26 septembre 2010

Le maître a de plus en plus d'humour - Mo Yan


Publié en 1999, "Le maître a de plus en plus d'humour" est un court roman signé Mo Yan, écrivain chinois dont l'oeuvre se compose de pas moins de 80 romans, nouvelles et essais tels que "Beaux seins, belles fesses" ou encore "La dure loi du Karma" paru l'an dernier.

A un mois seulement de la retraite, Ding Shikou dit "Le maître" se fait licencier de l'usine de fabrication de machines agricoles après 43 ans de bons et loyaux services.
D'autres employés suivent. Bien que la direction remercie Ding Shikou pour son dévouement et la constante rigueur apportée dans son travail, le désignant aux employés restants comme étant l'exemple à suivre, elle se montre complètement indifférente à son sort.
Alors que la plupart des employés éconduits rebondissent sur leurs pattes, Ding Shikou voit ses économies partir en fumée et se met en tête de trouver une idée qui lui permettrait de gagner sa vie.
Une caravane abandonnée tombe alors à point nommé...

Voici un personnage attachant que ce vieux monsieur frappé par la honte de se retrouver démuni alors qu'en toute logique, ce serait plutôt son ancien employeur qui devrait rougir de la situation dans laquelle il le place.
A travers le parcours de ce personnage naïf affublé d'une conscience, confronté à cette figure déshumanisée qu'est l'entreprise pour laquelle le rendement se veut la préoccupation majeure, Mo Yan dépeint une société individualiste dans laquelle chacun est laissé à son propre sort et où la débrouillardise côtoie la tentation de l'argent facile.
Le lecteur se prend de tendresse pour ce vieil homme qui loin de s'apitoyer sur son sort, reste digne et rebondit comme il peut, non sans éprouver de scrupules quant à cette nouvelle activité qui se veut plutôt cocasse pour un homme de son âge (et c'est bien en cela et non dans ses propos que le maître a de plus en plus d'humour).

" - Un homme qui ne peut pas gagner d'argent pour sa famille, c'est comme une femme qui ne peut pas avoir d'enfants, impossible de garder la tête haute devant les autres !

- Vous avez bien raison, maître.

- Donc je vais entreprendre quelque chose.

- A mon avis, c'est possible.

- Mais les rues sont remplies d'ouvriers au chômage et il y a en plus tellement d'ouvriers flottants! Ce qu'il est possible de faire, on dirait qu'il y a déjà quelqu'un qui le fait.

- C'est bien la réalité.

- Xiaohu, le ciel ne nous laisse jamais sans ressources, pas vrai?

- Maître, c'est une citation de Confucius, alors c'est la vérité, bien sûr !

- Ton maître a trouvé aujourd'hui un moyen de s'enrichir, mais il ne sait pas si il doit le faire...

- A part tuer, incendier, détrousser les gens, maître, je pense que tout est faisable.

- Oui, mais cette chose...j'ai l'impression que c'est un peu un crime..." p.51

Un petit conte sans prétention teinté d'une jolie leçon d'humanité dont l'écriture m'a fait penser à du Schmitt ou encore à "La petite fille de Monsieur Linh" de Claudel, rien de véritablement transcendant mais de temps en temps, c'est le genre de lecture qui fait tout simplement du bien.

17 commentaires:

  1. Une lecture à réserver pour un petit coup de blues.

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  2. rien que l'évocation de Schmitt et de Claudel est pour moi le gage que je peux aimer!
    je note!
    merci Cynthia :)

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  3. J'aime beaucoup ton honnete sur la fin. Je le note, la geographie de ce livre m'interesse.

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  4. Je note sans hésiter: je sens que je vais aimer!

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  5. Si c'est un electure qui fait du bien, pourquoi s'en priver ?

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  6. Je choisis Claudel alors, moins exotique... la Chine, c'est loin...

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  7. Je note! Comme Mango, c'est le genre de lecture qui peut me plaire!

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  8. Tu me donnes envie de lire ce roman. Décidément, la littérature asiatique m'attire de plus en plus ! ;-)

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  9. je viens de terminer le Volodine..très spécial..je suis curieuse de lire ton billet sur ce bouquin

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  10. @Alex : oui mais attention, ce n'est toutefois pas un livre qui verse dans les bons sentiments. Disons plutôt que ce sont l'attitude et les scrupules de ce vieux bonhomme en contraste avec l'individualisme ambiant qui donnent à sourire.

    @Lasardine : dans ce cas :)

    @Anneso : bonne lecture ;)

    @L'Ogresse : l'histoire de ce roman aurait pu prendre place dans une toute autre région du monde, elle n'est pas vraiment spécifique à la Chine.

    @Mango : je lirai avec plaisir ton avis !

    @Clara : c'est bien vrai !

    @Ys : héhé, oui je sais que tu n'es pas fan de littérature asiatique ;)

    @Marie-L : bonne lecture alors !

    @Marie : j'ai pu le constater sur ton blog^^ Tu devrais proposer des lectures communes à Choco ;)

    @Sarawasti : oui...hum...spécial effectivement...Mon billet paraîtra ce soir :)

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  11. un petit roman gentillet en effet qui ne vaut pas un de ces meilleurs romans : beaux seins, belles fesses !

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  12. @Choco : chouette titre en tout cas ^^

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  13. Une lecture à la Claudel ? noté alors, de temps en temps c'est agréable !

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  14. Moi, c'est "La dure loi du karma" qui m'attire mais son épaisseur me freine.

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