Publié en 2006, "Insecte" est un recueil de nouvelles signé de la plume française Claire Castillon, également auteure de "Les bulles", "Vous parler d'elle" ou encore de "On n'empêche pas un petit coeur d'aimer".
" Je hurle. Si ma mère n'était pas là, qui me dirait les choses tout simplement, comme ça ? Elle, je peux la croire quand elle dit qu'elle va crever. Pas les docteurs qui avaient promis de la sauver.
On s'assoit sur un banc. J'enfile mes bottes fourrées, mon pull et ma parka.
L'hiver prochain sera rude, j'ai encore sa chaleur à emmagasiner. Je la laisse glisser sa main gelée dans ma poche. En avant.
Chez nous, on y est presque, c'est comme le coeur, au bout de l'artère, c'est la première à gauche." p.30
"Insecte" consiste en 19 variations autour du thème des relations conflictuelles opposant des mères à leurs filles. A l'origine de ces rapports houleux et souvent violents : un dysfonctionnement. Absence d'instinct maternel dans "J'avais dit une", "Ils ont bu du champagne au restaurant" ou "Un bébé rose". Relation fusionnelle comme dans "Ma meilleure amie", morbide dans "On peut y remédier" et "Munchausen par procuration" ou castratrice dans "Tu seras une femme, ma fille", "La honte" ou "Noeud-noeud".
"Insecte" évoque ces drames intimes faits de confrontations de femmes à femmes, marquées par l'absence - sinon la présence effacée- de la figure masculine, paternelle pour jouer les arbitres.
Les mères et les filles dont il est question ici se retrouvent toutes au seuil du point de rupture, à l'heure où il faut choisir d'inverser les rôles, de continuer malgré tout ou de démissionner.
La décision de couper le cordon est dans tous les cas difficile à prendre tant les rapports tissés entre ces femmes se révèlent forts malgré tout.
Au delà de la violence verbale ou physique se dégage un manque de communication évident entre ces femmes. Mères et filles en révolte semblent choisir de se rabattre sur le lecteur, pris en aparté par un ton familier qui rappelle celui de la confession pour évoquer l'autre, cette partie d'elle-même qui ne la comprend décidément pas.
" Alors je me relève, malgré mes deux bras plâtrés, et je lui crache à la figure. Elle baisse le nez pour que je ne voie pas ma salive couler comme une grosse larme sur sa joue. Elle part avec son pantalon qui traîne par terre et qui cache ses chaussures. Je me dis que dans quelques mètres elle se prendra les pieds dedans et tombera dans sa nouvelle vie sans que j'aie même besoin de pousser." p.137
Claire Castillon dresse ici autant de portraits de micro-familles éclatées, en souffrance sans hésiter à verser dans l'extrême au travers d'une écriture souvent acide et de chutes implacables.
Une lecture choc que je n'oublierai pas de sitôt, même si j'aurais souhaité un peu plus de nuances dans l'expression de ces femmes pourtant fort différentes.
D'autres avis : Clara - L'Ogresse
Claire Castillon provoque, fait réagir son lecteur !
RépondreSupprimerClaire Castillon vient dans ma librairie début février, ce sera l'occasion de la découvrir, pourquoi pas avec ce recueil là.
RépondreSupprimerje viens de lire le billet de Clara sur un autre de ses titres qui m'a fait bien envie!!
RépondreSupprimercelui ci... hmmm... plus dur je pense! en tout cas pour moi!
mais je note dans un p'tit coin ;)
C'est vrai, Claire Castillon ne fait pas dans la nuance, tout est excessif, derange et derangeant - j'avais vraiment beaucoup aime !
RépondreSupprimerLes nouvelles ne me tentent pas trop, et les relations mères-filles encore moins. Ouf, un de moins dans ma LAL.
RépondreSupprimerUn lecture forte que j'avais beaucoup aimé. Depuis, je n'ai lu que "Les bulles", mais je compte bien poursuivre ma découverte de cet auteur.
RépondreSupprimer@Clara : il est clair que certains textes sont plutôt choquants, à commencer par le premier qui met tout de suite dans l'ambiance ^^
RépondreSupprimer@Aifelle : Je serais curieuse de te lire à son sujet ;)
@Lasardine : dans ces nouvelles, le portrait de famille idéale vole en éclats. Autant te prévenir que certains fins sont cruelles ;)
@L'Ogresse : je voulais surtout dire que l'expression de ses personnages n'était parfois pas assez nuancée. Une ado et une jeune femme devraient normalement s'exprimer différemment.
@Alex : c'est dommage de bloquer sur ce format car les nouvelles réservent de belles surprises ;)
@Del : bien envie de tenter un autre ouvrage pour comparer !
Moi, je passe, je doute que cette auteure soit pour moi. En plus, je ne suis pas fan des nouvelles ;-)
RépondreSupprimerJ'espère qu'un jour tu changeras d'avis sur les nouvelles ;)
SupprimerJe viens justement de lâcher "on n'empêche pas un petit coeur d'aimer". Trop glauque, on ne m'y reprendra plus je pense...
RépondreSupprimerJe ne qualifierais pas ce recueil-ci de glauque même si il est vrai qu'il y a quelques scènes dérangeantes...
SupprimerHélas, ce n'est pas trop mon genre de lecture...
RépondreSupprimerLes relations mères-filles me semblent de prime abord être un sujet plus féminin. Mais cela ne devrait pas arrêter les hommes pour autant car on y trouve pas mal de vérités sur les femmes ;)
SupprimerJ'suis pas fan des nouvelles donc je passe, par conte je viens de recevoir Dessous c'est l'enfer :)
RépondreSupprimerConnais pas, je vais aller voir de quoi il en retourne ;)
SupprimerOwww, changement de design! (oui, je n'ai plus fréquenté la blogo depuis près d'un mois, je crois...)
RépondreSupprimerJ'avais ce livre dans ma LAL tout un temps, mais je ne suis décidément pas "nouvelles"... J'ai récemment lu le recueil de Joyce Carol Oates "Les femelles" où plusieurs femmes (toutes des tueuses) s'expriment tour à tour. C'est acide et ça manque de nuance aussi. Tout ça pour dire qu'"Insecte" n'est sans doute pas un recueil pour moi. En tout cas, pas pour le moment...
Eh bien tu es la seule à l'avoir remarqué ce changement de design ! :P
SupprimerJ'ai encore quelques ajustements à faire mais j'attends l'aide de l'homme qui se fait attendre.
Effectivement, ce recueil-ci est plutôt acide.
Bon tu m'intrigues avec "Les femelles", je vais le sortir de ma PAL vite fait pour pouvoir en discuter avec toi ;)