de ce roman sont tellement sombres. Je n'en avais jamais croisé de tels !

    @Noukette : merci ;)

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