23 avril 2012

Journal d'un adieu - Pietro Scarnera


Publié en 2009 en Italie et disponible en français dès demain, "Journal d'un adieu" est le premier roman graphique de l'illustrateur italien Pietro Scarnera.

Durant 5 années, le quotidien de Pietro Scarnera s'est articulé autour de ses visites quotidiennes à l'hôpital où se trouvait son père qui, suite à un arrêt cardiaque, était plongé dans un état végétatif.
L'auteur retranscrit et illustre, étape par étape, l'attente interminable, prélude à la découverte d'un homme qui ne ressemble plus au père qu'il a connu autrefois, ce monde qui le sépare de médecins habitués à côtoyer toutes sortes de patients, la quête d'un regard ou d'un geste significatif, le moindre signe de vie qui lui donnerait l'espoir de pouvoir revoir son père tel que dans son souvenir.

Difficile d'évoquer un tel sujet sans tomber dans un certain pathos. Et pourtant Pietro Scarnera y est parvenu, un peu trop à mon goût...
J'ai apprécié le choix de la bichromie pour représenter ce lieu au temps suspendu, stérile et silencieux qu'est l'hôpital. Appuyé par un trait épuré voire même minimaliste, ce contraste noir et blanc renvoie également aux sensations de vide et de solitude éprouvées par le narrateur lorsqu'il tente d'entrer en contact avec son père ou se pose des questions quant à une possible amélioration de son état.
Bien que je ne sois pas très fan de ce genre de dessins (je m'amusais à colorier ce type de visages indifférenciés quand j'avais 5 ans), je reconnais que les images convoquées par l'auteur attestent d'un réalisme indéniable.



Seulement voilà, durant ma lecture de ces 80 pages, je suis restée sur cette impression de lire un manuel destiné à expliquer le coma aux enfants, utilisant par exemple le mot "docteur" pour "médecin" ou "mort de peur" là où "effrayer" aurait selon moi mieux convenu à un lectorat adulte.
Mais peut-être était-ce là la volonté de l'auteur que de nous renvoyer à ce sentiment de petitesse qu'entraîne la peur et l'impuissance face à la perte d'un être cher.
Quoiqu'il en soit, j'ai trouvé ce narrateur un peu trop simplet, lisse, clinique dans sa façon d'évoquer des souvenirs supposés douloureux et l'émotion n'a donc pas été au rendez-vous malgré le thème abordé.
J'aurais aimé que le dépouillement graphique soit soutenu par une plus grande maturité dans le discours.

Je remercie néanmoins les éditions et de m'avoir offert ce livre à l'occasion d'une opération Masse Critique spéciale bd.

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6 commentaires:

  1. Sur un sujet comme ça, c'est dommage que ce ne soit pas plus réussi.

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    1. Oui, j'avoue être restée sur ma faim. Je m'attendais à un discours beaucoup plus profond au-delà de l'image.

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  2. Ton billet ne me convainc pas... Difficile d'éviter le pathos, certes, mais difficile également de tomber dans un univers enfantin trop édulcoré.

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    1. Ce n'est pas moi qui te dirai le contraire :) Ceci dit, les autres lecteurs de Babelio l'ont tous adoré...

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  3. Si tu penses que, face à la perte d'un parent, on doit faire des "discours profonds", tu est peut-etre très chanceuse ou très déconnectée de tes sentiments.
    L'émotion est là, et elle n'a pas besoin de mots.

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    1. Il ne me semble pas avoir porté un jugement sur la douleur de l'auteur, seulement sur sa façon de l'exprimer.
      J'ai toujours été très attachée aux mots. Je peux lire 20 romans portant sur le même thème mais il me faut une vraie voix, une expression singulière. Je ne l'ai pas trouvée dans ce livre.
      Question de point de vue. En quoi le vôtre serait-il supérieur au mien ?
      J'aimerais que des anonymes comme vous cessent de tenter d'imposer leur avis en prétendant me percer à jour au travers d'un simple billet de lecture. Ces commentaires gratuits sont aussi erronés qu'irrespectueux.

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