Publié le 9 février dernier, "Nouvelles à ne pas y croire" est un recueil de nouvelles du journaliste français Fabien Maréchal.
Que serait le monde si le rapport entre les objets et les hommes se voyait inversé ? Dans Café, une cafetière a jeté son dévolu sur un acquéreur qu'elle ne compte pas lâcher.
Nus ou quand ce qui devait être un dimanche banal entre 2 couples conventionnels se voit troublé par l'impudeur des invités au grand dam de leurs hôtes.
Lorsque l'absence de bonnes nouvelles assombrit l'avenir d'une rédaction, il ne reste plus qu'à en inventer. Tel est le thème de Pas de nouvelle.
Sélectionné pour dénoncer sa famille dans une émission à grande audience, Jean-Michel s'en donne à coeur joie dans Récréation.
" - (...) Comment avez-vous appris la nouvelle ?
- C'est ma femme qui me l'a annoncée quand je suis rentré du travail. Elle ne tenait pas en place. Elle m'a dit qu'un huissier était passé dans l'après-midi. Il lui avait déclaré que j'avais été sélectionné pour dénoncer mes parents sur le plateau. Elle m'a montré la lettre à en-tête du ministère de l'Intérieur, avec le drapeau tricolore et la Marianne dedans. Il a fallu que je m'asseye.
- Qu'avez-vous ressenti sur le moment ?
- Je n'ai pas trop réalisé. Bien sûr, j'ai eu la tentation de leur téléphoner, à mes parents, pour leur en faire profiter de suite et leur dire que j'allais passer à la télé.
Et puis ma femme m'a dit qu'il ne valait mieux pas, que ce serait mieux de le faire la surprise et qu'ils apprennent tout quand vous les appelleriez en direct." p.74
La ligne ou la déception amère d'un chef de gare que la modernité effraie.
Les voisins évoque les tendances cannibales d'un couple insatiable.
Un homme est accusé d'avoir écrasé un oeuf avec sa balayeuse et comparaît devant un tribunal composé d'oiseaux dans Ceux d'en haut.
Le monde décrit par Fabien Maréchal ne tourne plus très rond et voit la place de l'homme rudement mise à mal par des changements inattendus.
Placés dans des situations insolites qui s'immiscent dans leur quotidien et échappent à leur contrôle, les hommes sont forcés de se plier au bon vouloir des objets et des animaux. Certains choisissent d'assumer pleinement leur nature profonde et s'abandonnent à leurs instincts là où d'autres s'inquiètent de ne plus pouvoir maîtriser leur environnement.
L'ambition de départ de ce recueil se voulait prometteuse. En découvrant "Café", j'ai directement songé aux univers souvent déjantés de Nicolas Ancion dans lesquels on a l'impression d'entrer comme si de rien n'était, en dépit d'un décalage évident avec la réalité.
Hélas, mon enthousiasme est retombé à la lecture de "Nus" que j'ai trouvé effroyablement long et ennuyeux.
"Pas de nouvelle" et "Récréation" dressent une caricature sans scrupules d'un paysage médiatique obsédé par le sensationnalisme et le souci de plaire à l'audimat.
Tous deux m'ont justement plu pour la raison qu'ils comportent un second degré de réflexion qui à mon avis fait défaut dans les autres textes.
Hormis les 3 textes évoqués, les autres n'ont selon moi pas réussi à décoller, surfant sur une vague d'humour léger qui ne me marquera sans doute pas longtemps.
Disons que pour moi, l'absurde en soi n'a pas de sens (si je puis dire). Il ne peut se suffire à lui-même et se doit, par son analyse sous-jacente, d'instiguer chez le lecteur une réflexion qui va bien au-delà de la situation décrite.
Dommage car comme je le disais plus haut, l'idée de départ s'annonçait séduisante.
" Depuis, je me surveille. Je passe moins de temps à penser à ce que je peux faire qu'à ce que je ne peux pas faire. Physiquement, mais pas seulement. C'est peut-être cela, vieillir.
Commencer à voir les portes se fermer l'une après l'autre. Un beau matin, nous nous levons et nous nous apercevons qu'une porte que nous avions laissée ouverte en nous couchant s'est refermée durant la nuit. Pour la rouvrir, macache !
Elle est verrouillée de l'intérieur, la clef dans la serrure, avec le bruit des pas qui s'éloignent de l'autre côté, les souvenirs.
La dernière porte, c'est toujours une porte de chambre." p.34
Je remercie néanmoins les de m'avoir offert ce livre.
Je l'ai commencé et j'ai du mal à accrocher...
RépondreSupprimerOuch...bon ben en même temps je me sens moins seule. Je guette ton billet :)
SupprimerC'est dommage, l'idée était effectivement très séduisante et les éditions dialogue m'avait séduit avec Enola Games.
RépondreSupprimerTu craquerais donc pour des nouvelles ? :P Bon en tout cas, Enola Games est noté chez moi !
SupprimerCoucou, Cynthia. J'ai reçu le même livre mais je dois seulement le lire. J'aime bien ce que tu écris sur l'absurde : tu mets des mots sur mon malaise face au déjanté, parfois. Je reviendrai te lire en détail quand j'aurai lu ces nouvelles !
RépondreSupprimerCurieuse de lire ton avis :)
SupprimerJ'avais globalement bien aimé, même s'il manquait quelque chose, je ne savais pas quoi.. Je viens de le découvrir avec ce billet : c'est vrai qu'il manque une réflexion ou une morale supérieure..
RépondreSupprimerDu coup je pense que ces nouvelles s'oublieront vite...
SupprimerC'est vrai que, d'un livre ou d'un film, ce qu'on retient surtout c'est l'histoire, les caractères, les idées, la morale. S'il n'y a rien de tout cela qui se démarque, on oublie vite. Enfin c'était ma petite idée du dimanche matin (encore un peu ensommeillé...) Ici, les petites situations burlesques et insolites sont parfois amusantes, mais ne marquent pas vraiment...
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