Après "La Ronde des innocents" paru l'an dernier, "Les cendres froides" est le second roman de l'écrivain français Valentin Musso, frère du célèbre Guillaume du même nom.
En triant les affaires d' "Abuelo", son grand-père tout juste décédé, Aurélien Cochet découvre au milieu de centaines de bobines un film réalisé dans les années 1940 montrant son aïeul en compagnie d'un lieutenant SS et de jeunes femmes de type aryen, visiblement toutes enceintes.
Sous le choc de ces images lourdes de sens, Aurélien compose le numéro de téléphone mentionné sur la bobine et rencontre Héloïse Tournier, une étudiante qui prépare une thèse sur les lebensborn.
Tous deux tenteront d'éclaircir le rôle joué par Abuelo au sein de ces anciennes maternités nazies ayant pratiqué la sélection raciale en vue d'offrir des enfants au Fuhrer.
Au même moment une octogénaire, Nicole Brachet, est retrouvée morte à son domicile. A la thèse initiale du home-jacking succède celle du meurtre...
" Je me rendais compte, avec une acuité nouvelle, que je ne savais presque rien de mon grand-père, de sa vie d'avant notre naissance du moins.
Nous n'avions jamais parlé de la Seconde Guerre Mondiale chez nous. J'ignore comment les choses se passent dans les autres familles : le silence est-il la réponse la plus fréquente aux questions de ceux qui n'ont pas connu cette période ?
Dissimule-t-il par pudeur des actions héroïques ou par honte des lâchetés ? Je savais simplement que mon grand-père possédait une carte de Combattant volontaire de la Résistance.
Mais je savais aussi que ces cartes avaient été distribuées jusque dans les années quatre-vingts, à une époque si éloignée des événements que ces attestations étaient pour le moins sujettes à caution.
Un simple bout de papier ne suffirait pas à annihiler ce que je venais de voir." p.82
Lorsque ce roman m'a été proposé, je m'y suis montrée réticente en raison de la filiation de l'auteur avec Guillaume Musso, écrivain qu'on ne présente plus et dont je ne suis pas vraiment la plus grande fan...
Mais tout auteur ne mérite-t-il pas sa chance ?
A l'arrivée du livre dans ma boîte aux lettres, j'ai été surprise de constater qu'aucune mention de Guillaume Musso n'apparaissait en couverture et qu'en plus, le roman avait été publié par les Nouveaux Auteurs, une maison d'édition qui ne publie que les titres plébiscités par les lecteurs de leur site.
J'ai donc apprécié que l'auteur ne se serve pas du succès de son frère en vue d'une publication (même si bien sûr tous deux partagent le même nom de famille).
J'ai ensuite entamé ma lecture pour ne plus la quitter des yeux.
Le point fort de ce thriller est qu'il prend pour toile de fond un aspect un peu plus méconnu des pratiques nazies : les lebensborn.
Créées à l'initiative de Gregor Ebner, médecin personnel d'Himmler et spécialiste de la sélection raciale, ces maternités furent installées dans les pays occupés par l'Allemagne durant les années 40.
Elles abritaient bon nombre de femmes qui, ayant eu une aventure avec un SS et craignant de s'exposer au désaveu de leurs familles, étaient prises en charge et choyées tout au long de leur grossesse. En contrepartie, celles-ci acceptaient de confier ensuite leurs bébés en vue d'une adoption par des familles allemandes pure souche.
" C'était un pan d'histoire honteux qu'on a pu occulter parce qu'on se persuadait qu'ils n'avaient pas fait de victimes.
Face à l'Holocauste, ces maternités paraissaient dérisoires. C'était évidemment sans compter ces dizaines de milliers d'enfants que les Allemands avaient kidnappé dans les pays de l'Est.
Tout le monde s'est désintéressé d'eux.
_ Et ceux qui étaient nés à l'ouest, dans les pays occupés ?
_ Ils n'ont pas eu droit à plus de pitié. Ils étaient des enfants de la honte qui symbolisaient la collaboration et la mauvaise conscience dont les pays anciennement occupés voulaient se débarrasser. On a caché à beaucoup leur origine, d'autres au contraire ont été humiliés et persécutés, à l'école ou dans les familles d'accueil." p.189
A partir de ce fait historique, Valentin Musso a construit une intrigue qui repose sur un lourd secret de famille que le héros principal, Aurélien Cochet, appuyé par une spécialiste des lebensborn, tente de percer malgré les nombreuses menaces et attaques qui pèsent sur lui et sa famille (mais aussi son chat, eh oui les animaux domestiques ont toujours la vie dure dans les thrillers !).
Au détour de chapitres courts, entre présent et flash-backs, l'auteur parvient à distiller savamment les nouveaux éléments découverts au fil de la quête d'Aurélien pour stimuler la curiosité du lecteur.
En revanche, du côté de l'enquête criminelle sur le meurtre de Nicole Brachet, ça n'avance pas beaucoup.
C'est bien là la seule chose que je reproche à ce roman, une différence de rythme flagrante entre les recherches d'Aurélien et la progression des policiers qui semblent se cantonner à une enquête de routine sur un véhicule suspect.
Il faut dire que la police ne dispose que peu d'éléments au départ, là où Aurélien détiendra le fin mot de l'histoire.
Bien que le récit soit centré autour d'Aurélien, j'ai trouvé les autres personnages bien brossés, chacun ayant son rôle à jouer, à l'exception d'Héloïse qui semble toujours en retrait malgré son aide précieuse.
Dans l'ensemble, "Les cendres froides" m'a énormément fait penser, jusque dans sa dernière ligne, au roman "Elle s'appelait Sarah" de Tatiana de Rosnay.
Au détour d'une double quête, historique et personnelle, l'auteur examine avec soin la difficulté de se construire en creux d'une histoire familiale sinueuse et l'impact psychologique que peut provoquer la découverte d'un secret dissimulé par plusieurs générations.
Bien documenté, ce roman nous en apprend davantage sur les dessous de la politique eugéniste nazie.
A tenter !
MERCI à Florence et aux éditions de m'avoir offert ce livre !
Un autre avis : Zarline
Pas mal comme histoire. A tenter, comme tu dis.
RépondreSupprimerPourquoi pas, le contexte historique est intéressant.
RépondreSupprimer@Mango : il vaut le coup d'outrepasser l'étiquette "Musso" ;)
RépondreSupprimer@Tiphanie : exactement ! Et tout est vrai, à l'exception de quelques détails indiqués par l'auteur.
C'est sûr qu'avec tous les articles sur la blogosphère qui vantent ce livre ; il sera dans ma PAL lors de sa sortie en poche. Je vais d'abord commencer par "La ronde des innocents" puisqu'il est sorti en poche depuis 1 mois.
RépondreSupprimerIntriguant en effet ! ON se demande en effet si l'auteur n'aurait pas mieux fait de se trouver un pseudo.
RépondreSupprimerPas bien tentée encore, malgré ton billet, la comparaison avec de Rosnay m'achève...
RépondreSupprimerBeaucoup d'avis positifs ces derniers jours. Même toi qui n'est pourtant pas fan de thriller. Mais je ne peux m'empêcher de penser à un navet que j'ai lu sur le même thème l'année passée (même pas fait de billet) Mais bon, je verrai bien.
RépondreSupprimerJe le tenterai bien pour l'aspect historique et thriller mais sans doute à la rentrée... La pour l'été, j'ai plutôt besoin de la prose du frangin !
RépondreSupprimerJ'avais les mêmes a priori et au final, comme tu le sais, ce fut une bonne surprise. Comme quoi... Et comme toi, plutôt étonnée (en bien) de ne pas voir de mention sur le livre à Guillaume Musso alors que le flyer de présentation y fait bien allusion, comme si l'auteur essayait de faire oublier son nom et que la maison d'édition jouait dessus pour la distribution. Enfin bref, je lirai volontiers La ronde des innocents. Merci pour le lien.
RépondreSupprimer@Anne : j'ai bien envie de découvrir son premier roman moi aussi ;)
RépondreSupprimer@Choco : oui mais la comparaison s'arrête au nom de famille ;)
@Ys : héhé, je parlais surtout de la trame de l'histoire ;)
@Manu : comme tu as pu le voir ce matin, je suis prête à découvrir le genre plus en amont ;)
@Géraldine : je partage ton envie de légèreté mais cela ne me décidera toutefois pas à lire le frère ;)
@Zarline : aaaaaaaah d'accord, je n'avais pas reçu le flyer en fait.
Je suis moi aussi contente d'avoir lu ce roman et je ne manquerai pas de lire le premier de l'auteur.
Dans ma pal !
RépondreSupprimerQu'un écrivain soit le frère le père d'untel ne me dérange nullement...
Par contre que l'on "joue" sur cette filiation pour la notion de marketing, oui !
@Clara : je ne l'ai pas ressenti ici mais comme je disais à Zarline, je n'ai pas reçu le flyer.
RépondreSupprimerMais on le voit partout ce roman, en ce moment.
RépondreSupprimersurtout qu'il avait envoyé de manière anonyme son manuscrit...
RépondreSupprimerpétard des guettes, auras-tu un jour une infolettre ?
RépondreSupprimer@ tout bientôt
J'avais bien aimé la ronde des innocents que j'avais lu sans savoir que l'auteur était le frère de... Le thème de celui-ci me tente beaucoup!
RépondreSupprimerflûte, j'ai oublié de coller les logos des challenges !!!!!!!!!
RépondreSupprimerje rajoute le tien pour "Bonne Nuit, mon Amour" d'Inger Frimansson :
http://loiseaulyre.canalblog.com/archives/2011/06/30/21511098.html