21 avril 2012

Le canapé rouge - Michèle Lesbre


Publié en 2007, "Le canapé rouge" est le 10ème roman de l'écrivaine française Michèle Lesbre, auteure notamment de "Boléro", "La Petite Trotteuse" ou encore d'"Un lac immense et blanc".

Pour retrouver Gyl, son amour d'antan, Anne quitte Paris et emprunte le Transsibérien, direction Irkoutsk.
Au-delà des panoramas et des rencontres furtives, elle se souvient de Clémence Barrot, sa vieille voisine du-dessous à laquelle elle contait les destins de femmes du monde telles qu'Olympe de Gouges ou Milena Jesenska, célèbre correspondante de Kafka.
Amies malgré leur différence d'âge, toutes deux évoquaient les hommes qu'elles avaient connu, perdus ou laissés, partis trop tôt et qui les ramènent à leur solitude.

A bord de ce train qui l'emmène vers l'inconnu, Anne se réjouit à l'idée de se rapprocher de l'homme qu'elle a aimé vingt ans plus tôt et avec lequel tout semble encore possible.
Mais le souvenir de la vieille dame au canapé rouge lui rappelle ce qu'elle a laissé derrière elle en partant : une complicité vive faite de discussions, de rires et de moments partagés autour d'êtres aimés ou d'héroïnes qu'elles auraient voulu connaître.
A la contemplation furtive des panoramas et des navetteurs succède la mémoire qui s'attarde pour faire le point et prendre la mesure des histoires passées, non sans une certaine mélancolie.
Clémence a perdu son jeune amant Paul, fusillé par le Parti communiste, et bien qu'ayant connu d'autres hommes par la suite, c'est son portrait qui a trouvé refuge entre les coussins de ce canapé rouge qu'elle ne quitte qu'à de rares occasions.
Sujette à des pertes de mémoire, elle pourra compter sur Anne pour se réapproprier son histoire et en comprendre l'issue.

" Nous cherchions avec entêtement l'impossible équilibre et courions à notre perte. Mais j'avais aimé et j'aimais encore la certitude qu'il n'y a pas de belles idées sans amour, sans liberté, et que nos efforts désespérés pour le prouver n'avaient pas été vains.
C'était même tout ce qui nous animait. Au fond je n'y avais jamais renoncé, et ce qui me tourmentait, c'était l'impression que je ne savais plus être dans cette perpétuelle quête, c'était peut-être ça vieillir, ne plus chercher l'impossible équilibre." p.109

Mélange de carnet de voyage et de récit introspectif appuyé par de superbes citations ("Il y a toujours quelque chose d'absent qui me tourmente", magnifique propos tenu par Camille Claudel à Rodin), "Le canapé rouge" m'a surtout fait l'effet d'un roman d'ambiance à l'écriture enveloppante.
Si les portraits des villes et des différents aspects de la vie russe m'ont donné l'impression d'avoir été croqués trop vite que pour pouvoir attraper le train en marche, je me suis laissée bercer par le voyage intérieur de cette femme et par l'écriture de Michèle Lesbre que je serais curieuse de découvrir à travers d'autres destinations.
Pas un coup de coeur (vous aurez d'ailleurs remarqué à quel point je me montre plutôt avare en compliments ces temps-ci) puisque j'ai quelques fois eu l'impression d'être larguée au milieu de nulle part mais j'ai quand-même eu plaisir à retrouver Anne au détour d'une rêverie intime, parfois naïve, mais souvent solidaire de mes propres pensées.

" Voyager avait toujours signifié tenter un lien aussi ténu fût-il avec le monde, écarter ce qui se faufilait entre lui et moi, les distances, les langues, le racisme, les religions, des obstacles qui ne s'effaçaient pas toujours mais donnaient du sens.
Ce qui rendait celui-là singulier, c'était l'impression de ne rien approcher, d'être dans l'effleurement, prisonnière de mes angoisses, étrangère dans le regard des autres.
J'analysais ce sentiment en remplissant des feuilles que je froissais et jetais à la poubelle.
Pour m'apaiser je lisais Jankélévitch, mais je sentais grandir en moi ce désenchantement que j'avais voulu fuir et combattre en retrouvant Gyl et la merveilleuse énergie qui nous portait autrefois." p.86

D'autres avis : George - Lili Galipette - L'Or des Chambres - Kathel - Aifelle - Cécile QD9 - Stephie - Leiloona

26 commentaires:

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    1. Je peux comprendre :) Figure-toi que je lui ai tourné autour à plusieurs reprises avant que les billets récents de George et Lili Galipette ne me fassent sauter le pas !

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  2. J'ai lu plusieurs romans de l'auteur, dont celui ci, c'est fin bien écrit.
    HS : tu as vu mes comm sur l'épopée du perroquet?

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    1. Oui je pense que c'est surtout cette écriture que je retiendrai par la suite.
      HS : celui qui disait que tu ne voyais pas mon billet dans ton GR ? Vais aller voir mais c'est vrai que c'est bizarre...

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  3. Un roman qui m'attire et en même temps, je crains d'y trouver tout ce que je n'aime pas dans la littérature française actuelle.

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    1. Celui-là je ne pourrais pas garantir qu'il te plaise, à toi de te décider ^^

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  4. Radine !! ;)
    Tu as raison d'être avare de compliments. Je devrais l'être plus : certains me taxent de complaisance... je laisse filer, mais ça fait ch...

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    1. Toi complaisante ? Oh ben ça alors, j'aurais dit tout le contraire vu la façon dont tu as incendié mon livre cadeau (le jeu de mot était facile ^^).
      Non vraiment, je pense que ceux qui te trouvent complaisante n'ont pas l'habitude de te lire au quotidien :)

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  5. Hihi, vraiment désolée de ne pas avoir aimé ce livre. Pourtant, il me tentait tellement. Mais douche froide intégrale...
    Figure-toi que c'est justement quelqu'un qui me lit au quotidien qui me trouve complaisante... Du coup, j'ai ressorti mon costume de peau de vache et je vais m'en servir !! :)

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    1. Je guette tes prochains billets avec impatience ^^

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  6. Je n'ai pas beaucoup apprécié ce roman... pourtant le thème me plaisait, mais trop d'effets de style, cela m'a tenue à distance...

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    1. Je crois que ce roman nécessite qu'on se laisse simplement porter et il est vrai que le style ne le permet pas toujours.

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  7. Il est grand temps que je découvre cette auteur...

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    1. Encore une, on ne fera jamais le tour de tous les écrivains ;)

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  8. C'est mon préféré de l'auteur, j'ai beaucoup aimé cette histoire et je suis une fan de son écriture. J'avais aimé aussi "la petite trotteuse".

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    1. Je vais me renseigner car j'ai vraiment découvert celui-ci en ne sachant absolument rien de l'auteure ni des autres romans qu'elle avait écrits.
      Je retiens "La petite trotteuse" et "Un lac immense et blanc" conseillé aussi :)

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  9. Je m'aperçois que je l'ai lu... et je n'en ai plus aucun souvenir

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    1. Peut-être parce qu'il n'y a rien de vraiment marquant dans cette histoire. Je pense que je me souviendrai surtout du style de l'auteure :)

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  10. Oh Stephie, pas bien ça ! :lol:
    Lu, et j'en ai quelques souvenirs *bonne élève*
    J'avais surtout aimé le style de l'auteur.

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    1. Pareil ! Et je me demande si je serai aussi bonne élève que toi dans 2 ans ^^

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  11. Un très beau petit roman, que j'avais bien aimé, et dont il me reste en mémoire ce fameux canapé rouge.

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    1. C'est sur ce canapé rouge que se sont échangés les plus beaux souvenirs de ces 2 femmes :)

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  12. J'ai parfois moi aussi eu cette impression d'être complètement larguée, du coup j'ai peiné à le lire, je m'attendais à un peu plus de récit de voyage...

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  13. Comme toi je pense que c'est le rythme de l'écriture et l'ambiance qui se dégagent qui sont surtout marquantes dans ce magnifique roman. Pour moi c'était un vrai coup de coeur (sans complaisance). Je te lis toujours mais je commente de - en - car il y a beaucoup de romans dont tu parles dont je n'ai jamais entendu parlé et que ne me tentent pas plus que ça.

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    1. Pas de soucis Cécile je comprends :) Je te lis aussi et je pense avoir au moins 50 commentaires de retard par rapport à tes billets livres et voyages...ahum...je passe chez toi cette semaine promis !

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  14. Je suis bibliothécaire et j'ai enfin lu ce roman dont tout le monde s'extasiait (aussi bien collègues que lectrices de la bibliothèque). Grosse déception ! Je le trouve pédant "un max" : pas une seule page qui ne fasse mention soit à des sites touristiques (Ah la fameuse Place Rouge !), soit à des écrivains appréciés, soit même jusqu'aux personnages des romans de ces dits écrivains ! L'auteur représente tout ce que je déteste dans la littérature française, c'est à dire que c'est d'abord un moyen de parler d'elle-même en se mettant en scène. OK "Le Canapé rouge" est écrit dans une belle prose poétique, mais il aurait mieux valu faire moins d'exercices de style et développer vraiment l'intrigue entre cette vieille dame et la narratrice. Dommage, l'idée était bonne pourtant !
    Pierre de Lune

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