Publié en 1986 et traduit en français deux ans plus tard, "L'homme est un grand faisan sur terre" est le troisième roman de l'écrivaine roumaine Herta Müller.
Dans un petit village de Roumanie, sous la férule de Ceausescu, vivent le meunier Windisch, sa femme et sa fille Amélie.
Tous les trois aspirent à des jours meilleurs et comptent sur les livraisons de Windisch au maire pour obtenir un passeport qui leur permettrait d'émigrer. Mais les jours passent et le meunier finit par constater que son voisin le mégissier a plus de chance que lui...
Il y a deux ans, j'aurais été bien en peine de vous renseigner sur l'identité d'Herta Müller.
J'aurais sans doute évoqué une célèbre marque de charcuterie pour faire diversion...Bref.
Si le nom d'Herta Müller nous est aujourd'hui connu, c'est parce que cette écrivaine roumaine s'est vue décerner le Prix Nobel de Littérature en 2009.
Je n'ai pas pour habitude de laisser les mentions de prix littéraires guider mes choix de lecture mais lorsque je suis tombée par hasard sur ce titre chez mon bouquiniste, je me suis dit pourquoi pas ?
En vérité, j'aurais mieux fait ce jour-là de me commander un sandwich dinde-mayo plutôt que de flâner au milieu des livres...
J'ai rapidement été déconcertée par ce roman, aussi bien par le fond que par le style.
Le roman se compose de chapitres courts qui présentent de brèves scènes du quotidien de Windisch et de son entourage. Je n'ai pas vraiment ressenti de fil conducteur entre ces différentes scènes et les échanges entre les différents protagonistes m'ont fait l'effet de dialogues de sourds.
Cela dit, je reconnais que cette constatation est à prendre avec des pincettes étant donné que je n'ai pas réussi à venir à bout de ce roman.
Je n'ai ressenti aucune émotion durant ma lecture. Le style sec, saccadé, froid et les descriptions factuelles de l'auteur ont fini par mettre à mal ma curiosité au bout de la page 39 (oui seulement, je sais que je manque sans doute d'indulgence mais que voulez-vous, ça ne passait pas...) :
" La nuit était à son apogée. Elle poussait le ciel hors du village. Il était minuit. La Commission d'une nuit d'été fixait le ciel qui était déjà à demi vide. Sous le sac l'instituteur regarda l'heure. Il était minuit passé. L'horloge du clocher n'avait pas sonné.
Le curé avait arrêté l'horloge. Ses roues édentées ne devaient pas mesurer le temps du péché.
Le silence devait accuser le village.
Au bourg personne ne dormait. Les chiens étaient dans la rue. Ils n'aboyaient pas. Les chats étaient dans les arbres. Ils regardaient, eux aussi, avec leurs yeux de vers luisants.
Les gens étaient restés chez eux. Les mères faisaient les cent pas, leurs enfants dans les bras.
Elles avaient allumé des chandelles, les enfants ne pleuraient pas." p.39
Un abandon et un rendez-vous manqué avec cette auteure...
Pense quand même qu'avec le dinde mayo, tu te serais dessiné un profil comme celui de la dame sur la couverture... c'est important à prendre en considération...
RépondreSupprimerAh mince ! J'ai bien envie de lire le dernier paru "la bascule du souffle", mais je me doute que ce n'est pas évident, comme il est à la bibliothèque, je ne prendrai pas trop de risques.
RépondreSupprimerJe ne sais pas, ça ne me fait pas envie. Et je trouve cette couverture abominable en plus. Ca va sinon ? Rires
RépondreSupprimerC'est un genre. Mais je suis comme toi, je ne raffole pas des dialogues de sourds...
RépondreSupprimerCeci dit, ton billet me fait me souvenir que je n'ai toujours pas lu cette auteure.
Moi aussi j'avais eu un mal fou avec ce livre, par contre j'ai ADORÉ son dernier titre La bascule du souffle, un vrai coup de cœur. Je te le conseille c'est vraiment différent, c'est très beau et plein de poésie.
RépondreSupprimerL'auteur ne me tentait déjà pas beaucoup, mais alors après un article comme celui-là, elle est blacklistée ! Merci :)
RépondreSupprimerJe n'était déjà pas tentée, donc ça ne change pas. Cela dit, le sandwich ne me tente pas non plus :-p
RépondreSupprimermouais, ça vaut pas un bon vieux pervers japonais ^^
RépondreSupprimerLes abandons, les ratages il n'y a rien de plus énervant... On se demande si a un autre moment ça n'aurait pas mieux passé... A part ça je suis ravie de notre première lecture commune Cynthia !
RépondreSupprimerBon week end, bises
@Ys : ça va, j'ai encore un peu de marge ^^
RépondreSupprimer@Aifelle : pour ma part,je ne sais pas si je récidiverai...
@Stephie : la couverture est dans le ton du récit :P
@Alex : l'aspect décousu de ce roman m'a vraiment gênée, pas envie de poursuivre :/
@Lacazavent : à voir mais si le style reste le même, je crois que ce sera quand même sans moi...
@Marion : certains y ont vu beaucoup de poésie, à toi de voir ^^
@Manu : je me doutais bien que ce n'était pas avec ce billet que j'allais te mettre en appétit ^^
@Choco : tu as toujours les mots qu'il faut :D
@L'or : ah je ne pense pas que ce soit une affaire de moment dans ce cas-ci...Vivement notre lecture commune, j'ai hâte de découvrir ce livre !
Bon weekend à toi aussi ;)
Comme toi, j'ai été déconcertée par ce roman mais en fin de compte, je l'ai bien aimé. Je pense qu'il faut s'habituer à l'écriture de cette écrivain. J'ai d'ailleurs bien envie de lire "La convocation" et/ou "Le renard était déjà le chasseur" et éventuellement "La bascule du souffle" lorsqu'il sortira en poche.
RépondreSupprimer@Anne : je le reprendrai peut-être un jour, dans très très très longtemps ^^
RépondreSupprimerMince ! Je déteste les rendez-vous manqué comme celui-ci...
RépondreSupprimerJ'ai fait comme toi, mon curieux suite au Prix Nobel, et puis, je n'ai pas compris grand chose non plus. Mais comme je ne suis pas forcément fan du sandwich dinde mayo, j'ai quand même fini le livre. Sans vouloir être désagréable, comme tu le dis si bien, avec Herta Müller, j'aurais pris un jambon-beurre.
RépondreSupprimerJ'ai "La convocation" de Herta Müller dans ma PAL, parce que je veux commencer avec cette romancière, prix Nobel de littérature. J'espère que je n'aurais pas le même désappointement que toi lors de ma lecture ! Et puis, la couverture de ce livre est plus engageante que celle de l'ouvrage que tu présentes ;-D
RépondreSupprimerAh, je m'inquiete, je voulais justement lire 'La convocation'...
RépondreSupprimerTU PEUX Y ALLER SANS SOUCI CE LIVRE EST VRAIMENT CHOUETTE MEME SI CE N EST PAS TRES GAI...
SupprimerLe rendez-vous a été un peu manqué pour moi aussi, même si je l'ai terminé. En fait, je n'ai pas vraiment tout compris. Loin d'avoir tout compris, en fait. Je n'aime pas me sentir idiote devant un roman, je pense.
RépondreSupprimerJe suis en train de le lire. Ouille, ouille, ouille, je m'ennuie ferme. La seule personne avec laquelle je peux en discuter dans mon entourage est une de mes élèves qui adore pratiquer l'analyse stylistique.
RépondreSupprimerC'est vrai, ce n'est pas un livre facile. Il fait une centaine de pages et pourtant il est plus long à lire que certains livres qui en font le double. Parce que le style d'Herta Müller n'est pas évident. Très poétique, avec des phrases très courtes, comme de la prose sans en être véritablement. Le récit est décousu au premier abord, le fil est difficile à suivre.
RépondreSupprimerOn s'accroche à l'envie de Windisch et de sa famille de partir qui nous permet de suivre l'histoire.
Pourtant j'ai bien aimé ce livre, le style auquel il fait s'habituer me plaît, la description décapante, acérée d'une Roumanie salie par la dictature de Ceausescu, la critique de ce régime totalitaire, de la misogynie, le désespoir de Windisch, les métaphores du temps qui passe, cette famille rongée par le malheur et la nécessité.
Il faut pour lire ce livre, passer au-dessus des ambiguïtés, des non-sens, des métaphores un peu trop lointaines. Il faut se concentrer sur l'impression, les sensations, même si connaitre l'imaginaire roumain avec la chouette, le pommier brûlé permet une meilleure compréhension.
Et finalement l'homme est-il bel et bien "un grand faisan sur terre", fort ? Ou n'est-il pas une proie du Destin ? Une créature que l'on abat d'un coup de fusil ?