4 septembre 2010

La vie adulte - Virginie Mouzat


Sorti en librairie depuis le 19 août, "La vie adulte" est le second roman de l'écrivaine française Virginie Mouzat dont le précédent opus "Une femme sans qualités" était paru l'an dernier.
1973. Dominique a 15 ans. Dans un quartier résidentiel à l'ouest de Paris, elle partage son quotidien avec un frère aîné, un père radiologue et une mère imprévisible, oisive et qui se soustrait volontiers à ce double rôle de mère et de femme au foyer que sa position de femme et les normes de la société tendent naturellement à lui faire endosser.
Sans laisser de mot, la mère quitte le domicile familial du jour au lendemain, un geste qui fera l'effet d'un ultime coup de grâce porté à un portrait de famille déjà bancal.
Dominique s'interroge. Pour quelle raison sa mère est-elle partie?

Narratrice de ce court roman, Dominique est une jeune femme en devenir dont le récit se partage entre les anecdotes vécues durant l'enfance et les épisodes marquant son accès au statut de femme.
Elle brosse le portrait d'une mère en retrait du cocon familial, lunatique, fantasque, constamment affublée d'un manteau en vison imbibé d'un même parfum, un fantôme dont l'esprit vogue vers une identité de femme, cet ailleurs que sa fille tente de se représenter.
Entre son frère de plus en plus absent et un père qui tente de compenser à sa manière, Dominique garde ses questions en suspens, guettant le retour de cette mère dont elle sent pourtant qu'elle ne reviendra pas.

" Partout il me semblait que j'étais seule, sans mon père. Mais avec elle, ma mère. Prégnance de son image, de son fantôme en fourrure, jambes nues, à l'angle des allées, dans les galeries, sur une marche d'escalator. Trace de Chamade. Pouvoir des absents.
Partout, je surprenais une femme qui ne m'aurait pas vue mais que j'aurais suivie, jusqu'à sa voiture puis jusque chez elle. J'aurais découvert par surprise le cadre de sa nouvelle vie.
Mon père était là, à mes côtés, je le sentais qui voulait prendre ma main mais je n'étais plus une petite fille, sa petite Dominique, sa petite Dom." p.44

A mesure que la jeune fille entre dans la vie adulte, ses interrogations se déplacent de la mère à la femme pressentie comme étrangère à sa propre vie.

" Mais ce qui comptait c'était de savoir. Savoir ce que savaient les autres femmes, pas celles de ma banlieue, pas celles de mon père fétichiste, pas les geishas-vendeuses du centre commercial, poupées de cabines d'essayage, mais celles des livres de ma mère, celles qui lui avaient donné envie de partir, de donner sa robe de velours. Ne plus être la même lorsque je regarderais l'aurore depuis la fenêtre de ma chambre. Ne plus être celle qu'avait laissée ma mère.
Me défaire de tout, et enfin, enfin, inverser la dynamique de sa fuite, me mettre en mouvement, cesser de l'attendre." p.117

Roman intimiste, "La vie adulte" apparaît tel une double quête où les interrogations de la narratrice autour des motifs entourant le départ de sa mère se confondent avec le questionnement que suscite en elle le passage à la vie adulte.
Phrases courtes, tout en retenue. Ambiance lourde, chargée de symboles et d'effluves rappelant sans cesse la figure de cette femme absente à qui l'instinct maternel fait défaut.
Si "La vie adulte" s'inscrit dans une époque soucieuse de faire reconnaître le droit aux femmes à pouvoir disposer librement de leur corps, Virginie Mouzat nous donne à penser que la question de la multiplicité des rôles assignés à la femme dans la société reste toujours d'actualité.

D'autres avis : Stephie - Stef

Un grand MERCI à et aux éditions de m'avoir offert ce livre !

12 commentaires:

  1. Le sujet ne me tente pas vraiment mais tres joli billet (on sent bien que tu as apprecie ce livre).

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  2. J'entends bien la réflexion de l'auteur sur le rôle de la femme contemporaine et qui aurait pu m'interesser... mais le sujet est trop intime pour me tenter en ce moment... à moins qu'il ne prenne une dimension universelle (ce qui est plutôt rare chez les auteurs français contemporain il me semble...) ?

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  3. Je l'avais noté chez Stephie. Le sujet m'emballe déjà pas mal + les extraits que j'ai pu lire + les avis positifs : je pense vraiment que c'est un des livres de la rentrée qui me plaira!

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  4. Je compte le lire dans la semaine! Je note ton intérêt!

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  5. Je n'en avais pas entendu parler mais tu éveilles mon intérêt !

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  6. Moi, je me rapproche plus de l'avis de Pickwick, les romans français sont trop intimistes, malgré un sujet pourtant intéressant.

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  7. Je dirai : oui, mais il est si bon, parfois, de savoir rester un enfant....

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  8. Le sujet m'intrigue car c'est une réflexion à laquelle on ne peut échapper à l'heure actuelle, mais je ne sais pas si lire un roman dessus me plairait... A voir donc.

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  9. Ce livre est déjà noté ! Ton billet confirme ma première impression !

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  10. Tentant par le sujet mais en même temps, tu m'inquiètes en disant "ambiance lourde". je sors de "l'amour est une île" et j'ai l'impression que j'ai donné pour un bon moment dans les ambiances lourdes...

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