
"Le Vampire de Ropraz" est un court roman de l'écrivain et poète Jacques Chessex, seul auteur suisse à avoir reçu à ce jour le prix Goncourt ("L'Ogre" - 1973).
1903. Le récit nous emmène près de Lausanne, dans le petit village de Ropraz où vont s'enchaîner plusieurs découvertes macabres.
3 jeunes filles décédées des suites de maladies voient leurs tombes profanées et leurs corps violés et dépecés par un individu vraisemblablement nécrophage.
Très vite, la population crie au vampire, d'anciennes superstitions ressurgissent et les allégations vont bon train. Tous les hommes du village sont tour à tour appréhendés en raison de leurs moeurs douteuses ( il faut dire qu'il ne fait pas bon vivre à Ropraz...).
Jusqu'au jour où un suspect est cloué au pilori, Jacques Favez, un jeune homme hanté par le souvenir d'une enfance difficile et dont la morphologie et les agissements font de lui le coupable idéal.
Mais le psychiatre Albert Chahaim ne semble pas partager cet avis...
Qu'adviendra-t-il de Jacques Favez? Réponse dans le livre!
L'histoire du vampire de Ropraz est inspirée d'un fait réel, chose qu'on ne risque pas d'oublier tant le style de l'écrivain est proche de la prose d'un médecin légiste...
" Cadavre violé. Traces de sperme, de salive, sur les cuisses dénudées de la victime. Et la mutilation la plus sanglante apparaît dans son horreur.
La main gauche, coupée net, gît à côté du cadavre.
La poitrine, cisaillée à coups de couteau, est profondément charcutée. Les seins ont été découpés, mangés, mâchés et recrachés dans le ventre ouvert." p.21
Une écriture froide et sombre à l'image de ce village traversé par un hiver qui semble interminable et des habitants habitués à côtoyer la peur et le vice.
" Avarice, cruauté, superstition, on n'est pas loin de la frontière de Fribourg où foisonne la sorcellerie. On se pend beaucoup, dans les fermes du Haut-Jorat. A la grange. Aux poutres faîtières. On garde une arme chargée à l'écurie ou à la cave.
Sous prétexte de chasse ou de braconne on choie poudre, chevrotine, gros pièges à dents de fer, lames affûtées à la meule à faux. La peur qui rôde.
A la nuit on dit les prières de conjuration ou d'exorcisme. " p.11
Chessex ne s'implique pas mais se contente de relater les faits en laissant le jugement de Chavez à la foule et aux médias au travers de coupures de presse insérées dans le récit.
La description de Chavez est aussi le prétexte à évoquer les avancées de la psychologie au début du 20ème siècle.
Un court roman à l'ambiance particulière comme vous l'aurez compris et assorti d'une fin assez étonnante!
Vu le sujet du livre, je ne dirais pas que j'ai été "séduite" mais j'ai pris comme une marque de respect pour l'Histoire le fait que l'auteur ne prenne pas parti et favorise ainsi l'authenticité du témoignage.
Une lecture captivante!
D'autres avis : Lilly et ses livres - Ys - Zarline - A l'ombre du cerisier - Anneso - Pimprenelle
Un grand MERCI à


