"Bons baisers de Cora Sledge" est le second roman, publié cette année, de l'américaine Leslie Larson.
Parce que sa famille s'inquiète de sa santé physique et mentale, Cora Sledge, 82 ans, se voit contrainte de quitter sa maison pour rejoindre une résidence médicalisée.
Il faut dire qu'il était temps que Cora cesse de brûler la chandelle par les deux bouts : entre ses 136 kg et son addiction aux médicaments et aux cigarettes, elle n'aspirait plus qu'à une chose : finir ses vieux jours dans sa maison en compagnie de sa chienne.
Alors qu'elle peine à accepter cette nouvelle vie en communauté, elle fait la rencontre de Marcos et de Vitus, deux hommes qui, chacun à leur façon, l'aideront à remonter la pente pour lui offrir une seconde jeunesse et, qui sait, un plan ...
" Beaucoup de gens pensent que les vieux sont une bande de zombis desséchés qui n'éprouvent plus aucun sentiment.
Bon, eh ben, moi, je peux vous dire que la soif d'amour ne disparaît jamais. Et même qu'elle devient encore plus forte. Nous avons vu beaucoup de choses, traversé des épreuves, et nous nous raccrochons à l'essentiel. Manger, dormir, aimer.
Nous n'avons plus de temps à perdre. Nous avons besoin de plus d'amour, d'amour véritable, parce que nous avons moins de distractions qui nous empêchent de réfléchir à ce qui nous manque. Pas de gosse, pas de boulot, pas de vaines occupations. Nous voulons juste que quelqu'un nous regarde et sache qui nous sommes." p.126
"Bons baisers de Cora Sledge" ou le portrait d'une octogénaire hors du commun et c'est peu de le dire...
Surnommée "Crapaud" dès son plus jeune âge en raison d'un physique peu avantageux, Cora n'a pas connu le luxe de pouvoir faire ses propres choix dans la vie. Mais elle s'est pourtant toujours montrée capable de rebondir à sa manière, se contentant des décisions que ses proches prenaient pour elle.
Au bout du rouleau et trahie par les siens, elle se met en tête de rédiger un journal pour y raconter sa solitude passée et présente, confesser de douloureuses blessures coupables comme pour décrire un quotidien loin d'être rose et qui comporte son lot d'intrigues et de chamailleries.
La vie de Cora va prendre un nouveau tournant lorsqu'elle tombe amoureuse de Vitus, un homme qu'elle choisit pour la première fois de sa vie et au contact duquel elle ressent l'envie de se reprendre en mains.
" J'en ai plus que marre des couleurs pastel, des élastiques à la taille et des trucs lâches en tricot.
Pourquoi, passé la soixantaine, devrait-t-on revenir aux couleurs de bébé? Rose et bleu layette, jaune pâlichon et mauve à dégueuler. Ici, on ne voit que ça : des vieilles dames qui ont l'air de pastilles de menthe ou de dragées. Ces pauvres teintes affadies sont d'un déprimant achevé.
Moi, je veux des motifs. Des fleurs. Des rayures, des triangles, des pois. Des imprimés audacieux. Et des couleurs vives. De l'écarlate, du bleu-vert, du pourpre. Du fuchsia, du rouge coquelicot, du rose pastèque, du vert chartreuse ! Mais, bien sûr, une grosse dondon est censée porter des couleurs sombres. Du noir, du bleu marine, du marron caca. Et basta. Sinon, on risquerait de la remarquer." p.147
Je me suis plongée avec délice dans le journal de cette dame âgée qui se révèle une fine observatrice dotée d'une vivacité d'esprit et d'un humour mordant.
L'auteure nous offre un personnage rayonnant aux antipodes du cliché de la vieille femme sénile, une femme combattive et pleine de ressources, bornée quand il s'agit d'obtenir ce qu'elle veut et qui ne mâche pas ses mots.
Malheureusement, à force de vouloir la rendre attachante et proche de nous, l'auteure s'est selon moi quelque peu égarée sur le chemin de la crédibilité.
Si je crois qu'on peut tomber amoureux et avoir des envies à tous les âges, j'ai toutefois eu toutes les peines du monde à me représenter cette femme s'exprimant avec une telle modernité et agir avec une pareille fougue en regard de son âge et de sa faible condition physique.
Je manque peut-être d'imagination ou d'informations sur le sujet mais j'ai vraiment tiqué sur l'usage de certains mots comme sur une scène hautement érotique durant laquelle Cora enjambe fougueusement un homme 20 ans plus jeune tout en lui susurrant ses envies à l'oreille.
L'idée ne me choque pas en soi mais il ne faut quand même pas oublier que Cora est censée avoir 82 ans, peser plus de 100 kg, qu'elle peut à peine se déplacer et souffre d'une insuffisance respiratoire. Alors je ne sais pas pour vous mais pour moi, la pilule n'est pas passée. Certes le coeur n'a pas de limites mais s'agissant du corps, c'est une autre histoire.
Durant ma lecture, j'ai repensé au film "Cocoon" et à ses petits vieux rajeunissant au contact d'oeufs extraterrestres. Or j'avais pris ce film pour ce qu'il était - un film de science-fiction - ce qui n'est pas le cas ici.
Certes "Bons baisers de Cora Sledge" m'a fait passer un bon moment de lecture. J'ai souri plus d'une fois à cette idée séduisante du pouvoir de l'amour au delà des âges et de cette vieillesse qui a encore de beaux jours devant elle mais avec toutefois un sentiment surnaturel de "trop beau que pour être vrai" qui ne m'a pas quittée...
D'autres avis : Jules - Antigone - Clarabel - Aifelle
Un grand MERCI à et aux éditions de m'avoir offert ce livre !
J'avais lu un autre avis bien plus positif mais tes critiques sur la vraisemblance du fond semblent plus que fondées... il est sur ma LAL mais du coup je suis un peu moins enthousiaste. À voir.
RépondreSupprimerCertes le récit n'est pas forcément crédible, mais est-ce que le livre n'aurait pas été trop misérabiliste sans ce parti-pris ? Je me le suis demandée en cours de lecture. Personnellement, çà ne m'a pas gênée.
RépondreSupprimer@Sabbio : hormis cette scène un peu trop olé-olé à mon goût et quelques expressions, le reste tient la route selon moi et le roman vaut vraiment le coup de s'y plonger ;)
RépondreSupprimer@Aifelle : je n'ai rien à redire sur l'humour de Cora (on peut être vieux et drôle) mais plutôt sur son langage qui parfois trahit la plume de l'auteure.
Comme il s'agit de ses propos retranscrits dans un journal, je trouve que l'auteure aurait du faire un peu plus attention à l'âge de son personnage.
Mais peut-être y a-t-il une réserve à émettre vis-à-vis de la traduction?
voilà une "cora" que j'aurais aimé rencontré
RépondreSupprimerNoté et surligné!
RépondreSupprimerHum hum...
RépondreSupprimerUn roman qu'on va voir sur les blogs, je le sens... ^_^
J'étais bien tentée par l'histoire mais là, ça devient moins prioritaire. Ce n'est peut-être pas plus mal vu mes difficultés à résister à un achat :-D
RépondreSupprimerJe réponds à ton mail ce week-end car là c'est dur dur !
Même si certains bouts de l'histoire étaient prévisiblent, j'ai aimé ce roman et j'espère ne pas me retrouver dans ce genre de résidence à mon vieil âge!!!
RépondreSupprimerUn site où il fait bon se promener !
RépondreSupprimercette amie fougueuse me plait bien à moi ! Et tant pis pour la crédibilité ! Je note hein :)
RépondreSupprimerah tiens je l'avais vu dans un magazine mais je ne savais quoi en penser. ça à l'air sympathique.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé et je fais partie des partenaires de BOB sur cette lecture.
RépondreSupprimerSouviens toi que pour cette scène Cora c'est débarrassée de plus de 30 kgs...
Si le livre décrivait de façon documentaire une vie en maison de retraite on se serait ennuyée à mourir.
Bises bon WE et bons baisers de Cora Sledge !
@Niki : moi aussi, quel phénomène !
RépondreSupprimer@Clara : dans ce cas, te connaissant il sera vite sur tes étagères ^^
@Keisha : oui peut-être et je serais curieuse de connaître d'autres avis !
@Manu : il est chouette ce roman, à condition de ne pas trop se poser de questions ;)
J'attends ton mail alors ;)
@Jules : la maison de retraite ne m'effraie pas plus que ça, du moment que je suis encore en état de marche, physiquement et mentalement...(mais bon dans ce cas, je n'aurais pas besoin d'y aller...)
@Danièle : merci, bonne visite !
@Choco : tu passeras un bon moment avec ce roman. On dirait que j'ai été trop pointilleuse sur ce coup-là ^^
@Lilibook : malgré mes bémols, je maintiens que c'est effectivement un livre bien sympathique.
@Didi : oui d'accord mais bon 135kg moins 30 kg, ça fait quand même encore 105 kg...Et puis comme je le disais, elle a quand même 82 ans et se traîne pour marcher, alors bon il faut croire au miracle dans ce cas...
L'ensemble est drôle et pas ennuyeux je te l'accorde, en fait je n'ai même jamais dit le contraire ^^ Juste que certaines expressions et attitudes n'étaient selon moi pas adaptées à l'âge et à la condition physique d'une octogénaire.
Bon week-end à toi aussi !
Très, très envie de le lire! Ton billet est encourageant.
RépondreSupprimerah oui je me souvenais plus de son poids de départ je comprend mieux que Vitus est refusé de poursuivre :-)
RépondreSupprimerDans les romans il est aussi plaisant de n'avoir pas que du crédible !
Oui j'ai lu que tu avais apprécié cette lecture malgré ça.
Bonne soirée !
Il me semblait bien avoir laissé un com' ici, un genre de com' édifiant qui disait que je n'avais pas envie d'érotisme du troisième type, euh, du troisième âge... bon, il a bien fait de disparaître, finalement...
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