Publié en 2008, "38 mini westerns" est un recueil de textes nés de la plume du chanteur et écrivain Mathias Malzieu, également auteur de "La mécanique du coeur" et "Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi".
Fées-lustres, elfes, fantômes déprimés, écureuils et avalanche assassins, longboard, bouteilles à sensations, bouses d'anges, pâte à bisous, chocolate books, mouchoirs fantômes, loups effrayants, ...Tels sont les êtres et objets insolites qui composent les 38 textes de ce recueil.
Mathias Malzieu replonge dans les préoccupations liées à l'enfance et revient au petit garçon qu'il était - et est encore- pour nous dévoiler ses peurs et ses déceptions, son besoin d'émerveillement pour mieux supporter la réalité qui l'environne.
" Qu'est-ce qu'on devient quand on oublie les connexions enfantines, quand on les range dans un coffre du cerveau et qu'on ferme à clef comme un grenier pour jouets cassés ?"
Puis, "Qu'est-ce qu'on devient quand on a terminé d'être amants, que ça y est, on est casé, que c'est sûr, que ça devient une fatalité ?" et encore, "Qu'est-ce qu'on devient lorsqu'on laisse s'évaporer nos propres rêves, quand on les regarde s'éloigner comme des petits nuages blancs emportés par la brise, ces fameux rêves qui irriguent l'espoir et toute la machine à pétiller de l'esprit ? Qu'est-ce qu'on devient quand tout ça s'assèche petit à petit que même la notion de jeu devient étrangère et que même l'idée d'adrénaline fait peur ?...
Qu'est-ce qu'on devient quand on ne se jette plus dans le feu de l'action et qu'on se met à tout trouver "sympa" au lieu d'aimer vraiment les choses ?
- Un vieux con, voilà ce qu'on devient, répondit-elle." p.53
Comme j'avais aimé "Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi" et adoré "La mécanique du coeur", je n'ai pas résisté à me procurer ce petit recueil.
Malheureusement, celui-ci m'a laissée sur une impression mitigée.
Mathias Malzieu apparaît comme un adulte qui n'a jamais cessé d'être un enfant. Ces textes se lisent tels des rêves éveillés, portés par une fantaisie propre à l'enfance mais souvent teintés d'une certaine amertume liée au monde adulte : l'enfant rêve mais c'est l'adulte qui se réveille et compose avec la réalité.
" Du coup, les rêves se sont mis à gicler partout dans la chambre, ensanglantés et vifs comme des flèches. Des morceaux de montagne bleue éclatés contre les murs, des fantômes pendus à la tringle à rideau, d'autres en train de griller sur le filament d'une ampoule, là, sur la table de chevet et partout sur ma peau.
Je me suis douché et j'ai bien insisté pour rincer toutes les parties de mon corps, parce que les rêves séchés, après ça gratte sous les habits.
Mais toute la journée, j'ai cligné des yeux, sans doute les miettes d'un rêve de sable resté coincé sous les paupières." p.27
Chez l'auteur, les mots prennent vie sous forme d'images qui lui grouillent dans la tête, gesticulent le long des lignes pour retranscrire de ces petits bouts d'enfance qui évoquent les superstitions et les peurs (orage, loups), les déceptions (premier chagrin d'amour, amitié), les hontes (dyslexie, hyper-émotivité), tous ces fantômes qui ont continué à le suivre tout au long de sa vie adulte.
" On aurait dit qu'elle s'était fait un shampooing avec le soleil et qu'elle ne s'était ni rincé ni séché les cheveux. Merveilleuse. Et moi, avec des bruits d'aquarium dans le ventre, je souriais, les yeux plissés comme un nouveau-né chinois face à tout cet éblouissement.
Mon poing dans la poche serrait la petite boîte noire et je sentais mon coeur battre dans ma gorge.
Je l'ai embrassée sur la bouche mais j'ai eu la sensation qu'elle n'avait plus de lèvres.
Elle en avait toujours, mais elles étaient restées immobiles." p.17
J'ai aimé les textes qui m'ont rappelé mon enfance passée tout en faisant appel à l'adulte que je suis.
En revanche, d'autres, plus anecdotiques comme "Histoire de fantômes" ou "Le bar des neiges", m'ont plutôt semblé être destinés aux enfants - et n'ont donc pas trouvé écho en moi - ou manquer d'intérêt...
" Le poème insulte.
Connard, quand je serai un fantôme
Je viendrai te planter un bouquet d'orties dans le cul
Connard va." p.35
Je passe, n'ayant pas complètement adhéré à "La mécanique du coeur" et n'osant pas sortir "Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur moi" de ma PAL.
RépondreSupprimerJ'avais déjà eu un peu cette impression avec La mécanique du coeur...
RépondreSupprimerCa commence à sentir Halloween sur la blogo...
RépondreSupprimerrien que le le titre me fait fuir !
RépondreSupprimer@Manu : vu mon avis sur ce recueil, je me demande ce que je penserais à présent de "La mécanique du coeur"...
RépondreSupprimer@Soukee : pas moi...mais bon je l'avais lu à sa sortie il y a deux ans !
@Alex : héhé ^^ Et pourtant ce n'était pas du tout voulu !
@Clara : à cause des westerns ou plutôt des fantômes ? ^^
j'ai beaucoup aimé "La mécanique..." par contre beaucoup moins "Maintenant qu'il fait..."
RépondreSupprimerj'attends pour lire celui ci (que ma co-blogueuse a pourtant adoré!!)
Je suis totalement tombée amoureuse de "depuis qu'il fait tout le temps nuit sur toi" ainsi que de "la mécanique du coeur", hâte de lire celui-ci qui m'attendra au pied du sapin ^^
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