Publié en ce mois d'octobre, " Ce qui nous lie..." est un recueil de nouvelles signé par l'écrivaine française Gaëlle Pingault.
Dominique est sur le point de revoir la femme qu'il aime toujours après 10 ans d'absence. Raynald appréhende son voyage scolaire à Berlin. Une jeune veuve subit les avances de son collègue de bureau. Une femme part à Venise, la ville qui hante ses rêves.
Une prof de maths accro aux chiffres ronds attend une demande en mariage, mais surtout la parfaite bague de fiançailles. Une jeune femme évoque la carte marine de sa grand-mère.
Une femme repense à sa vie conjugale en écoutant du blues. Lucas entame une partie de Scrabble avec une vieille dame le soir du réveillon.
Un homme aperçoit un couple mangeant du choco à tartiner et repense au tournant tragique qu'a pris sa vie. Un écrivain examine la somme des clichés présents dans sa vie pour retravailler son manuscrit.
Une femme évoque l'amitié indéfectible qui unit son mari à ses deux amis d'enfance.
Un homme décide de venger la mort de son père de substitution tandis qu'un autre impute à la science la responsabilité de son entrée à l'orphelinat. Une femme évoque sa grossesse et les responsabilités qui lui sont tombées dessus.
Un homme se rend au musée d'Orsay avec sa soeur, pour y contempler des oeuvres à sa manière.
" Elle suppose qu'il faut adhérer à ce précepte. Qu'il faut, la main sur le coeur et l'oeil humide, répéter qu'effectivement, c'est merveilleux, incomparable, unique.
Elle suppose que si l'on se risque à émettre un simple doute, à formuler une quelconque réticence, on passe instantanément pour un genre de psychopathe sans coeur. Surtout si on est une femme. Eh bien elle s'en fout.
Elle n'a pas ouvert le magazine. Elle ne s'est pas abîmée dans les gazou areuh et les émerveillements dus à ces chers bambins. Elle est restée scotchée à la couverture, refusant d'un bloc, de tout son corps et de tout son esprit, d'intégrer la formule. Elle a senti ses muscles se tendre, ses pensées s'arc-bouter sans complaisance. Non, elle n'adhèrera pas.
Elle est elle-même maman, et pas qu'en surface. C'est inscrit profondément en elle. Elle adore sa fille, et vibre à l'unisson de ce qui lui arrive.
Diapason émotionnel parfait. Elle a aménagé son boulot pour profiter de Léa. Elle n'a pas cherché à racheter une étude, elle est restée clerc.
Elle gagne moins, mais elle est plus libre. C'est juste que tout ça ne regarde qu'elles. Pas les magazines. Enfin, peut-on imaginer formule plus stupide que "donner la vie" ?
Pour donner quelque chose, il faut soi-même le posséder, non ? Qui peut brandir un acte notarié, une facture, quelque chose de juridiquement recevable, prouvant qu'il est propriétaire de cette chose étrange et merveilleuse qu'est la vie ? Personne, bien sûr.
C'est la plus grande indivision de l'univers, où l'ensemble de l'humanité a sa part.
Alors non, non, et cent fois non, elle n'a pas "donné la vie" à sa fille." p.101
La plupart de ces 15 textes sont des nouvelles aux chutes surprenantes, dévoilées dans les toutes dernières lignes. J'ai particulièrement aimé "Muy guapa", "Carte marine", "Sur la peau, le blues" et "Pleure pas".
Gaëlle Pingault évoque les liens qui peuvent unir deux êtres ou encore un individu face à un objet ou un événement qui a joué un rôle de déclencheur dans sa vie.
Ces liens sont alimentés par le souvenir et renvoient à une certaine amertume teintée d'un désir de vengeance, de dépassement de soi ou au contraire, de renoncement.
Chaque personnage en a gros sur le coeur, se confesse, revit et partage avec le lecteur un fragment de passé vécu avec un être aimé et relié à un objet ou un événement marquant qui continue de le suivre au quotidien.
Il est ici question d'amour déçu, d'amitié, de sentiments qui unissent à une ville, d'addiction, de deuil, de cet "avant" qui ne cesse de nous rappeler à lui et nous abandonne à notre solitude.
Il est rare qu'un recueil entier emporte mon adhésion. Aussi n'en ferais-je pas un coup de coeur car certaines nouvelles, bien qu'écrites avec justesse, n'ont pas réussi à m'accrocher outre mesure.
Avis mitigé donc...
MERCI aux éditions de m'avoir offert ce livre !
Si les chutes sont bonnes et surprennent, tant mieux! J'aime bien l'extrait que tu as choisi. Je retiens donc le nom de l'auteur en espérant qu'elle écrira un jour un roman.
RépondreSupprimerProbablement que ce livre recèle des moments intéressants mais quand même l'écriture ce n'est pas ça à en juger par l'extrait que tu présentes..
RépondreSupprimer@Mango : oui, je sais que tu n'es pas friande de nouvelles ;)
RépondreSupprimer@Sybilline : cet extrait m'a plu justement ^^ Mais il faut le replacer dans son contexte : le personnage est une femme en colère, qui ne prend pas de gants.
J'avais beaucoup aimé le premier recueil de l'auteur (http://brize.vefblog.net/8.html#On_nest_jamais_prepare_a_ca_Galle_PINGAULT), donc je pense lire celui-ci aussi.
RépondreSupprimerJe ne connais pas du tout cette auteure, pourquoi pas, ce que tu en dis a l'air pas mal :)
RépondreSupprimerIntéressée par ce recueil malgré ton avis mitigé. Je vais noter le titre de suite.
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