" Court, noir, sans sucre" est un recueil de nouvelles de la française Emmanuelle Urien, publié en 2005 et réédité en 2010.
" Le bon âge pour mourir, c'est quand le vide s'installe à la place du coeur et qu'il creuse tout autour à chaque instant qui passe." p.13
15 nouvelles choc, courtes, noires et garanties sans sucre ni édulcorant pour aborder la mort, volontaire ou non, et le renoncement.
Au détour des pages se glissent des parents inconsolables depuis la perte de leur enfant, des épouses qui se gâchent en attendant leur mari, des femmes qui luttent pour faire entendre leur voix et des enfants effrayés.
Bien que j'ai aimé chacune de ces nouvelles, j'ai été particulièrement conquise par "Assistance technique", "Les mouches", "La place du mort" et bouleversée par " Le chemin à l'envers" et "La vie au gramme près", portrait d'une femme anorexique qui expérimente l'art de souffrir...
" Amélie a renforcé les bras et les jambes de ses sculptures avec du fil de fer, et pendant quelques jours, les silhouettes ont tenu bon. Amélie résistait elle aussi. A la fatigue, car elle ne dormait plus, elle n'avait plus le temps, elle sentait approcher la fin.
A la faiblesse qui lestait son corps pourtant si léger à présent, et l'entraînait vers le sol où elle se réveillait parfois après un malaise, secouée de nausées.
Tout cela, cependant, concourait à la naissance d'une nouvelle oeuvre, dans les cris étouffés, les larmes, la souffrance et leur probable corollaire, l'accomplissement de soi.
Elle y était presque, à quelques grammes près." p.85
Emmanuelle Urien nous dépeint un monde sans pitié dans lequel gravitent des personnages impuissants et livrés à eux-mêmes, submergés par une tristesse qu'ils peinent à faire entendre et qui se heurte bien souvent à l'indifférence générale.
En chacun d'eux réside une part d'ombre habilement saisie par l'auteur au détour de phrases courtes qui tranchent dans le vif et de chutes implacables, sans appel.
J'en reste sans voix...
" Parce que c'est bien gentil, le bonheur : ça s'installe un temps, ça prend ses aises, et puis un jour ça vous plante là, et vous n'êtes pas plus avancée.
Voilà comment Jeanne voit les choses, elle n'en démordra pas. Alors non, vraiment, elle ne veut rien fréquenter d'approchant? Mieux vaut s'aguerrir. Se frotter aux peines du quotidien, petites et grandes, pour endurcir la peau et épaissir la corne.
Après, plus rien ne vous touche, c'est comme ça que l'on fait de vieux os." p.108
Un grand MERCI aux éditions de m'avoir offert ce livre !
D'autres avis chez BOB !
Tu es une participante modèle, 3 recueils (dont un Quadrature en plus!) en moins d'une semaine, je suis gâtée! :D
RépondreSupprimerCelui-ci je ne le lirai car bien trop sombre et éprouvant pour moi je pense mais ton avis est très intéressant!
Ah et c'est bon, j'ai ajouté le lien de ce billet à la page du challenge ;)
RépondreSupprimerJe suis toujours aussi psychorigide en matière de nouvelles, surtout sur un tel sujet, mais je pense avoir un recueil à la maison, une histoire de monstres. Si l'écriture est forte, pourquoi pas...
RépondreSupprimerIl est dans ma PAL depuis la foire du livre ... 2010 !
RépondreSupprimerIl me fait un peu peur ce recueil ! Y parle-t-on de maladies ? (ben oui, tu sais que c'est un peu mon tabou !)
Je viens de finir "Une heure au supermarché" de ces éditions et je n'en suis pas complètement emballée ! Je ne crois pas que je vais en faire un billet d'ailleurs.
Ça, pour être sans sucre, c'est sûr! ^_^ On a le souffle coupé
RépondreSupprimerJ'ai ADORE!! Emmanuelle Urien est une de de mes nouvellistes préférées !
RépondreSupprimerJe n'ai pas encore osé lire cet auteur, dont les sujet sont très noirs.
RépondreSupprimerj'avais beaucoup aimé ce recueil, d'un très grande force.
RépondreSupprimerDans le titre, E. Urien aurait pu ajouter "serré" car ses nouvelles le sont. Un très bon recueil qui ravit tous les amateurs du genre...
RépondreSupprimer@Sabbio : disons que mon emploi du temps de la semaine se prêtait bien à la lecture de nouvelles ;)
RépondreSupprimerCe recueil est un bijou mais il faut choisir son moment pour le lire.
@Ys : je ne sais pas si "La collecte des monstres" est du même acabit pour ce qui est du fond mais je pense que ce genre d"écriture pourrait te plaire !
@Manu : oui l'auteur y aborde la maladie dans "Le chemin à l'envers" (tu ferais mieux d'éviter celle-là, elle est très prenante...). Il est surtout question de mort et de laisser-aller...
@Keisha : la dernière fois que j'ai eu cette impression, c'était avec un recueil de Despentes (avec le dégoût en plus...).
@Clara : elle maîtrise le genre à la perfection c'est clair !
@Leiloona : sujets très sombres et une façon de les traiter qui vous coupe la chique ! A lire quand le moral est bon...
@Choupynette : il me marquera c'est certain !
@Gwenaëlle : tout est dit dans chacune de ces nouvelles, je n'ai pas eu l'impression de rester sur ma faim (ce que les lecteurs reprochent assez souvent aux nouvelles).
Elle est sinistre cette dernière citation mais bon, si c'est une pro du genre, pourquoi pas!
RépondreSupprimerC'est un recueil qui est sur ma LAL depuis longtemps, il va bien falloir que j'arrive à jour à le lire.
RépondreSupprimerJ'avais aimé sa plume lors de la lecture d'un de ses romans (le titre m'échappe, là...c'est la faute du décalage). J'avais noté ce titre mais pas réussi à me le procurer à l'époque.
RépondreSupprimer@Mango : cette citation annonce le ton du recueil, mieux vaut prévenir les lecteurs ;)
RépondreSupprimer@Aifelle : je m'attendais à ce qu'il se lise vite et finalement pas tant que ça. J'avais besoin de reprendre mon souffle après chaque chute...
Il vaut la peine de s'y plonger !
@Stephie : Tu parles sans doute de "Tu devrais voir quelqu'un", ce roman me tente énormément !
Plus de souci pour trouver ce recueil maintenant qu'il a été réédité chez Quadrature ;)
Dans ma LAL depuis une eternite, toujours tres tres envie de le lire !
RépondreSupprimerJe note. Entre le titre, ton enthousiasme et des extraits très parlant, je suis sûre que ce livre me parlera !
RépondreSupprimerMoi aussi, je suis psychorigide, comme Ys ^^ (exception faite pour les textes japonais lol) mais je reconnais que les extraits sont très beaux.
RépondreSupprimerCe livre me semble une belle gifle!
RépondreSupprimerEst-ce donc toujours ainsi chez cette auteur que je n'ose pas lire? Des femmes écorchées vives qui érigent leurs souffrances au statut de Sens de leurs vies?
J'ai gagné deux recueils de nouvelles des éditions Quadrature grâce à Sabbio. Pas encore lus mais bien intention de le faire pour son challenge "La nouvelle".
RépondreSupprimer@L'Ogresse : allez zou, direction la PAL ;)
RépondreSupprimer@Géraldine : je crois qu'on peut même parler d'une valeur sûre, tous les avis sont enthousiastes !
@Choco : qui ne tente rien...^^
@Sybilinne : apparemment c'est un peu la marque de fabrique de l'auteur
@Anne : je n'ai pas encore été déçue par les titres de cette maison d'édition, ce sont toujours des récits très humains !
j'en avais entendu parler chez Keisha Il parait qu'il est très bien
RépondreSupprimerC'est un recueil de nouvelles qui m'a profondément marqué par la force des personnages présentés. Chacune des histoires est une tranche de vie presque morbide ! Un recueil très fort, puissant et qui ne laisse pas indifférent.
RépondreSupprimer