Publié en 2006 et traduit en français en 2007, "Dans le scriptorium" est un roman de l'écrivain américain Paul Auster, notamment auteur de la "Trilogie new-yorkaise", "L'Invention de la solitude", "La Vie intérieure de Martin Frost" ou encore d'"Invisible".
Un matin, un vieil homme du nom de Mr Blank se voit frappé d'amnésie. Sa chambre est placée sur écoute et sous l'étroite surveillance d'une caméra vidéo, des photographies de visages familiers et un manuscrit gisent, épars, sur le bureau.
Tandis que Mr Blank procède à la découverte du manuscrit, sa lecture est interrompue par plusieurs coups de fil et visites pour le moins étranges. Qui est cette Anna qui lui administre des médicaments et lui fait sa toilette ? En quoi consiste le traitement prescrit par le Docteur Farr ?
Qu'en est-il de ces "chargés de mission" qui semblent lui en vouloir ? Et pour quelle raison éprouve-t-il de la culpabilité à leur égard ?
"Dans le scriptorium" était ma première incursion dans l'univers de Paul Auster et je dois dire que cette première découverte est une vraie déception.
On a coutume de se figurer la personne de l'écrivain comme celle habilitée à tirer les ficelles et à décider des directions qu'empruntent ses personnages.
Mais que peut-il arriver lorsque ces mêmes personnages se rebiffent et demandent des comptes à leur créateur ? C'est là l'idée originale de ce roman et la raison qui m'a poussée à vouloir lire cette rencontre entre fiction et réalité.
Récit d'une seule journée de la vie de Mr Blank, ce roman se présente comme un huis-clos mettant en présence le vieil homme aux prises avec son imagination, un univers tortueux peuplé d'étranges personnages défilant tour à tour dans sa chambre pour lui reprocher de les avoir malmenés.
Il apparaît que ceux-ci se trouvent être des personnages issus des précédents romans de Paul Auster.
Hélas, ignorant tout de l'oeuvre d'Auster, je n'ai pas réussi à les identifier ni même à m'intéresser à leur sort. Il faut dire que leurs apparitions fugitives ne m'en ont pas vraiment laissé le temps.
Mr Blank m'est apparu comme un vieil homme velléitaire qui m'a laissée dans une relative indifférence (les scènes de touche-touche pipi étaient-elles vraiment nécessaires ?).
Quant au fameux manuscrit lu par celui-ci et distillé tout au long du récit, un roman dans le roman, je ne lui ai pas trouvé de véritable raison d'être si ce n'est celle de brouiller les pistes pour le lecteur.
Ce roman, d'un format pourtant court, m'a semblé d'autant plus lourd par son absence de chapitrage et un style très clinique qui, bien qu'ayant son importance pour la compréhension de la chute finale (que j'ai trouvé attendue pour ma part), a contribué à me rendre ce récit ennuyeux.
Bref, ce procès à l'écrivain était une belle idée de départ mais qui pour moi s'est soldée par un premier rendez-vous manqué...
J'espère être davantage conquise par "L'Invention de la solitude" et "La vie intérieure de Martin Frost", tous deux dans ma PAL.
" Dès l'instant où il ferme les yeux, il voit passer dans sa tête le défilé des ombres.
C'est une longue procession crépusculaire, composée de vingtaines sinon de centaines de silhouettes, parmi lesquelles figurent à la fois des hommes et des femmes, des enfants et des vieillards et, si certaines sont petites, d'autres sont grandes, et si certaines sont rondes, d'autres sont sveltes et Mr Blank, qui les écoute avec toute son attention, entend non seulement le bruit de leurs pas mais aussi quelque chose qui lui paraît ressembler à un gémissement, un gémissement collectif à peine audible, s'élevant d'entre elles.
Où elles sont, où elles vont, il n'en sait rien, mais on dirait qu'elles s'avancent d'un pas lourd au travers d'une sorte de pâturage abandonné, un terrain vague où la mauvaise herbe le dispute à la terre nue, et parce qu'il fait si obscur, et parce que chacune des silhouettes marche la tête baissée, Mr.Blank ne peut distinguer aucun visage.
Tout ce qu'il sait, c'est que la seule vue de ces créatures le remplit de terreur, et il se sent écrasé une fois de plus par un implacable sentiment de culpabilité." p.48
"Dans le scriptorium" était une lecture commune avec George, Anne (De poche en poche) et Michel dont je file voir les billets !
D'autres avis : Géraldine - Manu - Kathel - Praline - Liliba
Je ne l'ai pas lu, mais entendu dire qu'il est très très austérien, reprenant pas mal de thèmes chers à l'auteur, bref que c'est mieux d'en avoir lu d'autres avant.
RépondreSupprimerEssaie Brooklyn Follies, par exemple.
Je crois qu'effectivement il est bon d'avoir lu un ou deux romans d'Auster avant de lire celui-ci. POur ce qui est du roman lu et que Blank termine, c'est une sorte de mise en abyme (du moins le début avec l'emprisonnement), et après je crois que c'est juste une démonstration de l'écriture romanesque, comment nait une intrigue, comme l'écrivain modifie le destin de ses personnages et efface les incohérences du récit ! je l'ai trouvé assez intéressant, mais comme toi les scènes de pipi, caca, vomi on aurait pu s'en passer !
RépondreSupprimer@Keisha : tu penses bien que le "très austérien" ne m'évoque pas grand chose ^^
RépondreSupprimerMais tu as raison, vu les nombreuses références à ses oeuvres précédentes, j'aurais certainement du les lire avant d'attaquer celui-ci ;)
@George : Oui je comprends le concept du laboratoire d'écriture mais je t'avoue que ça ne modifie pas mon avis sur ces pages qui m'ont parues trèèèèèèès longues.
L'idée est mal exploitée et un peu trop tirée par les cheveux selon moi.
J'en tenterai d'autres malgré tout, si ça se trouve celui-ci n'est qu'une simple erreur de parcours ;)
J'ai essayé deux fois, deux fois, j'ai dû arrêter ma lecture tellement je m'ennuyais. Il est toujours dans ma PAL et n'ai rien lu d'autre de cet auteur,à tort certainement d'ailleurs mais il mes reste un a priori;
RépondreSupprimerJe partage assez bien ces impressions, y compris le style "clinique"
RépondreSupprimerUn roman intéressant, mais un rien théorique.. et il peut paraitre ennuyeux.
P.S. : Tant que je passe ici, je cherche toujours des blogueurs belges pour recevoir des livres voyageurs - sans obligation.
Franchement, Cynthia, si j'avais eu les mots pour mieux décrire mon impression à la lecture de ce roman, mon article aurait ressemblé au tien. En effet, "Le touche pipi" comme tu dis n'a pas été ma tasse de thé.L'histoire dans l'histoire, prise en court de route d'écriture, fait que ces passages me paraissaient longuets. En plus, tu as su démêler dans mon esprits deux ou trois petites choses que je n'avais pas bien saisies.
RépondreSupprimerBises.
@Mango : tu me rassures ! En avais-tu lu d'autres titres de l'auteur avant celui-ci ?
RépondreSupprimer@Noann : oui, ce Paul " Austère" ne m'a pas vraiment convaincue...
Je croule sous les lectures en ce moment et je ne sais plus où donner de la tête mais merci tout de même de ta proposition ;)
@Anne : On dirait que nous avons fait mauvaise pioche pour ce premier coup d'essai ;)
Comme je te le disais, si ce n'avait pas été une lecture commune, je pense que je l'aurais laissé tomber malgré son faible nombre de pages...
Effectivement, celui-ci n'est pas le plus indiqué pour faire connaissance. " L'invention de la solitude " est passionnant mais il est à la frontière de l'essai. Je te recommande Le voyage d'Anna Blum et mon préféré Léviathan.
RépondreSupprimerSi ça peux te rassurer, je n'ai lu qu'un auster et qu'est-ce qu'il m'a ennuyééééé.... Je reconnais que la mise en abyme du travail d'écriture dans ses romans est brillante mais tout ça ne me suffit pas...
RépondreSupprimerOserais-je jouer au relève-joie ? J'ai adoré ce Scriptorium, bien plus que Léviathan et Mr. Vertigo... Plus court que les précédents romans lus de Paul Auster, je le trouvais justement plus épuré, plus fluide, plus accessible, même aux lecteurs qui découvrent cet auteur. Dix (au moins !) interprétations peuvent en être faites. Par exemple, j'aime bien considérer ce roman comme une réflexion angoissée d'un auteur qui se voit vieillir, et qui frémit à l'idée qu'un jour il puisse ne plus se souvenir de ce qu'il a écrit la veille...
RépondreSupprimerMa critique complète
@Emmyne : l'essai ne me dérange pas, au contraire ;)
RépondreSupprimerJe vais aller voir de quoi parle les titres que tu mentionnes
@Choco : eh bien à moi non plus mais je veux bien retenter le coup avec un autre titre ;)
@Michel : bien entendu les signes perceptibles de la vieillesse sont là (amnésie, difficultés à se mouvoir, à manger seul, à se laver,...). On pourrait même imaginer un écrivain schizophrène discutant avec ses personnages comme il le ferait avec des êtres vivants.
L'idée de départ est excellente mais je dois dire que, malgré toutes les interprétations que l'on peut donner à ce roman et la pirouette finale, le rendu m'a malheureusement ennuyée :/
C'est un peu l'inconvénient avec cet auteur : il y a du bon et du moins bon. Tu n'es pas tombée sur un bon cru, apparement.
RépondreSupprimerJe te conseille Invisible. J'ai commencé par celui-là et ce fut un coup de coeur. Moon palace m'a déçue.
RépondreSupprimerje n'avais pas réussi à entrer dans ce livre car je ne connaissais pas non plus l'univers de Paul Auster.
RépondreSupprimerEffectivement, j'ai adoré ce livre, mon premier Auster. Peut-être pas pour les bonnes raisons ? Mais j'ai vraiment aimé !
RépondreSupprimerJe n'aurais pas commencé par celui-ci. Ma seule déception avec Paul Auster dont j'ai lus de nombreux romans. Par contre, je n'ai pas lus ceux que tu cites. J'espère que ta prochaine rencontre avec cet écrivain sera plus fructueuse :-)
RépondreSupprimerTu n'es pas la première à être déçue... En plus, comme toi et d'autres l'ont mentionné, pour découvrir Auster, ce n'est pas l'idéal. Je suis loin d'avoir tout lu mais j'ai eu de la chance avec mes expériences austériennes à date. Et celui-ci n'est pas prévu au programme!
RépondreSupprimerJe vais dire comme les autres : pour un premier, ce n'est pas le plus évident... Brooklyn follies ou le livre des illusions passeraient mieux ! Mon premier Auster (Le voyage d'Anna Blume avait été un échec aussi, et après, j'ai beaucoup aimé les autres !
RépondreSupprimerMerci pour le lien !