5 juin 2011

Le meurtre d'O-Tsuya - Junichiro Tanizaki


Publié en 1915 et traduit en français en 1997, "Le meurtre d'O-Tsuya" est un court roman de l'écrivain japonais Junichiro Tanizaki, auteur de "Le coupeur de roseaux", "Le tatouage" ou encore de "La clé/la confession impudique" dont je parlerai vendredi.

La vie semblait sourire à Shinsuke, apprenti chez un prêteur sur gages, jusqu'à ce qu'il s'entiche de la fille unique du patron, O-Tsuya, qui lui propose de fuir ensemble.
Le couple se réfugie alors chez Senji, ami de la famille d'O-Tsuya, qui leur promet de veiller sur eux jusqu'à ce que leurs familles respectives acceptent de consentir à leur mariage.
Mais les choses tournent mal et le jeune Shinsuke devra malgré lui renoncer à ses principes moraux pour contenter sa belle...

"Le coupeur de roseaux" ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable mais comme cette histoire-ci me faisait de l'oeil, j'ai décidé malgré tout de retenter ma chance avec cet auteur.
Et cette fois, je n'ai pas été déçue !
"Le meurtre d'O-Tsuya" apparaît comme une histoire d'amour à l'issue tragique comme les Japonais savent les écrire. Une histoire d'amour à la Bonnie&Clyde, dirigée d'une main de fer par l'habile O-Tsuya qui s'est depuis toujours rêvée en geisha et sait très bien mener sa barque pour obtenir ce qu'elle veut de ses courtisans.
Naïf et aveuglé par son amour pour elle, Shinsuke multiplie les méfaits pour lui sauver la mise et finit par prendre goût au jeu dangereux initié par O-Tsuya.
Entraîné dans une vague d'escroqueries et de meurtres, le jeune homme autrefois riche de principes tente de retrouver la raison tandis que sa complice, pleine d'assurance, fait preuve d'un sang-froid implacable.
J'ai trouvé le personnage d'O-Tsuya incroyable jusqu'à la dernière page, tant, malgré son caractère ouvertement manipulateur, je me demandais jusqu'où elle était capable d'aller pour assurer ses intérêts !

Certes, il s'agit d'un court roman mais Tanizaki en dit suffisamment pour capter l'attention de son lecteur, aspiré comme Shinsuke par le rythme endiablé des événements.
L'auteur explore à l'extrême les ravages de l'amour passionnel, initiés par la perfidie féminine (thème qui revient souvent dans la littérature nippone, les écrivains japonais n'étaient-ils pas un brin misogynes?), avec pour fatal corollaire une vengeance qui n'a guère le temps de tiédir.
Un petit roman sans concession, à découvrir sans hésiter !

" Tu es devenue très experte dans l'art de t'exprimer, mais je suis sûr qu'au fond de ton coeur, tu es loin de m'aimer autant qu'avant. Et puis, ce doit être le jour et la nuit, entre ton pauvre Shinsuke et ce Tokubei qui a tellement d'argent et qui comprend si bien les choses !
En fin de compte, je ferais mieux d'aller tout de suite me constituer prisonnier, tu seras plus heureuse comme ça !


- Zut et zut ! Conduis-toi donc comme un homme ! Tu crois me flatter en me faisant des scènes de jalousie ? C'est trop stupide pour mériter une réponse, alors cesse, veux-tu !
De toute façon, je n'ai encore jamais connu d'autre homme que toi, alors...


- Dans ce cas, ton Tokubei, il est bien généreux !


- C'est précisément là où je sais y faire ! Je n'ai encore jamais tué personne, mais sinon je suis bien plus douée que toi pour le crime ! " p.85

D'autres avis : Praline - Manu - Choco - Lounima



12 commentaires:

  1. J'avais adoré La confession impudique !
    Je note le titre de ce bouquin, au hasard d'une rencontre en librairie !

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  2. @Lili Galipette : je m'en souviens très bien puisque c'est ton billet qui m'avait incitée à l'acheter.
    Mon billet sur ce livre paraîtra d'ailleurs vendredi normalement ;)
    Je te conseille effectivement celui-ci plutôt que "Le coupeur de roseaux" si tu veux poursuivre avec cet auteur !

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  3. Un bon souvenir que ce roman ! J'en ai d'ailleurs un autre de l'auteur dans ma PAL :-)

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  4. Encore un Japonais que je ne connaissais pas!

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  5. @Manu : oui, je comprends ! Cette semaine je vais lire "La confession impudique" en LC avec Choco et je compte bien poursuivre avec cet auteur en dehors du challenge ;)

    @Mango : c'est l'un des grands romanciers japonais du 20ème siècle mais je ne le savais pas avant de commencer le challenge de Choco ;)

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  6. C'est un des rares livres d'un auteur japonais qui a réussi à me plaire !! J'en garde un assez bon souvenir. ;-)

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  7. J'ai dû le lire bien avant mon blog, et j'en garde encore un bon souvenir. On s'immerge vraiment dans leurs us et coutumes !

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  8. ampublié en 1915 ? Ça a l'air pourtant très moderne

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  9. Pour l'instant je suis avec François Cheng , une belle découverte par chez vous !

    Bon jeudi

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  10. C'est que tu finis par les aimer ces femmes manipulatrices... ;)

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  11. J'avais adoré ce petit roman ; je n'ai pas encore lu le Coupeur de roseaux, mais il est sur ma PAL.

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