16 septembre 2009

Inconnu à cette adresse - K.Kressmann Taylor


Max Eisenstein et Martin Schulse sont les meilleurs amis du monde et les heureux propriétaires d'une galerie d'art à San Francisco.
En novembre 1932, Martin quitte les USA pour retrouver son pays natal, l'Allemagne. S'établit alors une correspondance qui dévoile des anecdotes intimes et professionnelles entre le juif américain et l'allemand.
Max parle avec fierté de sa soeur Griselle, une actrice en devenir avec laquelle Martin eut une brève liaison tandis que son ami se targue du luxe de sa nouvelle vie.
Mais très vite, le ton change. Alors que Max manifeste à Martin son inquiétude face à l'ascension d'un certain Adolf Hitler, son ami devenu fervent patriote le prie de cesser toute correspondance avec lui si ce n'est pour évoquer les affaires.
Max a peine à croire que son ami puisse avoir été endoctriné par le régime nazi et continue de lui écrire, rongé par l'inquiétude qu'un malheur ne soit arrivé à sa soeur Griselle, partie se produire sur les scènes allemandes.
Les lettres de Martin se veulent sans cesse plus cruelles, occultant une amitié de longue date au nom de l'anti-sémitisme.
Le 3 mars 1934, la dernière lettre de Max lui revient avec pour seule inscription "inconnu à cette adresse".

Une nouvelle rédigée en 1938 par Kathrine Kressmann Taylor, une journaliste américaine d'origine allemande.
Ce récit épistolaire connut un vif succès aux USA dès sa sortie en 1938, à l'heure où la seconde guerre mondiale était sur le point d'éclater.
Bien que la correspondance entre les deux hommes soit très brève, l'auteur a réussi à retranscrire dans un style percutant toute la cruauté dont est capable un homme au service d'une idéologie.

Extrait :

" La race juive est une plaie ouverte pour toute nation qui lui a donné refuge. Je n'ai jamais haï les Juifs en tant qu'individus - toi, par exemple, je t'ai toujours considéré comme mon ami -, mais sache que je parle en toute honnêteté quand j'ajoute que je t'ai sincèrement aimé non à cause de ta race, mais malgré elle.
Le Juif est un bouc-émissaire universel. Il doit bien y avoir une raison à cela, et ce n'est pas la superstition ancestrale consistant à les désigner comme les "assassins du Christ" qui éveille une telle méfiance à leur égard.
Quant aux ennuis juifs actuels, ils ne sont qu'accessoires. Quelque chose de plus important se prépare." p.34


D'autres avis : La tourneuse de pages - In Cold Blog - Malice - Lilly et ses livres

9 commentaires:

  1. Une bien triste période de notre histoire mais qui ne servira même pas comme exemple.
    C'est dans les gênes de l'Homme (certains et si ils prennent le pouvoir...) d'être cruels envers son prochain et ce qui l'entoure...
    Bonne soirée Cynthia

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  2. je l'ai vu l'an dernier au théâtre et c'était très mauvais. J'attendrai donc un peu avant d'ouvrir le livre

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  3. Je serais bien curieuse de voir comment cette série de lettres a pu être adaptée au théâtre mais j'imagine que la curiosité est la même lorsqu'on passe d'une pièce à un livre.

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  4. Un livre percutant, oui, mais c'est dommage que les plus jeunes lecteurs ne comprennent pas la fin. :/

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  5. Il y a toujours plusieurs niveaux de lecture.
    Les jeunes lecteurs retiendront une fin plutôt naïve là où leurs aînés reconnaîtront un dénouement plus sombre.
    D'où l'intérêt de relire certains romans des années plus tard :)

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  6. Un livre qui touche beaucoup mes collégiens

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  7. Il vient de faire son apparition dans ma biblio tournante, je vais donc le lire cet hiver et j'en suis ravie.

    Pour Cécile, malheureusement, il y a souvent d'abominables pièces de théatre bien que les textes ou les oeuvres dont elles sont tirées soient superbes...

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  8. Très bon livre, très bien construit. C'est vraiment impressionnant. A lire et relire!

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  9. Je le recommande, non seulement pour son habileté sur le sujet mais aussi pour une forme très réussie : la notion de roman épistolaire prend tout son sens de manière simple,efficace et particulièrement adaptée au sujet.

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