23 octobre 2011

Nagasaki - Eric Faye


Publié en 2010, "Nagasaki" est un roman de l'écrivain français Eric Faye, également auteur de "Le syndicat des pauvres types" ou encore de "L'homme sans empreintes".

Court roman inspiré d'un fait divers, "Nagasaki" brosse le portrait de Shimura-san, métérologue quinquagénaire qui mène une vie bien rangée dans un pavillon situé aux abords de Nagasaki.
Ce célibataire casanier et hanté par l'idée de vieillir voit son quotidien perturbé par l'intrusion d'une femme dans sa maison.
Des objets se déplacent, des vivres disparaissent dans le frigo et Shimura-san mène l'enquête, installant une webcam dans sa cuisine pour y surprendre la mystérieuse femme...

" Mais aujourd'hui, ceinture de chasteté ou autre lien du mariage, la caméra n'est rien de tout cela. De l'intérieur du buffet vitré auquel je l'ai greffée, elle dévoile un panorama glaçant sur ma solitude et me donne des frissons si je m'y attarde.
Heureusement, le téléphone sonne et un collègue me consulte, j'affine des cartes de météo marine : mon métier consiste à sauver des pêcheurs par anticipation, de Tsushima-to à Tanega-shima et plsu loin encore.
A mesure que la matinée avance, les cigales persévèrent. Je suis une pelote de nerfs ensorcelés par les cigales. Elles feraient avouer n'importe quel suspect.
L'appartement n'avoue toujours rien." p.22

Présenté sous forme de témoignage, l'histoire de "Nagasaki" nous est narrée par
Shimura-san lui-même.
Elle nous dévoile le bouleversement qu'exerce un changement sur le quotidien sans histoires d'un célibataire psychorigide accroché à ses habitudes et toujours seul avec lui-même.
L'arrivée inopinée d'une femme chez lui lui fait l'effet d'un viol, au point que même après l'arrestation de celle-ci, il n'arrive plus à se sentir chez lui.
Elle le renvoie également au vide de sa vie, à sa solitude qui lui saute d'autant plus aux yeux à mesure qu'il examine les pièces de sa maison par le biais de sa webcam.
Aux multiples questionnements sur l'identité de cette femme et les raisons qui pourraient justifier son geste succèdent donc des interrogations plus profondes, alimentées par des angoisses intérieures ravivées par l'intrusion de cette femme.
Pendant longtemps, le lecteur ne saura rien d'elle. Mais au bout d'un moment, celle-ci prend la parole, rédigeant une lettre à Shimura-san pour tenter de lui expliquer son geste.
Et là patatras, le récit se termine, malheureusement trop tôt et maladroitement.
Ce sera là mon seul bémol, une fin trop précipitée à mon goût, mais pour le reste j'avoue avoir passé un bon moment de lecture, touchée par le récit de cet homme désespérément seul.

" Bien sûr, cela soulage de vomir. Dans ce qu'on expulse, il y a des mots qui tournent dans la tête et ne passent pas.
A la surface d'une bière lourde voguaient des rogatons. J'ai cru que la douche m'apaiserait, ensuite, et que la fatigue me tomberait dessus. Erreur. Allongé, j'ai attendu, mais ça ne venait pas. Le sommeil ? Non, l'oubli.
Non pas l'oubli de cette pauvre femme qui ne m'était rien, mais celui de mon existence entière dont se dévoilaient tout d'un coup le dénuement et l'aridité.
Aucune ambition n'y poussait plus depuis longtemps, aucune espérance non plus.
Cette femme était à maudire. A cause d'elle, le brouillard s'était levé." p.62


D'autres avis : Canel - Zarline - Mango - Choco

9 commentaires:

  1. Toujours un peu courtes les histoires japonaises mais que j'ai aimé ce livre cependant! Un Bernard l'Hermite à demeure: quelle horreur!

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  2. Il est noté. Je devrais bien passer par la case achat ;-)

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  3. @Mango : Oui sauf qu'ici elle vient quand il n'est pas là, à l'inverse de L'emmerdeur ;))

    @Manu : la case achat n'est certainement pas l'étape la plus difficile, n'est-ce pas ? ^^

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  4. Ce livre est un de mes grands coups de coeur de 2011 ! Et j'ai adoré cette fin abrupte car pour moi, elle ne pouvait être autrement !

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  5. @Clara et Alex : si c'est en poche, pas de raison d'hésiter ;)

    @Géraldine : question d'appréciation je suppose ;)

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  6. On vient de me l'offrir... Je lirai ton billet plus tard !

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  7. je l'ai lu l'année dernière quand il est sorti, j'en garde un très bon souvenir mais tout comme toi j'ai trouvé la fin trop rapide.

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