Publié en 1992, "La mécanique des femmes" est une oeuvre de l'écrivain français Louis Calaferte, auteur de nombreux recueils de poésies et carnets comme de pièces de théâtre ainsi que du très contesté "Septentrion".
Comme le suggère son titre, "La mécanique des femmes" dévoile une série d'instantanés présentés sous la forme de récits ou de dialogues abordant la sexualité féminine.
Narratrices de courts récits de vie ou initiatrices d'un dialogue avec le sexe opposé, les femmes sont ici présentées comme pleinement actrices de leur vie sexuelle.
Ni fausse pudeur ni sentiments. Calaferte semble vouloir inverser les codes habituels en assignant à ces femmes une sexualité instinctive, "bestiale" et un mode d'expression habituellement réservés aux hommes, tant et si bien que l'on peut se demander si l'auteur n'a pas simplement transposé ses fantasmes dans la bouche de ses héroïnes.
Il n'est d'ailleurs pas rare de lire au fil des pages qu'une femme "se branle" ou "urine debout".
" Dehors, admirée, désirée, elle se sent libre, heureuse, invinciblement supérieure." p.34
Volontairement provocatrices et demandeuses, toutes s'abandonnent et cèdent immédiatement et sans retenue au moindre de leurs désirs.
Les récits se déclinent en témoignages portant sur des thèmes tels que la mort, la solitude et la perte de désir au sein du couple, la crainte ou le refus de l'enfantement.
" Regarde. C'est à peine une cicatrice. Ils m'ont dit qu'avec le temps ça ne se verrait plus du tout. J'avais tellement mal les dernières semaines que je me suis décidée du jour au lendemain.
Sourire.
- Dans un sens, c'est aussi bien. Je ne crains plus rien. On pourra me jouir dedans sans histoires. "p.82
Les dialogues, assez répétitifs et introduits par quelques phrases plantant un décor pour ainsi dire théâtral, dépeignent des femmes qui s'approprient les désirs masculins, allant ainsi au devant de leur peur des hommes, anticipant leurs fantasmes, forçant une intimité afin de gagner leur respect voire leur affection.
" - Tu sais qui je suis?
Ironique.
- Une débauchée.
Son mouvement lascif.
- Débauchée, luxurieuse, corrompue, déréglée, voluptueuse, immorale, libertine, dissolue, sensuelle, polissonne, baiseuse, dépravée, impudique, vicieuse.
Me baisant la main avec une feinte dévotion.
- Et malgré tout ça, je veux qu'on m'aime." p.21
Je dois bien avouer avoir poussé quelques cris d'effarement en découvrant certains textes dont le propos (autant vous prévenir tout de suite que certaines scènes traitent clairement de pédophilie) et le langage m'ont paru trop crus.
Certaines images étaient tellement poussées à l'extrême qu'elles me paraissaient grotesques et m'ont en ce sens, bien fait rire. Je pense à la scène du chausson à la crème pour ceux qui l'ont lu ou encore à cette version remaniée d'Amélie Poulain.
" Ecossant des petits pois, elle plonge voluptueusement ses mains dans le récipient où ils s'entassent.
- Je les ai sous les doigts, c'est frais, doux. Je pense que c'est un tas de petites couilles et ça m'excite." p.60
Choc, rires, pleurs, beaucoup d'émotions fortes et quelques jolies phrases ciselées capturant l'instant.
" Large robe à fleurs qui lui prend la poitrine, les seins moulés, durcis. Elle a l'élégance, la simplicité d'une jeunesse étourdie." p.86
" A l'aube, sous le maquillage estompé, ses traits creusés, la fatigue au fond des yeux, un abandon, une lassitude triste." p.133
" Insectes de familles différentes se croisant sur un brin d'herbe. Quelques attouchements d'antennes, puis chacun repart de son côté." p.137
Une lecture inégale mais intéressante et loin de me laisser sans réaction. A recommander toutefois à un public averti...
"La mécanique des femmes" est le 5ème titre lu à l'occasion du Challenge Coups de coeur lancé par Theoma. Il s'agissait du choix de Cécile QD9.
Bof, les estraits ne me disent trop rien...
RépondreSupprimerBof... La sexualité féminine écrite par un homme... Ce livre doit être surtout révélateur des fantasmes de l'auteur ! ;-)
RépondreSupprimerJe n'arrive pas à décider si ton billet me donne envie de le découvrir ou non...
RépondreSupprimerJe ne suis pas certaine d'aimer, mais ce livre m'intéresse...
RépondreSupprimerMouais, je passe, et franchement, je trouve les extraits douteux. Finalement, ces extraits, ça peut être quitte ou double ! Genre, celui avec les petits pois, j'ai failli exploser de rire !
RépondreSupprimer@Clara : je l'ai joué soft...
RépondreSupprimer@Marie : c'est aussi ce que je me disais mais il y a tout de même plusieurs scènes qui parlent directement aux femmes
@soukee : c'est "normal" étant donné que je suis moi-même mitigée sur ce livre. Certains textes m'ont plu et m'ont émue, d'autres me paraissaient trop crus ou tout simplement pas plausibles.
Mieux vaut le feuilleter en librairie avant de se décider...
@Liliba : je l'ai trouvé intéressant malgré ma lecture inégale
@Manu : d'un texte à l'autre, mon opinion changeait, difficile de le conseiller à tout le monde dans ce cas...
Ma mécanique à moi est rouillée... je passe ^^
RépondreSupprimerSacrée Cécile ! Femmes bestiales et impudiques ou pas, il ne faut pas tomber dans l'excès et le grotesque, la provocation est aussi un art...
RépondreSupprimerCécile a l'art de faire découvrir des lectures. Après hésitation, je passe également mon tour. Les extraits, assez inégaux, ne titillent pas suffisamment ma mécanique de lectrice.
RépondreSupprimerJe ne l'avais pas remarqué pour le challenge coup de cœur... Je ne sais pas trop s'il me plairait mais ton billet est intrigant... Une lecture entre rires et larmes ça peut quand même être pas mal.
RépondreSupprimerVoilà un auteur qui fut très prolifique, mais dont on entend très rarement parler, finalement.
RépondreSupprimerJ'avais lu Requiem des innocents, un roman autobiographique qu'il a renié par la suite, et j'en garde le souvenir d'une écriture forte, et mettant presque mal à l'aise...
Mais il m'avait aussi rendue curieuse à propos de ce M. Calaferte, que je relirai sûrement... pourquoi pas celui-là ?
@Choco : no comment ^^
RépondreSupprimer@Ys : l'effet est vraiment réussi dans certains textes et puis pour d'autres, je reconnais avoir émis de légers soupirs...
@Theoma : je ne voulais pas choquer mon lectorat en ajoutant des extraits "plus osés"^^ Le mieux est donc de le feuilleter en librairie
@Hathaway : même remarque que pour Theoma, c'est le genre de lecture qui se recommande "au cas par cas"
@Ingannmic : je ne connais pas le titre que tu mentionnes mais je n'exclus pas de retourner un jour vers cet auteur.
Cela dit, vu ton ressenti sur ce titre, je pense que celui-ci devrait également te plaire...
Euh, non, vraiment pas pour moi !
RépondreSupprimerTiens, j'étais passée à côté de ce message... Calferte est définitivement un auteur qui suscite des émotions positives ou négatives mais jamais tièdes.
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